Commande de 200 Rafale? de Su-30 MKI? de MiG-29? Les rumeurs sur l’avenir de l’aviation indienne fleurissent

En Inde, il faut s’armer de patience, tant les processus de décision sont à la fois longs et compliqués. Et quand c’est quand un industriel croit avoir gagné un marché qu’il a finalement toutes les chances de le perdre. Le cas de l’acquisition d’obusiers destinés à la modernisation de l’artillerie indienne en est l’illustration : il aura fallu plus de trente ans à New Delhi pour se décider, plusieurs appels d’offres ayant été annulés successivement.

Aussi, cela crée un climat propice aux rumeurs. Et beaucoup circulent, en ce moment, au sujet de l’avenir de l’Indian Air Force. En effet, des messages postés sur Twitter par @Aryanwarlord, un blogueur indien proche du BJP, le parti au pouvoir, et repérés par Meta-Défense.fr, indiquent que New Delhi s’apprêterait à commander 200 avions Rafale supplémentaires, dont 114 au titre du programme MMRCA, 29 pour remplacer les Mirage 2000I à l’horizon 2030 et 57 pour l’aéronavale indienne [programme MRCBF, pour Multi Role Carrier Borne Fighters].

Difficile de faire la part des choses dans ces affirmations. Celui qui en est à l’origine assure que ses sources sont dignes de foi [elles viendraient de l’état-major de l’Indian Air Force et du BJP]. En tout cas, les seules certitudes que l’on peut avoir est que l’aviation indienne recevra le premier des 36 Rafale qu’elle a déjà commandés en septembre, que le Rafale M paraît bien placé pour le programme MRCBF et que le Premier ministre indien, Narendra Modi, sera reçu à l’Élysée par par le président Macron le 22 août pour parler notamment de coopération militaire.

Un autre rumeur tord le cou à la première puisque, relayée par AIN Online, elle affirme que New Delhi aurait l’intention de se procurer « plus d’une vingtaine » d’avions MiG-29 de seconde main auprès de la Russie et de commander 18 Su-30 MKI supplémentaires. De telles annonces seraient faites en octobre prochain.

Mais a priori, le nombre de Su-30 MKI susceptibles de faire l’objet d’une commande ne serait pas encore établi. Le journal The Print affirme en effet que l’Indian Air Force envisagerait de renoncer à la modernisation de ses avions Jaguar pour acquérir plus de Sukhoï. En cause : le manque de puissance des deux réacteurs Adour.

« L’un des plans consiste à commander plus de Su-30 MKI […] Un Sukhoï peut jouer le même rôle que deux Jaguar », a confié une source à ce journal. Cependant, une autre a souligné que « pour le prix de deux Jaguar modernisés, on peut obtenir un Rafale de base ».

Ces rumeurs relatives au Su-30 MKI prennent de l’ampleur à mesure que Hindustal Aeronautics Limited [HAL], le constructeur qui les assemble sous licence russe en Inde, a indiqué qu’il serait contraint de fermer son usine de Nasik, d’ici mars 2020, faute de commandes supplémentaires.

C’est ce qu’a en effet déclaré un haut responsable de HAL et dont les propos ont été rapportés par Defense News. Pour le moment, l’usine en question doit encore produire les 8 derniers Su-30 MKI sur les 272 commandés par l’Indian Air Force. Ce qui donne lieu à une campagne de lobbying, un responsable de la Fédération des chambres de commerce et d’industrie indiennes ayant par exemple mis en garde contre les conséquences qu’aurait une telle fermeture sur les 400 fournisseurs locaux.

Cela étant, une commande potentielle de 18 Su-30 MKI serait bien envisagée, ce chiffre correspondant au nombre d’appareils de ce type perdus au cours de ces dernières années. Seulement, le prix donne matière à réflexion…

« Chaque chasseur Su-30MKI construit par HAL coûte environ 70,3 millions de dollars, tandis qu’un chasseur fourni par la Russie coûte environ 42,15 millions de dollars », a confié un haut responsable de l’Indian Air Force au site spécialisé américain.

Mais la Russie aurait fait pression sur le gouvernement indien pour une commande de Su-30 MKI supplémentaires. Le nombre varie selon les sources : 72 exemplaires pour Defense News, « seulement » 40 selon India Today. Même si ces avions sont assemblés sous licence en Inde, Moscou a des intérêts à pousser cette solution : 49% des composants viennent de Russie, les 51% restants étant produits localement.

Reste que le prix d’un Su-30 MKI est attractif à l’achat, il en va autrement pour son maintien en condition opérationnelle. D’où les réticences de l’état-major indien à passer une commande importante, d’après India Today.

L’India Air Force « ne semble pas très intéressée à acquérir d’autres Su-30 MKI en raison des coûts d’entretien élevés, ce qui les rend très coûteux à gérer à long terme », ont affirmé des sources gouvernementales indiennes au journal.

« Des sources signalent que l’avion russe coûte trois fois plus cher pour sa maintenance qu’un appareil d’origine occidental, compte-tenu du nombre d’heures de main-d’œuvre nécessaires pour qu’il soit utilisable », a ainsi rapporté India Today.

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