Ex-ministre des Armées, Sylvie Goulard appelée à s’occuper de la défense au sein de la Commission européenne

Le 10 septembre, Ursula von der Leyen, qui prendra la présidence de la Commission européenne à compter du 1er novembre prochain, a dévoilé l’équipe avec laquelle elle entend assumer ses nouvelles fonctions.

Sur les 26 postes, huit seront occupés par des commissaires déjà en poste sous l’ère de Jean-Claude Juncker, le président sortant. Voire neuf si l’on compte Margaritis Schinas [Grèce], qui nommé commissaire à la « Protection du mode de vie européen », était jusqu’alors le porte-parole de la Commission.

Parmi les commissaires nommés par Mme von der Leyen, la française Sylvie Goulard devrait être chargée de la politique industrielle. À ce titre, elle aura à gérer les marchés publics ainsi que le Fonds européens pour la Défense [FEDef], qui, doté de 13 milliards d’euros pour la période 2021-27, remplacera l’actuel Programme européen de développement de l’industrie de Défense [PEDID]. En outre, elle sera également responsable de la politique spatiale, pour laquelle une direction générale sera créée.

Pour rappel, le FEDef doit permettre d’inciter les États membres à coopérer davantage en matière de défense, l’objectif étant de limiter autant que possible la redondance des programmes militaires au sein de l’UE tout en renforçant l’autonomie stratégique européenne. Un projet est éligible à un tel financement s’il réunit au moins trois entreprises issues de trois pays de l’UE différents.

D’après l’AFP, qui cite un responsable européen, le titre de commissaire à la Défense n’a finalement pas été retenu pour ne pas « agiter un chiffre rouge devant les yeux des Américains. »

Quoi qu’il en soit, éphémère ministre des Armées entre mai et juin 2017, Mme Goulard devrait donc s’occuper à nouveau de dossiers relevant du domaine de la défense. Le conditionnel est de mise car il lui faudra passer un oral devant les députés européens en vue de sa confirmation au poste de commissaire au Marché intérieur.

Or, ce n’est pas gagné d’avance. Ayant démissionné de ses fonctions de ministre des Armées à cause de l’affaire des assistants parlementaires du Modem au Parlement européen, Mme Goulard a été entendue, le 10 septembre, sous le régime de l’audition libre dans le cadre d’une information judiciaire. L’Office européen de lutte antifraude [Olaf], une structure indépendante, a également ouvert une enquête.

Ayant actuellement sous-gouverneure à la Banque de France, Mme Goulard a d’ores et déjà accepté de rembourser 45.000 euros aux services financiers du Parlement européen, lequel a clos son dossier.

En outre, Mme Goulard devra probablement s’expliquer sur un point de son CV que certains eurodéputés estiment litigieux, même s’il n’a rien d’illégal. Durant son mandat parlementaire, entre 2014 et 2017, l’ex-ministre française a travaillé pour l’institut américain Berggruen, pour 10.000 euros par mois. « Je trouve indécent de prendre des rémunérations pareilles pour un travail dont on se demande la nature quand on est payé à plein temps par les citoyens européens pour être député », a dénoncé, auprès de l’AFP, Philippe Lamberts, co-président du groupe écologiste au Parlement.

Cela étant, Mme Goulard s’est pas la seule à s’attendre à une audition difficile. Nommée commissaire aux Transports, la roumaine Rovana Plumb avait été accusée, en 2017, d’avoir influencé une décision gouvernementale au profit d’une compagnie proche de Liviu Dragnea, chef Parti social-démocrate et emprisonné pour abus de pouvoir.

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