Une attaque jihadiste inflige de lourdes pertes aux Forces armées du Burkina Faso

Les tensions interethniques dont profitent les groupes armés terroristes, la faiblesses de ses forces armées ainsi que l’influence de prédicateurs radicaux auprès des populations estimant avoir été délaissées par le pouvoir central font que le Burkina Faso est considéré comme étant le maillon faible de la lutte contre la mouvance jihadiste au Sahel.

Ces derniers mois, les attaques jihadistes se sont multipliées, notamment dans l’est et le nord du pays. Et la dernière en date, commise le 19 août contre le détachement militaire de Koutougou, localité située dans parte orientale de la province du Soum, a infligé de lourdes pertes aux Forces armées du Burkina Faso [FANBF].

« Au petit matin, le détachement militaire de Koutougou, province du Soum, a été la cible d’une attaque d’envergure perpétrée par des groupes armés terroristes. Dans les rangs des forces nationales, un bilan provisoire fait état de plus d’une dizaine de militaires tombés et plusieurs blessés », a ainsi annoncé l’État-major général des armées du Burkina Faso, le 19 août au soir.

« En réaction à cette attaque barbare, une vaste opération aérienne et terrestre de ratissage a permis de neutraliser de nombreux assaillants », a continué l’état-major, sans donne plus de détails sur les moyens engagés. Sans doute que la force française Barkhane a été sollicitée, comme le permet un accord signé par Paris et Ouagadougou en décembre 2018.

Selon des sources sécuritaires, le bilan de l’attaque de Koutougou pourrait être encore plus lourd, étant donné que plusieurs soldats sont « portés disparus ». Ce qui en ferait l’attaque la plus meutrière commise dans la province du Soum.

En décembre 2016, un groupe fort d’une quarantaine de jihadistes avait attaqué un poste militaire situé à une une trentaine de kilomètres de la frontière avec le Mali. Douze militaires et gendarmes burkinabè y avaient laissé la vie. Depuis, l’état d’urgence a été instaurée dans cette région.

Les auteurs de cette attaque contre le détachement de Koutougou pourraient appartenir au groupe Ansarul Islam, fondé par le prédicateur Malam Dicko, tué lors d’un raid mené par force Barkhane dans la forêt de Foulsaré, au Mali, en mai 2017 [opération Bayard]. Cette organisation est en effet très active dans la province du Soum, où les prêches de son ex-chef trouvèrent un terrain favorable parmi la population.

Bien qu’indépendant, Ansarul Islam cultive des liens étroits avec des formations ayant rejoint le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM ou JNIM] d’Iyad Ag Ghali, comme la Katiba Serma et la Katiba Macina, dirigée par Amadou Koufa.

L’est du Burkina Faso est surtout le terrain du groupe État islamique dans le grand Sahara [EIGS], lui même affilié à l’ISWAP, c’est à dire la branche de Boko Haram reconnue par l’EI.

« Le Parc national du W, situé à cheval sur le Bénin, le Burkina Faso et le Niger, est en train de devenir un nouveau bastion pour les groupes terroristes de la région, notamment l’État islamique du Grand Sahara, qui continue de coopérer avec JNIM au Mali et au Niger », expliquait un récent rapport des Nations unies, pour qui les « groupes terroristes implantés au Sahel
empiètent de plus en plus sur les frontières du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Ghana et du Togo. »

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