Mme Parly a évoqué des « pistes de coopération possibles » avec le ministre russe de la Défense

Via un communiqué publié le 3 septembre, la ministre des Armées, Florence Parly, a indiqué avoir eu un entretien téléphonique avec son homologue russe, Sergueï Choïgou. Et de préciser que, à cette occasion, elle a évoqué « les problématiques de maîtrise des armements ainsi que la situation dans les zones de crise : Ukraine, Levant, Golfe, République centrafricaine. »

En outre, selon le même communqué, les deux ministres ont « étudié des pistes de coopération possibles sur lesquelles ils reviendront » à l’occasion de la visite que doivent faire Mme Parly et Jean-Yves Le Drian, le chef de la diplomatie française, à Moscou, les 8 et 9 septembre. Ces questions seront à l’ordre du jour du « comité franco-russe de coordination sur les questions de sécurité », ajoute le texte.

Ce dialogue franco-russe a pris un tour nouveau depuis que le président Macron a dit souhaiter explorer « les voies d’un rapprochement » avec Moscou tout en y « posant nos conditions ». Car, pour le chef de l’Élysée, pousser la Russie « loin de l’Europe » [et donc vers la Chine] serait « une profonde erreur ».

Pour autant, les sujets de discorde ne manquent pas entre Paris et Moscou, comme par exemple en République centrafricaine, voire au Mali, où la Russie pousse ses pions, en s’appuyant sur le Groupe des Patriotes du Mali. Le dossier syrien constitue un autre point de désaccord, de même que l’Ukraine ou encore les ingérences russes. C’est d’ailleurs ce qu’a rappelé M. Le Drian devant la presse diplomatique, le 3 septembre.

« On a un paquet d’éléments qui nous amène à avoir une défiance vis-à-vis de la Russie », a dit le ministre. « Mais se maintenir dans ce statu quo de défiance n’apporte rien à personne », a-t-il ajouté, selon l’AFP. D’autant plus que la fin du Traité sur les Forces nucléaires intermédiaires [FNI] et l’incertitude concernant l’avenir du Traité de contrôle des armements nucléaires stratégiques [START] au-delà de 2021 exigent, selon lui, un dialogue avec Moscou.

Au passage, s’agissant du traité FNI, à l’instar de ses homologues de l’Otan, M. Le Drian avait accusé Moscou de l’avoir violé. « Par sa violation du traité FNI et son absence de réponse à nos demandes répétées de clarification, la Russie menace directement la sécurité transatlantique et la stabilité stratégique », avait-il en effet déclaré, en décembre 2018.

Quoi qu’il en soit, le START, qui concerne uniquement les arsenaux nucléaires américains et russes, comme l’ex-Traité FNI, ne sera « vraisemblablement pas reconduit », a estimé M. Le Drian. « Nous allons être à partir de 2021 en absence de régulation sur les armements stratégiques entre la Russie et les États-Unis », a-t-il continué. Aussi, « l’Europe sera nue d’une certaine manière par rapport à ces deux puissances nucléaires […] sans compter la montée en puissance de la Chine d’une manière qualitative et quantitative », a-t-il fait valoir.

Cela étant, il ne s’agit pas, pour la diplomatie française, d’être dupe et de faire preuve de naïveté. Le dialogue avec Moscou sera « donnant-donnant », a dit M. Le Drian. « Nous ne renonçons pas à quoi que ce soit », des droits de l’Homme à la place de l’Union européenne que Moscou devra aussi « prendre en compte dans toutes ses dimensions », a-t-il expliqué.

Enfin, reste à voir ce que seront les « pistes de coopération possibles » évoquées dans le communiqué de Mme Parly. Avant la dégradation des relations entre Paris et Moscou, suite à l’annexion de la Crimée, des « interactions » avaient eu lieu entre les forces françaises et russes. Comme en août 2013, quand trois Mirage F1CR de l’escadron 2/33 « Savoie » participèrent à des manoeuvres aériennes en Russie.

Un an plus tôt, convié au 70e anniversaire du Régiment de chasse 2/30 Normandie-Niémen, le général Victor Bondarev, alors chef des forces aérospatiales russes, avait dit souhaiter voir de tels exercices s’ancrer « dans les traditions de nos forces aériennes » et « multiplier les échanges d’officiers entre les deux pays. »

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