La France pourrait vendre deux frégates à la Grèce… à condition de trouver un accord sur le financement

En 2008, Naval Group [ex-DCNS] était sur le pont pour tenter de vendre à la Grèce une version dérivée de la Frégate multimissions [FREMM], étant donné que, à l’époque, la marine grecque envisageait d’acquérir six nouveaux navires pour remplacer ceux de la classe Elli, acquis d’occasion auprès des Pays-Bas.

Puis vint la crise de la dette publique, avec ses lourdes conséquences économiques et sociales pour le pays [taux de chômage à 27%, croissance en recul de plus de 9%n etc]. Et, dans ces conditions, Athènes renvoya la modernisation de sa marine aux calendres… grecques.

Après avoir réduit ses dépenses publiques et adopté pas moins de 450 mesures [demandées par ses créanciers, dont l’UE et le FMI] afin de réformer sa fiscalité, son système bancaire ou bien encore son système social, la Grêce commence à sortir la tête de l’eau, avec une croissance repartie à la hausse et un taux de chômage tombé à 18%. Et, récemment, elle a fait part de son intention de rembourser par anticipation ses prêts contractés auprès du FMI. Reste que sa dette publique reste encore à un niveau très élevé, puisqu’elle représente 180% de son PIB.

Pour autant, malgré ses années difficiles, la Grèce a maintenu un effort de défense supérieur à 2% du PIB. Mais ce dernier s’étant réduit, le budget militaire grec a mécaniquement diminué. Toujours est-il que l’achat de nouvelles frégates est revenu au premier plan, notamment en raison des tensions avec la Turquie en mer Égée.

En 2018, l’hypothèse FREMM fut relancée après un malentendu entre Athènes et Paris, le ministre-adjoint grec de la Défense [qui était alors Fotis Kouvelis] ayant assuré qu’un accord avait été trouvé avec la partie française pour un achat en leasing de deux navires de ce type.

« Cette nouvelle […] n’est pas d’actualité, même si bien sûr nous sommes à la disposition de nos amis grecs pour continuer à travailler de manière encore plus étroite », démentit Florence Parly, la ministre française des Armées.

Et, désormais, et compte-tenu de la marge de manoeuvre financière de la Grèce [par ailleurs obérée par la modernisation de 85 de ses F-16 en les portant au standard Block 70 « Viper »], Paris a proposé à Athènes deux frégates de défense et d’intervetion [FDI, ex-FTI], appelée « Belharra ». Mais encore faut-il, pour que cette affaire soit conclue, régler la question du financement.

Depuis cet été, la presse grecque a régulièrement évoqué ce dossier. Ainsi, après une visite en France du nouveau Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, Hellas Journal a assuré que « deux institutions françaises de crédit » avaient été approchées pour un éventuel prêt destiné à financer l’acquisition de ces deux frégates Belharra. De son côté, le quotidien To Vima a affirmé qu’un accord était à portée de main, grâce au « rôle décisif de Bruno Le Maire », le ministre français de l’Économie.

Mais, visiblement, il reste encore des questions à régler. En tout cas, la Grèce est bien décidée à acquérir au moins deux Frégates de défense et d’intervention. C’est en effet ce qu’a confirmé, cette semaine, Nikos Panagiotopoulos, le ministre grec de la Défense au Parlement.

Puis, dans un entretien donné au quotidien Ekathimerini, M. Panagiotopoulos a tempéré les annonces parues dans la presse. « En ce qui concerne l’acquisition de frégates françaises, les discussions en sont encore leurs débuts. Nous n’avons qu’un accord entre le président Macron et le Premier ministre Mitostakis sur le fait que la France veut vendre et que la Grèce veut acheter. Il este cependant beaucoup à faire sur le plan technique mais aussi sur le plan financier », a-t-il expliqué.

Et d’ajouter : « Quoi qu’il en soit, même si la discussion se poursuit et que tout se passe bien à tous les niveaux, la Grèce ne recevra se première frégate qu’en 2024. Entre-temps, nous devons nous assurer que notre marine est pleinement opérationnnelle ».

Pour rappel, dotée d’un radar Sea Fire 500, premier radar à quatre antennes planes fixes entièrement numérique ainsi que d’un sonar de coque, affichant 4.000 tonnes en déplacement, la Belharra est une frégate à étranve inverseée armée de deux lanceurs de 8 missiles Aster 30, d’une tourelle de 76 mm, de torpilles MU-90 et de missiles anti-surface Exocet. Pour le moment, il n’est pas prévu de la doter de missiles de croisière navals [MdCN]. Or, ce serait une exigence exprimée par l’état-major grec… Et qui intéresse la Marine nationale.

Selon La Tribune, Paris entend proposer à Athènes un « contrat de partenariat gouvernemental » [CPG], comme celui qui a été signé par Bruxelles pour l’achat de blindés SCORPION au titre du programme CAMO. Sans doute que cette proposition sera au menu de la visite, en octobre, de M. Panagiotopoulos en France.

Par ailleurs, un autre sujet susceptible d’être abordé sera celui de la modernisation des Mirage 2000 de la Force aérienne grecque, qui, aux dires du ministre, « améliorent considérablement nos capacités en mer Égée. »

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