L’Allemagne va contribuer à la formation des forces spéciales nigériennes

En juin dernier, la ministre des Armées, Florence Parly, avait appelé les Européens à engager leurs forces spéciales au Sahel, aux côtés de leurs homologues françaises et africaines.

L’Europe « doit intégrer dans son logiciel l’action contre le terrorisme » car si le Sahel n’est pas stabilisé, elle aura durablement sur sa tête non pas une, mais deux épées de Damoclès : celle du terrorisme et des prises d’otages, et celle des migrations illégales, dont beaucoup transitent par ces territoires », avait-elle fait valoir, lors d’un déplacement à Pau.

Il n’est pas question, du moins en l’état actuel des choses, pour l’Allemagne d’envoyer ses forces spéciales au « contact » des jihadistes au Sahel. Encore que, les choses ne sont a priori pas aussi simples…

Sur son site Internet, la Bundeswehr [forces armées allemandes] mentionne de façon anecdotique sa présence au Niger, où elle a pourtant établi une base pour soutenir les éléments qu’elle a engagés au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali [MINUSMA].

Mais, visiblement, cette présence militaire va au-delà de ce soutien aérien. Ainsi, en mai dernier, et après un reportage publié par Y, le magazine des armées allemandes, le commissaire auprès de la Bundeswehr, Hans-Peter Bartels, a souligné le fait que des commandos des forces spéciales étaient engagés dans une mission de formation auprès des troupes nigériennes.

Sauf que, a fait M. Bartels, le Bundestag [chambre basse du Parlement allemand] n’a jamais donné son aval à une telle mission. Et d’en remettre donc en cause la légalité, d’autant plus que le Niger est régulièrement la cible d’attaques jihadistes et, que par conséquent, commandos allemands pourraient être amenés à prendre part à des combats. « Il ne doit pas y avoir deux Bundeswehr différentes », a-t-il dit, selon l’hebdomadaire Der Spiegel.

Quoi qu’il en soit, cet épisode explique probablement la discrétion totale des ministères allemands des Affaires étrangères et de la Défense au sujet de l’accord de coopération militaire qu’il a signé avec le Niger, le 30 août dernier.

Si, côté nigérien, le ministre de la Défense Kalla Moutari, a signé l’accord, la partie allemande a dépêché la « représentante de la conseillère à l’ambassade d’Allemagne au Niger, Mme Valerie Polydore », raconte l’agence nigérienne de presse [ANP]

« Aujourd’hui l’Allemagne est très heureuse d’avoir signé cette entente au regard de l’importance de la coopération militaire dans les relations nigéro-allemandes devenues plus étroites ces dernières années. Et nous espérons qu’elles continueront de se renforcer, dans l’avenir », a confié Mme Polydore à l’ANP.

Concrètement, cet accord vise à améliorer les capacités des forces nigériennes dans les « domaines de la lutte contre le terrorisme, de la réaction aux crises et de la résolution de situation de prise d’otages. » Et il permettra ainsi aux « forces spéciales de mieux s’impliquer dans le cadre des procédures tactiques dans la lutte contre le terrorisme, dans la libération des otages, dans la protection contre les engins explosifs improvisés et dans le sauvetage. »

Photo : Bundeswehr

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