Babcock et Thales ont été retenus par Londres pour livrer cinq frégates de type 31e à la Royal Navy
Alors que le débat sur le format de la Royal Navy a été relancé après les dernières péripéties survenues dans le détroit d’Ormuz, Londres a annoncé, ce 12 septembre, avoir retenu l’offre du groupement emmené par Babcock International pour le programme de frégates de Type 31e.
Pour rappel, et dans le cadre d’une « stratégie nationale de construction navale », le ministère britannique de la Défense [MoD] a fait exactement le même calcul de son homologue français, lequel a décidé, en 2017, de réduire sa commande de frégates multimissions [FREMM] au profit de cinq Frégates de défense et d’intervention [FDI, ex-FTI], moins coûteuses et plus faciles à exporter.
Après une procédure suspendue en juillet 2018, trois offres étaient en concurrence.
Comme le MoD craignait qu’il pût se trouver en situation de monopole le domaine de la construction navale, BAE Systems s’était allié à Cammell Laird pour proposer la frégate « Leander », c’est à dire une évolution de la corvette de type Khareef, livrée par le groupe britannique à la marine du sultanat d’Oman.
De son côté, la filiale britannique d’Atlas Electronik s’était associée à l’allemand Thyssenkrup Marine Systems pour soumettre un navire dérivé de la frégate Meko A-200.
L’offre de Babcock, Thales et du groupe BMT a donc réuni les suffrages. Cette dernière repose sur la frégate « Arrowhead 140 », laquelle s’inspire de celles de la classe danoise « Iver Huitfeld ».
Les contraintes de prix [1,250 milliard de livres sterling pour cinq navires contre 8 milliards pour 8 frégates de Type 26 ndlr] ont conduit les concurrents à s’appuyer sur des modèles de frégate existants ainsi que sur des équipements éprouvés mais évolutifs. Outre-Manche, certains ont ironisé en parlant de « frégates Lidl ».
« La compétition a été dure et nous sommes absolument ravis qu’Arrowhead 140 ait été reconnue pour offrir la meilleure solution de conception, de construction et de livraison pour les frégates de type 31 de la Royal Navy », s’est félicité Archie Bethel, le Pdg de Babcock.
« Poussé par l’innovation, appuyé par l’expérience et l’héritage, la frégate Arrowhead 140 est un navire de guerre moderne qui répondra aux menaces maritimes d’aujourd’hui et de demain, avec l’ingéniosité et l’ingénierie britanniques au cœur. Elle est une plate-forme flexible et adaptable qui optimise les ressources et soutient la stratégie de construction navale nationale du Royaume-Uni », a-t-il ajouté.
Affichant un déplacement de [2.000] 5.700 tonnes, la frégate Arrowhead 140 [.pdf] sera équipée par Thales UK, qui fournira notamment le système de gestion de combat TACTICOS, les radars et les sonars.
« Capable de répondre aux besoins opérationnels allant de la lutte anti-sous-marine à la lutte anti-surface, en passant par la guerre électronique et la lutte anti-aérienne, l’Arrowhead 140 repose sur des systèmes et équipements éprouvés et disponibles dans sur le marché, permettant des améliorations rapides et abordables », fait valoir Babcock.
Le programme de frégates de Type 31e [e pour export] vise plusieurs objectifs. En premier lieu, il doit permettre de soutenir le secteur de la construction navale britannique, affecté par les difficultés de plusieurs chantiers, comme le nord-irlandais Harland and Wolff [qui construisit le Titanic, ndlr]. Et donc de créer des emplois hautement qualifiés et non-délocalisables. Ensuite, il s’agira de gagner le pari de l’exportation, avec l’espoir que des commandes étrangères feront baisser les coûts, ce qui pourrait inciter la Royal Navy à commander des unités supplémentaires pour renforcer sa flotte de surface [à condition qu’elle trouve des marins… mais c’est une autre histoire].
Désormais, Babcock va mener des négociations exclusives avec le gouvernement britannique, afin de signer un contrat d’ici la fin de cette année. Il est question de livrer la première frégate en 2023.
