L’administration américaine propose de vendre des avions F-16V à Taïwan pour 8 milliards de dollars

Après avoir déployé des troupes à la frontière, les autorités chinoises ont prévenu qu’elles ne resteront pas « les bras croisés » si les manifestations en cours à Hong Kong venaient à « dégénérer ». Ce territoire, qui fut autrefois sous souveraineté britannique, dispose, jusqu’en 2047, d’une large autonomie par rapport à Pékin. Mais l’annonce, en avril, d’un projet de loi visant à permettre des extraditions judiciaires vers la Chine continentale a mis le feu aux poudres. D’où la contestation actuelle, dont les revendications incluent désormais la démission de Carrie Lam, la cheffe de l’exécutif hongkongais.

Outre Hong-Kong, le Tibet ou encore le Xianjiang posent aussi des problèmes à Pékin, dont le dernier Livre blanc sur la Défense insiste sur la nécessité d’intensifier la lutte contre les « séparatistes ». Mais ce document met particulièrment l’accent sur l’île de Taïwan, considérée comme étant une « province rebelle ».

Ainsi, ce Livra blanc affirme que l’Armée populaire de libération [APL] « vaincra résolument quiconque tentera de séparer Taïwan de la Chine et sauvegardera à tout prix l’unité nationale », après avoir dénoncé les efforts de Taipeh en vue de son indépendance ainsi que les « influences étrangères ». Aussi, Pékin s’oppose résolument aux livraisons d’armes américaines aux forces taïwanaises.

En juillet, la Chine a de nouveau « exhorté les États-Unis à annuler immédiatement » la vente à Taïwan de 108 chars de combat M1A2T Abrams et de 250 missiles sol-air Stinger [de type MANPADS, pour Man-portable air-defense systems]. Et elle en fera probablement de même après la dernière décision de l’administration de Donald Trump.

En effet, le 16 août, la Maison Blanche a proposé de vendre à Taipeh 66 avions de combat F-16 Block 70/72 « Viper » [la dernière version de l’appareil de Lockheed-Martin] pour 8 milliards de dollars. Cette information a été confirmée par plusieurs élus républicains du Congrès, dont le sénateur Marco Rubio, qui siège à la commission des Affaires étrangères.

Cette décision, qui sera transmise au Congrès en vue de son approbation, « constitue une étape importante dans le soutien des efforts de Taïwan en matière d’autodéfense », a commenté M. Rubio. « Alors que le gouvernement chinois et le parti communiste cherchent à étendre leur portée autoritaire dans la région, il est essentiel que les États-Unis continuent à renforcer leurs relations stratégiques avec notre partenaire démocratique, Taiwan, par un soutien régulier et constant », a-t-il ajouté.

Deux élus républicains de la Chambre des représentants, Eliot Engel et Michael McCaul ont estimé que cette vente de F-16V « envoie un message fort sur l’engagement des États-Unis envers la sécurité et la démocratie dans la région Indo-Pacifique contre les agressions militaires chinoises ».

« Après notre rencontre avec la présidente Tsai Ing-wen à New York le mois dernier, nous savons que cette vente renforcera notre partenariat profond et durable avec Taïwan. En outre, cela contribuera à dissuader la Chine de menacer notre partenaire stratégique Taiwan et son système de gouvernement démocratique », ont encore fait valoir les deux élus républicains.

« Alors que la Chine renforce ses forces militaires pour nous menacer ainsi que nos alliés – et que l’Armée de libération du peuple pointe des milliers de missiles sur Taïwan et déploie des avions de combat le long du [Détroit de Taiwan], il est plus que jamais essentiel que Taiwan bénéficie du soutien nécessaire pour se défendre », a enchéri le sénateur républicain Ted Cruz.

Cela étant, l’état-major taïwanais taïwanais voulait se procurer des F-35B, c’est à dire la version STOVL [short take-off and vertical landing / décollage court et atterrisage verticale] de l’avion de 5e génération développé par Lockheed-Martin. Et cela afin de pouvoir continuer à mener des opérations aériennes dans le cas où ses bases seraient endommagées par des bombardements chinois.

Si des élus américains plaidèrent en faveur d’une telle vente, Taipeh changea finalement ses plans en décidant de commander 66 F-16V supplémentaires, avec de remplacer les F-5 Tiger de sa force aérienne [RoCAF]. Ces appareils devraient s’ajouter aux 114 F-16 dont elles disposent déjà et qui seront aussi portés au standard Block 70/72.

Pour rappel, le F-16V dispose d’une connectivité améliorée, de la Liaison 16, d’un radar AESA [antenne active], d’un ordinateur de mission avancé, d’un Center Pedestal Display [affichage de suivi de terrain].

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