Washington tente de convaincre Séoul de commander 12 hélicoptères ASM MH-60R Seahawk

S’il a pu tenir des propos sévères à l’endroit de l’Otan, le président Trump ne ménage pas non plus la Corée du Sud et le Japon, deux pays où les États-Unis maintiennent une présence militaire significative. Mais on dirait que Séoul et Tokyo en redemandent…

Ainsi, s’agissant du Japon, M. Trump a estimé que les accords de défense conclus par Washington et Tokyo après la Seconde Guerre Mondiale devaient être revus car ils étaient « injustes » pour la partie américaine.

« Si quelqu’un attaque le Japon, nous entrerons dans la bataille. Mais quelqu’un attaque les États-Unis, les Japonais ne sont pas obligés de venir à notre aide », fit valoir le chef de la Maison Blanche, en juin dernier. Et encore, il n’avait pas demandé à Tokyo de payer davantage pour la présence des troupes américaines sur son sol… contrairement à ce qu’il vient de faire pour la Corée du Sud.

En février, et à l’issue d’une négociation difficile, Séoul a accepté de revoir à la hausse sa contribution financière au maintien des troupes américaines sur son territoire [28.500 miliaires, ndlr], en la portant à 920 millions de dollars. Et cela, dans le cadre d’un accord valable pendant un an. Seulement, pour le président Trump, la Corée du Sud doit payer plus. C’est en effet ce qu’il a affirmé le 7 août, via Twitter.

Et, cerise sur le gâteau, le président américain a de nouveau affiché son entente avec Kim Jong-un, le chef du régime nord-coréen, qui enchaîne les tirs de « projectiles » [des missiles balistiques, ndlr] pour protester contre la tenue d’exercices militaires conjoints entre les États-Unis et la Corée du Sud.

Kim Jong Un « n’était pas content au sujet des manoeuvres militaires. […] Je ne les ai jamais aimées non plus. Et vous savez pourquoi? Je n’aime pas payer » pour ces exercices, a en effet déclaré M. Trump, en évoquant un courrier « très positif » que lui a adressé le maître de Pyongyang, le 8 août.

Quoi qu’il en soit, la Corée du Sud « achète » la protection des États-Unis [et leur « parapluie nucléaire »] en se procurant de nombreux matériels auprès de l’industrie américaine de l’armement. Notamment en matière d’aviation militaire. Le cas des hélicoptères de lutte anti-sous-marine [ASM] pourrait en être un nouveau exemple.

En janvier 2017, la DAPA [l’agence chargées des programmes d’acquisition pour les forces sud-coréennes, ndlr] a lancé une procédure en vue de se procurer 12 hélicoptères ASM supplémentaires. Trois concurrents étaient alors pressentis pour se disputer ce marché : Leonardo avec l’AW-159 Wildcat, Sikorsky avec le MH60R Seahawk et NHIndustries avec le NH-90 NFH.

La date limite pour déposer les offres fut fixée au 14 novembre 2018… Et seul Leonardo y répondit dans les délais. Aussi, on pouvait considérer que le groupe italien allait remporter facilement ce marché de 840 millions de dollars… D’autant plus que la marine sud-coréenne disposait déjà de 8 AW-159 Wildcat.

Sauf que l’administration américaine envoya à la DAPA une lettre dans laquelle étaient précisés le prix et la disponibilité du MH-60R Seahawk dans le cadre du dispositif FMS [Foreign Military Sales]. Et, malgré l’envoi hors délai de cette offre, l’agence sud-coréenne a décidé de la prendre en considération… et de relancer le processus d’acquisition.

« On estime que le Seahawk coûte 20 à 30% plus cher que le Wildcat, mais le premier a des performances environ deux fois supérieures à celles du second. Le prix unitaire du MH-60R pourrait être abaissé via les FMS, car les marines américaine et indienne achèteraient également plus de 40 MH-60R », a commenté Shin In-kyun, responsable du Korea Defence Network, un groupe de réflexion basé à Séoul, dans les colonnes de Defense News.

Effectivement, Lockheed-Martin, la maison-mère de Sikorsky, a fait valoir que les récentes acqusitions d’hélicoptères MH-60R [notamment par l’Inde et la Grèce] allaient faire baisser la facture pour la Corée du Sud.

Cette semaine, l’administration a enfoncé le clou, en recommandant au Congrès de ne pas s’opposer à la vente de 12 MH-60R à la Corée du Sud, pour un coût estimé à 800 millions de dollars.

La Corée du sud « est l’une des principales puissances politiques et économiques de l’Asie de l’Est et du Pacifique occidental. [Elle] est un partenaire essentiel des États-Unis pour assurer la paix et la stabilité dans cette région », a fait valoir la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], l’agence chargée des exportations d’équipements militaires américains. « La vente proposée améliorera la capacité de la marine coréenne à effectuer des missions de guerre anti-surface et anti-sous-marines, ainsi que la capacité d’effectuer des missions secondaires », a-t-elle ajouté.

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