Des sénateurs américains encouragent le Pentagone à en faire davantage pour exporter l’avion F-35

Parce qu’elle a décidé de se procurer des systèmes russes de défense aérienne S-400, la Turquie a ainsi été évincée du programme F-35, dont elle était partenaire depuis 2002. Reste donc maintenant aux États-Unis à trouver des clients susceptibles de commander les 100 appareils qui devaient revenir aux forces aériennes turques…

En tout cas, plusieurs élus, emmenés par les sénateurs Marc Rubio [Floride] et Pat Toomey [Pennsylvanie] ont vivement encouragé le Pentagone à accroître les ventes de F-35 à l’étranger, via une lettre adressée à Mark Esper, son nouveau chef.

« La stratégie de défense nationale indique clairement que les États-Unis doivent renforcer leurs alliances et attirer de nouveaux partenaires afin de s’adapter à la concurrence stratégique opposée par la Chine et la Russie », est-il rappelé dans ce courrier.

Or, estiment ces sénateurs, « l’extension du programme des F-35 constitue un moyen important d’y parvenir, en particulier pour les gouvernements […] qui sont menacés par la Chine et la Russie ».

Ainsi, ces gouvernements obtiendraient « l’avion de combat polyvalent le plus avancé du monde » tout en « approfondissant leur coopération militaire avec les États-Unis », font valoir les élus américains. En outre, poursuivent-ils, « leurs forces militaires augmenteraient leur interopérabilité avec les nôtres et renforceraient ainsi leur capacité à dissuader les agressions étrangères. » Mais aussi leur dépendance à l’égard de Washington… Ce dont les sénateurs se sont gardés de souligner. En revanche, ils n’ont pas oublié d’insister sur le bénéfice qu’en retirerait l’économie américaine.

Pour augmenter les ventes du F-35, il n’y a pas trente-six moyens : soit il faut convaincre les pays déjà clients [qui, pour la plupart, sont des partenaires du programme] d’accroître le nombre d’avions qu’ils ont déjà commandés, soit Lockheed-Martin, son constructeur, devra être plus offensif à l’exportation.

En Europe, plusieurs pays pourraient faire l’objet d’un intérêt particulier. La Finlande et la Suisse, qui doivent remplacer leurs F/A-18 Hornet dans un avenir proche sont ainsi concernés. De même que les Pays-Bas,  dans la mesure où ils envisagent de commander davantage de F-35A, et la Grèce. Mais on peut aussi citer l’Espagne, qui aura besoin de remplacer ses AV-8B Harrier II [STOVL – décollage court atterrissage vertical].

En Allemagne,et  avant le lancement du programme SCAF avec la France, la Luftwaffe avait exprimé un penchant pour l’appareil de Lockheed-Martin. En février, Berlin a officiellement écarté le F-35A pour remplacer les chasseurs-bombardiers Tornado. Mais comme c’est le Bundestag qui aura le dernier mot, les parlementaires allemands pourraient faire l’objet de toutes les attentions de la part de l’industriel américain.

« Il n’y a pas un pays au monde, me semble-t-il, dans lequel les industries de défense ne mènent pas une campagne active auprès des décideurs afin de promouvoir leurs produits, leurs équipements, leur activité. Si quelqu’un, ici, se sent à l’abri, qu’il me le dise… », avait d’ailleurs relevé Florence Parly, la ministre des Armées, en évoquant les programmes franco-allemands lors d’une audition parlementaire.

En Asie, Singapour est sur le point de rejoindre le club « F-35 », dont font déjà partie la Corée du Sud et le Japon. Qui plus est, Tokyo, qui a fait part de son intention de rejoindre le programme F-35, a prévu d’en commander une centaine de plus [Séoul envisage la même chose, mais à échelle moindre, ndlr]. Enfin, l’Inde constituerait un autre débouché, tant pour la version navale que classique du F-35. Mais la politique du « Make in India » constitue un obstacle que le Lockheed-Martin tente de contourner avec son projet F-21.

Au Proche et Moyen-Orient, seul Israël est doté de F-35. Et pour cause : l’administration Obama avait mis son veto à tout exportation de cet avion vers les pays du Golfe arabo-persique, afin de ne pas remettre en cause la supériorité militaire israélienne dans la région, dans le cadre du « Qualitative Military Edge » [QME]. Mais dans un contexte marqué par de fortes tensions avec l’Iran, il n’est pas impossible que Washington revoie sa position. Si tel est le cas, les Émirats arabes unis pourraient être les premiers servis.

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