L’armée de l’Air va lancer un « chantier ambitieux » pour ses futures opérations spatiales

Son chef d’état-major, le général Philippe Lavigne, avait confié qu’il en rêvait. Le président Macron l’a confirmé le 13 juillet et la ministre des Armées, Florence Parly en a donné la feuille de route : bientôt, l’armée de l’Air changera donc de nom pour devenir « l’armée de l’Air et de l’Espace ».

Mais avant cela, il faut que l’arrêté portant création d’un commandement de l’espace au sein de l’armée de l’Air soit signé par la ministre, ce qui ne devrait pas tarder. Ensuite, il faudra modifier le code de la Défense pour faire apparaître explicitement les opérations spatiales parmi les missions des aviateurs, ce qui passera par un vote au Parlement [et donc par un débat].

Normalement, à partir du 1er septembre, ce commandement de l’espace commencera à prendre ses marques à Toulouse, avec 220 militaires. Reprenant les missions du « commandement interarmées de l’espace » [CIE] auquel il va se substituer, il aura des responsabilités opérationnelles et organiques tout en ayant la charge d’élaborer la politique spatiale militaire française.

Ce nouveau commandement disposera d’un centre qui « sera responsable de la connaissance de la situation spatiale » et qui « exercera le contrôle opérationnel des plateformes spatiales militaires et des capacités militaires concourrant aux mesures de préservation de la liberté d’accès et d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique. Il coordonnera également l’emploi des moyens civils dans le cadre des opérations spatiales militaires », a expliqué le général Michel Friedling, l’actuel chef du CIE, dans les colonnes du dernier numéro d’Air Actualités.

Subordonné au Centre de planification et de conduite des opérations [CPCO] de l’État-major des armées [EMA], ce centre aura une « capacité permanente de commandement et de contrôle des opérations spatiales », au plus près du Centre national d’études spatiales [CNES] », a ajouté le général Friedling.

Aussi, au niveau de l’organisation de l’armée de l’Air, il faudra s’attendre à quelques changements. Et, logiquement, les bases aériennes de Lyon-Mont Verdun et de Creil devraient respectivement perdre le Centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiaux [COSMOS] et le Centre militaire d’observation par satellites [CMOS] 1/92 Bourgogne au profit de la Ville Rose.

« Nous allons constituer à Toulouse un véritable écosystème spatial militaire avec notamment le centre d’opérations […]. Le CMOS de Creil et le COSMOS de Lyon ont vocation à rejoindre ce centre une fois qu’il sera réalisé, ce qui prendra quelques années car il s’agit d’un projet important », a en effet indiqué le général Friedling. Bref, dix ans après la dissolution de la BA 101 de Francazal, l’armée de l’Air va donc faire un retour en force à Toulouse…

« Ce sera un projet ambitieux qui implique la création de nouvelles infrastructures ainsi que le développement de moyens techniques modernes tels que le traitement massif de données, l’aide à la décision par l’intelligence artificielle, la réalité augmentée, la connectivité, etc. Ce centre devrait accueillir le personnel du CNES mais également es partenaires industriels et commerciaux », a détaillé l’officier. Quant à l’échelon de direction, il devrait rester à Paris.

Quoi qu’il en soit, l’armée de l’Air a encore beaucoup de pain sur la planche pour ajouter la corde des opérations spatiales à son arc. « Nous avons un immense chantier devant nous, conceptuel, doctrinal, capacitaire, organisationnel », a admis le général Friedling.

Dans un premier temps, il va donc s’agir de renforcer l’équipe de direction afin de mettre en musique cette « transformation » tout « en développant nos coopérations, concevant les capacités de demain et en continuant les affaires courantes », a ajouté l’officier. Puis, viendra le moment de la montée en puissance et de la prise en compte des nouvelles missions, ce qui demandera des effectifs supplémentaires… Mais dans l’enveloppe prévue par la Loi de programmation militaire 2019-25.

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