L’armée de Terre sera bientôt dotée de robots légers de reconnaissance via un processus d’acquisition innovant

Le 26 août, la Direction générale de l’armement a notifié au groupe Nexter, associé à ECA Group, une commande de 56 robots légers de type NERVA et CAMELON-LG. L’annonce vient d’en être faite par le ministère des Armées.

Cette commande a été passée dans le cadre de la feuille de route du programme SCORPION, qui vise à moderniser les capacités de l’armée de Terre, avec la mise en service de nouveaux blindés et des moyens de combat collaboratif.

Dans un premier temps, ces mini-robots seront testés par la DGA, avant d’être remis à l’armée de Terre [STAT]. « Cette commande est le fruit d’une réflexion innovante entre armées et industriels qui ont travaillé de manière concertée, sans barrières ni rigidité », s’est félicité le ministère des Armées.

La transformation de la DGA, lancée en juillet 2018 par la Florence Parly, la ministre des Armées, insistait sur la logique de travail en plateau, aux dépens de celle en « silo ». En clair, il fallait « décloisonner » le travail entre la DGA et les états-majors, afin de réduire les délais et faciliter le processus de qualification et de mise en service des matériels. Et cela, dans un souci de « renforcer la cohérence capacitaire. »

« Le besoin exprimé a été volontairement spécifié de manière assez ouverte pour laisser toute sa place à l’offre industrielle et limiter les risques de sur-spécification ou d’impasses. Des échanges nourris entre la DGA, les industriels et l’armée de Terre réunis en plateau-projet ont garanti une compréhension optimale du besoin », a ainsi expliqué le ministère des Armées.

Par la suite, les évaluations des robots proposés par les industriels ont été réalisées conjointement par la DGA Techniques terrestres, la Section technique de l’armée de Terre [STAT] et la Structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres [SIMMT]. Ce qui a donc permis de garantir « la cohérence et l’efficacité de bout en bout de la procédure, afin de satisfaire rapidement le besoin opérationnel ».

Quant aux robots commandés par la DGA, il s’agit de machines « télé-opérées » et pouvant être dotés de « différents modules les rendant adaptables à plusieurs types de mission ». A priori, ils seront destinés aux unités d’infanterie et du génie afin de leur permettre de « collecter ponctuellement du renseignement de contact tout en restant à distance. »

Trois modèles, tous dotés de caméras jour/nuit et de microphones, ont donc été retenus. Le plus léger est le NERVA-S de Nexter. D’une masse de seulement 3 kg, qui plus est très robuste [il peut être « lancé » par-dessus un obstacle], il est dédié à la reconnaissance.

Plus lourd de 2 kg, le NERVA-LG dipose de quatre caméras panoramiques [dont une HD]. D’une autonomie de 2 heures, il a besoin d’une petite heure pour recharger ses batteries. Pouvant rouler à la vitesse maximale de 13 km/h, ce robot est en mesre d’être doté de « kits additionnels permettant de réaliser de la cartographie ou de l’observation améliorée à des distances plus importantes. »

Enfin, le CAMELEON-LG/NERVA-XX, présenté par ECA en février dernier, affiche une masse de 12 kg [ou de 15 kg avec une charge utile]. Il est possible de l’équiper d’un bras manipulateur, d’une capacité de levage de 4,5 kg, ou de capteurs de différents types [télémètre laser, capteur radiologique, capteur chimique, caméra thermique, etc]. Selon son concepteur, son rayon d’action est de 500 mètres et il peut « monter des pentes de 45 degrés. » A priori, il est destiné aux sapeurs.

Le CAMELEON-LG et le NERVA-LG ont en outre la capacité de revenir à leur point de départ ou d’effectuer des rondes de surveillance en en étant autonomes [à la condition que les trajectoires soit programmées à l’avance]. En outre, les trois robots sont évolutifs, c’est à dire qu’ils ont été conçus de manière à intégrer, à l’avenir, de nouvelles technologies [intelligence artificielle, notamment].

« Peu encombrants, discrets et résistants au brouillage, ces robots seront mis en œuvre par un seul combattant débarqué, de manière simple et rapide. Ils peuvent travailler en réseau et disposent de deux modes de communication, hertzien et filaire », explique le ministère des Armées.

« Nexter a été retenu pour les performances de ses robots, leur maturité éprouvée sur le terrain et bénéficiant déjà de retours opérationnels, leur robustesse et leur fiabilité », s’est félicité le groupe français spécialiste de l’armement terrestre. Et « l’accent a été mis sur l’aspect SSI, afin de garantir que ces robots, couplés au système SCORPION, ne seront pas une brèche pour de potentielles cyber-attaques », a-t-il précisé.

Toujours selon la même source, la livraison des robots NERVA s’échelonnera entre « T0 + 3 mois et T0 + 12 mois », afin de « répondre au plus vite au besoin des utilisateurs et démontrer l’apport opérationnel de la robotique et la simplicité de son intégration dans les forces, notamment au travers de SCORPION

Cela étant, ces robots ne seront pas les premiers à être mis en oeuvre par l’armée de Terre. Par le passé, cette dernière a utilisé les robots COBRA Mk2 [d’ECA Group] en Afghanistan et au Mali. Plus récemment [janvier 2018], la DGA a commandé des modèles Iguana-E [toujours auprès d’ECA Group] au titre du marché « SMINEX » [Systèmes Mobiles d’Intervention pour les EOD – explosive ordnance disposal – et NEDEX – neutralisation, enlèvement, destruction des explosifs].

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