Irak : Pour une coalition politique chiite, les frappes israéliennes sont une « déclaration de guerre »

Les frappes qui, attribuées à Israël, ont visé des bases du Hachd al-Chaabi, une force paramilitaire irakienne dominée par des milices chiites soutenues par Téhéran, risquent de compliquer davantage la tâche de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis.

Depuis juillet, plusieurs dépôts d’armes appartenant au Hachd al-Chaabi ont été le théâtre de mystérieuses explosions. Et cela a commencé avec la base d’Amerli, qui, située dans la province irakienne de Salah-ad-Din, abrite l’organisation Badr, une milice pro-Téhéran.

Dans un premier temps, le Hachd al-Chaabi a démenti toute attaque, évoquant officiellement un « incendie de combustible solide résultant d’un dysfonctionnement interne ». Cependant, un membre présumé de la force al-Qods, l’unité d’élite des Gardiens de la révolution iraniens, chargée des opérations extérieures, y aurait laissé la vie.

Puis d’autres dépôts de cette force paramilitaire irakienne ont connu un sort identique par la suite. Ce qui a conduit Bagdad à imposer des restrictions aux opérations dans son espace aérien. Seulement, cette mesure n’a pas eu d’effet puisqu’un de ses combattants, Kazem Mohsen, alias Abou Ali al-Dabi, a été tué dans une nouvelle attaque menée le 25 août, près d’al-Qaïm, près de la frontière syrienne, et attribuée à Israël.

Représentant le Hachd al-Chaabi au Parlement irakien, la puissante coalition chiite du Fateh, a pris prétexte de ce nouveau bombardement pour exiger, à nouveau, le retrait des troupes américaines d’Irak.

« Tout en nous réservant le droit de réagir à ces attaques ‘sionistes’, nous tenons la coalition internationale, en particulier les États-Unis, entièrement responsable de cette agression que nous considérons comme une déclaration de guerre à l’Irak et à son peuple », a réagi cette coalition, via un communiqué cité par l’Associated Press. Et d’estimer, en conséquence, que les « es troupes américaines ne sont plus nécessaires en Irak. »

La semaine passée, le Hachd al-Chaabi s’était montré divisé pour attribuer la responsabilité des attaques contre ses bases.

« Nous annonçons que les forces américaines sont la seule entité responsable de ce qui s’est passé, et nous les tiendrons responsables de tout ce qui se passera à partir de maintenant », avait lancé Abu Mahdi al-Mohandes, le numéro deux de l’organisation paramilitaire.

Plus tard, le chef du Hachd al-Chaabi, Faleh al-Fayyadh, tempéra les propos de son second, en évoquant l’implication d’une « partie étrangère » sans évoquer la responsabilité des États-Unis.

Quoi qu’il en soit, le gouvernement irakien se trouve dans une position inconfortable étant donné qu’il est coincé entre l’Iran [dont il a besoin, ne serait-ce que, par exemple, pour son approvisionnement en électricité…] et les États-Unis. Et les frappes de Tsahal, qui visent à empêcher Téhéran de se servir du territoire irakien pour y déployer des capacités militaires, risquent d’exposer les militaires américains [voire ceux de la coalition anti-jhadiste] à des représailles.

Par ailleurs, l’État islamique [EI ou Daesh] cherche aussi à exploiter « l’activité iranienne » en Irak incarnée par le Hachd al-Chaabi pour sa propagande auprès de la population sunnite, d’autant plus que, comme l’a souligné un récent rapport du Pentagone, certains de ces miliciens chiites sont « impliqués dans des activités criminelles telles que l’extorsion de fonds et la contrebande. »

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