Le Premier ministre israélien accuse à nouveau l’Iran d’avoir mené des activités nucléaires sur un site secret

Signataire du Traité de non-prolifération [TNP], l’Iran a toujours assuré vouloir utiliser la technologie nucléaire à des fins civiles. Cependant, plusieurs faits troublants font douter de cette affirmation, comme ceux soulignés dans un rapport publié en novembre 2011 par l’Agence internationale à l’énergie atomique.

Le document avait en effet évoqué des efforts pour développer des détonateurs EBW [Exploding Bridgewire], des expériences sur des charges hémisphériques susceptibles d’être adaptées sur des têtes de missiles balistiques ou encore des rapports de Téhéran avec avec le réseau du docteur A.Q Kahn, le père de la bombe nucléaire pakistanaise.

En outre, Téhéran a cherché à dissimuler ses capacités d’enrichissement d’uranium. En effet, en 2009, il fut mis devant le fait accompli et dut reconnaître l’existence d’un site secret dédié à cette fin, situé à Fordow, près de la ville de Qom, alors, quelques mois plus tôt, l’AIEA avait estimé que l’Iran avait « suffisamment d’uranium faiblement enrichi pour fabriquer, s’il le souhaite, de la matière fissile pour une arme nucléaire. »

Cela étant, en juillet 2015, l’Iran signa l’accord de Vienne avec le groupe 5+1 [les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies et l’Allemagne]. Accord qui prévoyait un contrôle ainsi qu’une réduction des activités nucléaires iraniennes en échange d’une levée des sanctions internationales.

Seulement, en mai 2018, le président américain, Donald Trump, retira la signature des États-Unis de cet accord et relancé les sanctions économiques contre l’Iran, qui, selon l’AIEA, respectait pourtant ses engagements.

« Aucune action prise par le régime [iranien] n’a été plus dangereuse que la recherche nucléaire et ses moyens d’utiliser l’arme nucléaire. Cet accord devait protéger les États-Unis et ses alliés de l’arme nucléaire iranienne. Il a permis à l’Iran de continuer à enrichir l’uranium, et de ne pas avoir de sanctions économiques. Il n’a pas permis de limiter les autres activités de l’Iran dans d’autres parties du monde. Cet accord désastreux a permis de donner au régime terroriste des milliards de dollars en cash », avait expliqué le chef de la Maison Blanche, à l’époque.

Peu avant l’annonce de la décision de M. Trump, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait produit des « preuves » sur la dimension militaire du programme nucléaire iranien. Preuves subtilisées par le Mossad à Téhéran… Et, selon lui, si l’Iran avait pu mentir par le passé, il pouvait également le faire après la signature de l’accord de Vienne.

Ce dernier « repose sur sur les mensonges iraniens » et l’Iran « manque à ses obligations en ne disant pas la vérité ur ses activités passées », fit valoir M. Netanyahu. « Même après l’accord (de 2015), l’Iran a conservé et a continué à développer son savoir-faire nucléaire militaire pour un usage ultérieur », avait-il insisté.

Depuis, le Premier ministre israélien « feuilletonne » ses révélations sur le programme nucléaire iranien, au gré des circonstances politiques. En septembre 2018, à la tribune des Nations unies, il révéla l’existence d’un entrepôt nucléaire « secret » implanté à Turquzabab, près de Téhéran. Et il mit au défi le directeur de l’AIEA d »inspecter immédiatement ce site avant que les Iraniens ne le vident ». Et d’ajouter : « Vous aviez promis que les inspections pourraient avoir lieu partout, à n’importe quel moment. Alors pourquoi pas une inspection à cet endroit, immédiatement? »

Selon Reuters, qui cite deux diplomates au courant des inspections de l’AIEA, des traces d’uranium auraient été découvertes dans les échantillons prélevés en avril sur le site désigné par M. Netanyahu. D’après l’une des sources sollicitées par l’agence de presse, il s’agirait d’uranium faiblement enrichi. « Il y a beaucoup d’explications possibles. Mais comme l’Iran n’en a pas fourni à l’AIEA, l’origine des particules découvertes est difficile à établir. On ignore notamment si elles proviennent de matériaux ou d’activités antérieurs ou postérieurs à l’accord de 2015 », a-t-elle expliqué.

« Je sais que le problème est en train d’être traité par l’AIEA. Je n’ai pas l’intention d’en parler aujourd’hui. Il est fort possible que j’aie quelque chose à dire à ce sujet demain », a commenté M. Netanyahu, le 8 septembre.

Et effectivement, il a tenu parole. Lors d’une conférence de presse donnée le lendemain, [et à quelques jours de nouvelles élections législatives], le Premier ministre israélien a révélé l’existence d’un autre site iranien « secret », qu’il a présenté comme servant au « développement d’armes nucléaires ». Selon lui, il serait implanté à Abadeh, au sud d’Ispahan. Ou du moins, il l’était.

« Sur ce site, l’Iran a mené des expériences afin de développer des armes nucléaires […] mais lorsqu’il a réalisé que nous l’avions découvert, voici ce qu’ils ont fait: ils l’ont détruit, ils l’ont simplement rayé de la carte », a accusé M. Netanyahu, expliquant que cette « découverte » provenait les milliers de documents iraniens dérobés par le Mossad à Téhéran un an plus tôt.

« J’appelle la communauté internationale à se réveiller […] et à se joindre à Israël et au président des États-Unis Trump pour faire pression sur l’Iran », a lancé le chef du gouvernement israélien. « La politique qui s’impose est la pression, la pression, et encore plus de pression », a-t-il continué. « Israël sait ce que vous faites, Israël sait quand vous le faites et Israël sait où vous le faites », a-t-il lancé à l’adresse des responsables iraniens.

Reste que ce « feuilletonnage » agace les adversaires politiques de M. Netanyahu, ces derniers l’accusant d’utiliser « renseignements pour faire sa propagande électorale. » Figure du parti « Bleu-Blanc », au coude-à-coude dans les sondages avec le Likoud, Yaïr Lapid a estimé que « le nucléaire iranien ne pouvait pas être utilisé pour des manoeuvres de campagne ».

Cela étant, le site désigné par M. Netanyahu ne serait pas le seul à avoir servi pour mettre au point une arme nucléaire. Par le passé, celui de Parchin fut soupçonné d’avoir abrité des expériences de détonique. Et Téhéran refusa pendant longtemps son accès à l’AIEA. Le temps, sans doute, d’y faire le « ménage ». Mais ce dernier n’aura pas permis d’effacer toutes les traces. En 2015, les inspecteurs y trouvèrent des traces d’uranium, suggérant ainsi qu’une « gamme d’activités pertinentes pour le développement d’un dispositif nucléaire fut menée en Iran avant la fin de l’année 2003 et que certaines activités eurent lieu après 2003. »

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