La France et l’Allemagne vont lancer un « Partenariat pour la sécurité et la stabilité » au Sahel

Lancée en juillet 2017 par la France, l’Allemagne et l’Union européenne, avec le concours de la Banque Mondiale, de la Banque africaine de développement et du Programme des Nations Unies pour le développement, l’Alliance Sahel finance des projets visant à aider les pays du G5 Sahel [Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Tchad, Niger] dans les domaines de l’agriculture, de l’éducation, de la gouvernance et de la sécurité intérieure.

Dans le même temps, la France a apporté son soutien à une Force conjointe du G5 Sahel [FC-G5S]. Devant compter 5.000 soldats [soit 7 bataillons] déployés selon trois fuseaux [ouest, centre, est], cette force fit l’objet d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies qui « salua » sa création sans pour autant lui accorder le moindre financement. Et, évidemment, son déploiement ne s’en trouva que plus compliqué.

Malgré des promesses de financement obtenues lors de conférences de donateurs et l’activité du secrétaire général des Nations unies, la FC-G5S, souffrant de lacunes capacitaires impotantes, n’a jamais pu être totalement opérationnelle, les fonds promis n’ayant pas tous été débloqués.

En outre, en dépit des efforts de la France, via la force Barkhane, de l’ONU, avec la MINUSMA, de l’Union européenne [UE], via sa mission EUTM Mali et les aides financières qu’elle a consenties, voire de la présence militaire américaine au Niger, l’emprise des groupes jihadistes, comme le GSIM [Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans] et les branches locales de l’État islamique [EIGS, ISWAP], « continue de croître » dans la région du Sahel, au point d’inquiéter les pays voisins.

D’où la nouvelle initiative lancée par le président français, Emmanuel Macron, la chancelière allemande, Angela Merkel, lors du sommet du G7, à Biarritz. Ainsi, il s’agit de renforcer et d’élargir le soutien apporté aux pays du G5 Sahel.

« Face à l’extension du phénomène terroriste, nous avons décidé […] d’élargir ce soutien, de le renforcer et de lancer une nouvelle initiative avec le Partenariat pour la sécurité et la stabilité au Sahel. Tous les efforts [jusqu’ici consentis, ndlr] sont évidemment très utiles mais notre objectif est de changer d’échelle, de méthode », a affirmé M. Macron, lors d’une conférence de presse donnée le 25 août.

Rappelant qu’il n’y a « pas de développement sans sécurité », Mme Merkel a expliqué que l’objectif est aussi de « répondre aux besoins du G5 Sahel ». Soulignant que le partenariat proposé serait ouvert à d’autres pays [et on en saura plus lors de la prochaine Assemblée générale des Nations unies, en septembre prochain], la chancelière a estimé qu’il est « urgent d’agir ». Et d’assurer que l’Allemagne « consentira tous les efforts possibles » pour faire aboutir cette intiative car elle « considère cela comme une initiative prioritaire ».

Ce « pacte » va « élargir le périmètre de sécurité compte tenu de l’évolution terroriste », a ensuite repris le président Macron. Il « permettra de réengager dans l’aspect sécurité les membres de la CEDEAO [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest], c’est à dire en particulier tous les pays du golfe de Guinée, qui sont aujourd’hui hors du G5 Sahel » et il « permettra de réengager du financement international en soutien de ces derniers », a-t-il ajouté.

En clair, il s’agira d’encourager les coopérations et donc d’avoir « une action beaucoup plus importante », a précisé M. Macron. « Grâce à ce pacte, on créé un cadre, on va pouvoir, avec les armées, les services de douanes et les services de ces pays voisins, […] financer des opérations conjointes et aussi à des bailleurs internationaux de venir financer ces actions », a-t-il développé.

Présent à Biarritz, le président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, actuellement à la tête du G5 Sahel, a salué ce nouveau « pacte » défendu par la France et l’Allemagne. Cela étant, il a aussi rappelé qu’il est important, avant tout, de trouver une solution à la question libyenne.

« C’est une gangrène qui se propage et nous avons estimé qu’il était important que l’ensemble des partenaires trouvent une solution à la question libyenne qui nous permette de freiner la progression du terrorisme non seulement dans le Sahel mais aussi dans les pays côtiers qui nous environnent », a ainsi fait valoir M. Kaboré.

Élargir le G5 Sahel aux pays de la CEDEAO permettrait sans doute d’obtenir plus facilement le financement nécessaire à la planification d’opérations conjointes [ainsi qu’une résolution de l’ONU sous chapitre VII].

D’ailleurs, en 2012, quand l’influence de la mouvance jihadiste ne cessait de prendre de l’ampleur dans le nord du Mali, en 2012, la CEDEAO avait envisagé de former une force d’intervention au Mali [Micema]. Mais la lenteur pour en fixer les modalités firent qu’elle n’eut guère le temps de se concrétiser… Et il ne fut plus question de cette initiative après les débuts de l’opération française Serval.

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