Idleb : Une frappe américaine contre des chefs jihadistes affiliés à al-Qaïda aurait fait au moins 40 tués

Le 30 août, le Centre russe pour la réconciliation en Syrie a annoncé un cessez-le-feu dans la province d’Idleb, où l’aviation russe appuie une offensive menée par les troupes du régime syrien contre les groupes rebelles qui s’y sont regroupés.

Un accord a été conclu pour « un cessez-le-feu unilatéral des forces gouvernementales syriennes à partir de 06H00 le 31 août », a en effet indiqué l’état-major russe. Et d’en appeler aux « commandants des groupes armés à renoncer aux provocations et à se joindre au processus de règlement pacifique dans les zones qu’ils contrôlent. »

Ce cessez-le-feu a été annoncé après une rencontre, à Moscou, entre le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan. La Turquie soutient en effet les groupes rebelles syriens affiliés au Front national de libération [FNL], présents dans la province d’Idleb, où, par ailleurs, les forces pro-Damas ont repris la ville stratégique de Khan Cheikhoun, ce qui va pas sans quelques « frictions » avec les soldats turcs qui tiennent des postes d’observation, installés dans la région suite aux accords d’Astana.

Seulement, la province d’Idleb est surtout dominée par les groupes jihadistes. Le Hayat Tahrir Al-Cham est le plus important d’entre-eux. Cette organisation, autrefois appelée « Front al-Nosra », ayant rompu avec le chef d’al-Qaïda, Ayman al-Zawhiri, d’autres formations ont vu le jour, comme le Tanzim Hurras ad-Din, le Front Ansar Dine ou encore Ansar al-Tawhid et Ansar al-Islam.

En juin, l’US Centcom, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale, avait indiqué avoir effectué une frappe contre un état-major de Tanzim Hurras ad-Din [THD], désigné comme étant « al-Qaïda en Syrie » [AQ-S]. Six cadres de l’organisation avaient été tués.

Profitant, sans doute, de l’accalmie causée par le cessez-le-feu annoncé par la Russie pour la province d’Idleb, les cadres de Tanzim Hurras ad-Din, d’Ansar al-Tawhid et d’autres formations extrémistes ont tenu une réunion, le 31 août, dans un camp d’entraînement situé prés de la ville d’Idleb. Ce qui a motivé une nouvelle opération américaine.

Dans un premier temps, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme [OSDH], qui dispose d’un large réseau de correspondants en Syrie, a fait état d’une frappe contre cette réunion de responsables jihadistes.

« Des tirs de missiles ont visé une réunion rassemblant des chefs des groupes djihadistes Hourras al-Din et Ansar al-Tawhid ainsi que des chefs d’autres groupes extrémistes qui leur sont alliés dans un camp d’entraînement, tuant au moins 40 d’entre eux », a en effet affirmé l’OSDH, qui n’a pas pu préciser l’origine de ce raid.

Selon l’AFP, des « explosions successives ont été entendues suivies de colonnes de fumée au nord de la ville d’Idleb ». Des ambulances ont ensuite été envoyées sur les lieux où venaient de se produire ses explosions.

Plus tard, l’US Centcom a confirmé être à l’origine de ce raid. « Les forces américaines ont mené une frappe contre les dirigeants d’Al-Qaïda en Syrie [AQ-S], dans une installation au nord d’Idleb, en Syrie, le 31 août 2019. Cette opération visait les dirigeants de l’AQ-S responsables d’attaques menaçant des citoyens américains, nos partenaires, et des civils innocents », a-t-il fait savoir.

Pour le moment, le bilan avancé par l’OSDH ne peut pas être confirmé. Par ailleurs, on ignore si les chefs des formations jihadistes ont été tués. Pour rappel, le THD est dirigé par Khalid al-Aruri, un vétéran du jihad qui fut autrefois proche de Moussab al-Zarakoui. Il avait été remis dans le « circuit » en 2015 par l’Iran, qui l’avait relâché avec quatre autres cadres d’al-Qaïda en échange de la libération d’un diplomate iranien retenu en otage au Yémen.

Le site visé par les frappes américaines était occupé par Ansar al-Tawhid qui, comme le Tanzim Hurras ad-Din, a fait allégeance à al-Qaïda. Sous les ordres d’un certain Abou Diyab Sarmin, cette formation a revendiqué plusieurs opérations contre les forces gouvernementales syriennes, dont certaines menées avec Parti islamique du Turkestan, également affilié à al-Qaïda.

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