Les États-Unis menacent de redéployer en Pologne leurs forces stationnées en Allemagne

Le prochain sommet du G7, qui aura lieu à Biarritz du 24 au 26 août, sera sans doute l’occasion pour le président américain, Donald Trump, de s’en prendre à nouveau à l’Allemagne, qu’il critique régulièrement pour la faiblesse de ses dépenses militaires ainsi que pour sa participation au projet de gazoduc « Nord Stream II », qui renforcera sa dépendance à l’égard du gaz russe. Et on peut parier que viendront s’y ajouter le refus de Berlin de s’associer à une coalition navale visant à protéger la navigation commerciale dans le détroit d’Ormuz ainsi que celui d’envoyer des troupes au sol en Syrie pour combattre l’État islamique.

Ambassadeur des États-Unis en Allemagne, Richard Grenell, qui a par ailleurs multiplié les provocations et les ingérences dans les affaires intérieurs allemandes depuis qu’il est arrivé à Berlin, a donné le ton, dans un entretien donné à l’agence DPA, le 9 août.

« Il est choquant de penser que le contribuable américain doit continuer à payer pour avoir plus de 50.000 Américains en Allemagne, mais que les Allemands dépensent leur excédent dans des programmes nationaux », a ainsi déclaré M. Grenell.

Plus tôt, Georgette Mosbacher, ambassadrice des États-Unis en Pologne, avait allumé la mèche.

« La Pologne respecte son obligation à l’égard de l’Otan de dépenser 2% du PIB pour sa défense. L’Allemagne, non. Nous souhaiterions que les troupes américaines en Allemagne viennent en Pologne », avait en effet lâché la diplomate via Twitter.

« Le président Trump et Georgette Mosbacher ont raison », a commenté Richard Grenell. Après avoir rappelé que les États-Unis demandent depuis plusieurs années à l’Allemagne d’en faire davantage en matière de défense, le diplomate a estimé qu’il fallait maintenant « réagir » si Berlin persistait à ne pas augmenter ses dépenses militaires. Et cela passerait donc par un transfert en Pologne des bases américaines implantées sur le territoire allemand…

Cette année, l’Allemagne devrait consacrer 1,36% de son PIB à sa défense. Seulement, selon sa planification budgétaire, il est question de réduire cet effort à 1,24% du PIB en 2023. Pour autant, l’objectif de porter ses dépenses militaires à 1,5% du PIB en 2024/25 est maintenu. Reste que, au regard de ses engagements pris auprès de l’Otan, ce niveau restera toujours bien en-deçà de l’objectif des 2% du PIB.

Cela étant, il est déjà question d’une réduction des effectifs militaires américains présents en Allemagne.

En effet, en juin, et après avoir confirmé l’envoi de 1.000 soldats américains supplémentaires en Pologne, le président Trump avait déclaré que ses renforts seraient « probablement transférés depuis l’Allemagne ».

La Pologne « fournira la base et l’infrastructure nécessaires pour soutenir la présence d’environ 1.000 soldats américains. Le gouvernement polonais construira ces projets sans frais pour les États-Unis et il en assumera les coûts », s’était félicité le chef de la Maison Blanche, avant de critiquer une nouvelle fois la faiblesse des dépenses militaires allemandes.

Mais le Pentagone pourrait aller encore plus loin. En tout cas, on sait, grâce à une information livrée par le Washington Post en juin 2018, qu’il étudiait plusieurs scénarios de « redéploiement » comprenant un « retour à grande échelle des troupes américaines stationnées en Allemagne vers les États-Unis ainsi qu’un redéploiement total ou partiel des troupes américaines vers la Pologne. »

À l’époque, un porte-parole du Pentagone avait relativisé cette information, en assurant que le département de la Défense examinait « régulièrement le positionnement des troupes et les analyses coûts-bénéfices. » Et d’ajouter : « Nous restons pleinement engagés auprès de notre allié de l’Otan [l’Allemagne] et de l’alliance de l’Otan. »

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