Décès de l’amiral Bernard Louzeau, ancien chef d’état-major de la Marine et premier « pacha » d’un SNLE français

C’est une figure de la Marine française qui vient de nous quitter : l’amiral Bernard Louzeau s’est éteint à l’âge de 89 ans, ce 6 septembre, à Cherbourg.

Né le 19 novembre 1929 à Talence [Gironde], Bernard Louzeau est admis à l’École navale peu avant ses 18 ans, après avoir effectué ses études secondaires à l’Institution Notre-Dame de Sainte-Croix à Neuilly-sur Seine et suivi une préparation au lycée Saint-Louis à Paris.

Enseigne de vaisseau, il prend part à la guerre d’Indochine à bord de l’aviso Annamite. Puis, en 1951, il est nommé commandant du LCM 49 [Landing Craft Mechanized] de la 258ème Section d’engins d’assaut. Sa carrière va prendre un tournant en décembre 1952, quand il affecté à bord du sous-marin l’Africaine [classe Aurore].

Promu lieutenant de vaisseau en 1954, le jeune officier obtient Certificat d’aptitude à la navigation sous-marine. La même année, il est désigné pour servir à bord du sous-marin Narval, alors récemment en mis en service, en qualité d’officier ASM, puis d’officier en second. Puis il devient le « pacha » du Laubie, un ex-U-boot allemand récupéré par la marine française.

Après cet épisode, l’officier suit les cours de l’École d’application militaire de l’énergie atomique. Il y décroche son brevet d’officier atomicien et un diplôme d’ingénieur en génie atomique. Après cette période studieuse, il renoue, pendant un an, avec la vie opérationnelle en prenant le commandement le Dauphin, un sous-marin qu’il connaît bien puisqu’il fait partie de la classe Narval. En 1963, il est admis à l’École supérieure de guerre navale, avant de rejoindre la Direction du Personnel comme secrétaire du Comité du personnel des sous-marins.

Deux ans plus tard, ses compétences d’atomiciens le désignent pour suivre le chantier du premier sous-marin nucléaire lanceur d’engins [SNLE] français : Le Redoutable, doté de 16 missiles mer-sol balistiques. Il en prend d’ailleurs le commandement en 1968, ce qui lui permet d’en assurer les essais en mer.

Et c’est à lui qu’il reviendra, le 28 janvier 1972, d’assurer la direction de la première patrouille opérationnelle d’un SNLE de la Force océanique stratégique [FOST]. Depuis, plus de 500 ont été assurées par cette dernière…

Lors de cette première patrouille, « ponctuée de lancements fictifs » le pacha du Retoutable racontera avoir été aux premières loges d’une opération de sauvetage soviétique, dans l’Atlantique-Nord : le 24 février, le sous-marin K-19, surnommé le « maudit », avait été victime d’un incendie à bord, qui fit 30 tués parmi l’équipage. « L’armée soviétique avait alors dépêché une flotte importante [dont le porte-hélicoptères Leningrad, ndlr] et les Américains venaient ‘renifler’. J’ai dû habilement manoeuvrer pour ne pas me retrouver au milieu de tout ça », confiera l’amiral Louzeau [.pdf].

Après une année passée au Bureau Études à long terme de l’État-major de la marine et une affectation à l’état-major particulier des président Pompidou et Giscard d’Estaing, Bernard Louzeau retrouve un commandement opérationnel… mais à bord d’un navire de surface, en l’occurrence la frégate Suffren.

Puis il enchaînera les affectations en état-major, suivant le parcours classique pour exercer les plus hautes fonctions [Centre des hautes études militaires, IHEDN, etc]. Promu vice-amiral, il prend ensuite le commandement de l’escadre de la Méditerranée, puis celui de la FOST. Nommé Major général de l’État-major des Armées en 1985, il devient chef d’état-major de la Marine nationale deux ans plus tard. Poste qu’il occupera jusqu’en novembre 1990.

En avril dernier, l’amiral Louzeau pu inaugurer une salle de cours portant son nom, au sein de l’École des applications militaires de l’énergie atomique [EAMEA].

L’amiral Louzeau était Grand Croix de la Légion d’Honneur, Grand-croix de l’Ordre National du Mérite et Commandeur du Mérite Maritime. Il était également titualaire de la Croix de guere T.O.E, avec 3 citations.

Sources : Cols Bleus, Espace traditions de l’École navale

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]