L’Iran dévoile (encore) un nouveau drone de combat

Dans un contexte marqué par de fortes tensions avec les États-Unis, l’Iran ne cesse de lever le voile sur de nouvelles armes qui se veulent plus sophistiquées les unes que les autres. Du moins, c’est ce que prétendent les autorités iraniennes… car, évidemment, il est compliqué d’avoir une idée précise de leurs performances.

Ainsi, en janvier, Téhéran a présenté une nouvelle version de son drone Saegheh-2, largement inspiré du RQ-170 Sentinel – un appareil furtif – perdu par les forces américaines en décembre 2011 et récupéré par les Iraniens par la suite.

Si l’on en croit Israël, un tel engin, « armé d’explosifs », aurait été abattu dans l’espace aérien de l’État hébreu le 10 février 2018. L’agence Fars avait rapporté que le Saegheh-2 était en mesure de transporter quatre bombes guidées et qu’il avait été utilisé contre les groupes rebelles jihadistes en Syrie.

Le mois suivant, pour les 40 ans de la République islamique, Téhéran a dit avoir testé avec succès le Hoveizeh, un nouveau missile de croisière d’une portée de 1.350 km. Cet engin serait dérivé du modèle « Soumar », lui-même inspiré du Kh-55 russe. Dans le même temps, le Corps des gardiens de la Révolution [IRGC] a présenté le Dezful, soit une version améliorée du missile balistique sol-sol Zolfaghar, d’une portée estimée à 700 km.

Puis, à partir de juin, Téhéran a enchaîné les annonces. D’abord avec la présentation du système anti-aérien Khordad 15, dont il a été dit qu’il est en mesure de « détecter des cibles jusqu’à 150 km aux alentours » et de « traquer des cibles furtives dans un périmètre de 85 km et les détruire à une distance de 45 km ». A priori, il utiliserait des missiles inspirés des HAWK, qui furent livrés par les États-Unis à l’Iran avant la révolution islamique et la chute du Shah.

Toujours dans le domaine de la défense aérienne, l’Iran a sorti de sa manche le « Falaq », soit la version locale du radar de surveillance [russe] « Gamma », qui « n’avait pas pu être utilisé en raison des sanctions, du manque de pièces détachées et de l’incapacité pour des ingénieurs étrangers de faire des réparations. »

« Ce radar est capable d’identifier et trouver tous les types de missile de croisière, avion furtif, systèmes de drone et missiles balistiques d’une portée de 400 km », a fait valoir, le 10 août, le général Alireza Sabahi-Fard, le chef de la force aérienne iranienne. Mais là encore, il est compliqué de confirmer ses propos…

Dix jours plus tard, le président iranien, Hassan Rohani, s’est fait présenter le système de défense aérienne « Bavar-373 ». Et, pour ce dernier, cet équipement de conception locale serait « mieux que le S-300 et proche du S-400 », deux systèmes produits par la Russie.

Le Bavar-373 « convient à la géographie de l’Iran, avec une portée de plus de 200 km […] et rivalise avec les systèmes russes et américains comme le S-300 et le Patriot », a soutenu l’agence Irna.

Auparavant, trois nouveaux types de missiles venaient de faire leur apparition : le Yassin, qui, doté d’ailes rétractables et d’une portée de 50 km, peut être tué depuis un drone, le Balaban, guidé par GPS et les Ghaemn, à guidage thermique et dont la précision serait de 50 cm environ.

En outre, ces derniers jours, l’industrie iranienne a profiter du salon MAKS 2019, à Moscou, pour exposer une maquette du Mobin. D’abord présenté comme étant un missile de croisière, cet engin est en réalité un drone d’une envergure de 3 mètres et d’une masse de 670 kg. Doté d’un radar altimétrique et capable de voler à une altitude comprise entre 30 et 45.000 pieds, il a une autonome de 45 mn et peut atteindre la vitesse maximale de 900 km/h grâce à un réacteur ‘Toloo-4″.

À en croire les officiels iraniens, ce « Mobin » serait déjà opérationnel. Il serait utilisé pour des missions de cartographie 3D et de reconnaissance.

Enfin, le dernier engin à avoir été présenté est aussi un drone, appelé « Kian ». D’après le général Sabahi-Fard, cet appareil à réaction, dont les dimensions semblent très réduites, a été développé, produit et testé en moins d’un an.

Le Kian peut voler « plus de 1.000 kilomètres et trouver sa cible avec précision » et il est aussi capable de « viser des cibles en dehors des frontières du pays et d’assurer la défense aérienne dans les territoires ennemis », a assuré le chef de la force aérienne iranienne. Et de préciser qu’il se décline en deux versions : l’une pour mener des « missions de surveillance et reconnaissance », l’autre pour effectuer des « vols pour des missions précises. »

On ignore si cet appareil est effectivement capable d’atteindre de telles performances… En tout cas, sur les images diffusées à l’occasion de sa présentation, son apparence fait penser au Bell X-1, l’avion avec lequel le pilote d’essais américain Chuck Yeager franchit le mur du son pour la première fois. Quant à ses dimensions [qui le rapprochent d’une cible aérienne], elles laissent supposer qu’il s’agirait d’une sorte d' »effecteur connecté ».

Reste que les informations données par les officiels iraniens sur leurs nouveaux armements doivent être prises avec prudence, comme l’a montré, par le passé, le cas de l’avion « furtif » Qaher-313, encore, plus récemment, celui du « Kowsar ».

Présenté comme étant un nouvel avion de combat « avancé » de conception entièrement locale, il s’est en réalité avéré qu’il s’agissait d’un F-5B Tiger « Freedom Fighter » d’origine américaine. Le même tour avait été joué quelques années plus tôt avec le « Saegheh ».

Photo : Agence Tasnim

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