La DGA n’a pas encore reçu « d’expressions de besoins opérationnels » au sujet du Flyboard Air

Lors du dernier défilé du 14-Juillet, Franky Zapata a fait sensation en effectuant une démonstration de son Flyboard Air, c’est à dire une sorte de planche de surf motorisée et auto-stabilisée permettant de voler à une alitude de 10.000 pieds à 150 km/h. Cette prouesse repose sur un algorithme, qui ajuste en permanence l’inclinaison des moteurs et la vitesse des turbines latérales.

Ce n’était pas la première fois que les capacités du Flyboard Air furent montrées au public. Ce fut notamment le cas lors Forum Innovation Défense, en novembre 2018. À cette occasion, Zapata Industries reçut le soutien de l’Agence de l’innovation de Défense [AID] avec un financement de 1,3 million d’euros pour améliorer son invention, en coopération avec la socité Poly-shape et l’ONERA.

La question qui se pose désormais est de déterminer l’usage militaire que l’on pourrait avoir pour le Flyboard Air… Et pour le moment, les armées n’ont pas exprimé de besoins opérationnels précis. C’est en effet ce qu’a laissé entendre Joël Barre, le Délégué général pour l’armement [DGA], lors d’une audition à l’Assemblée nationale, en juillet [le compte-rendu a été publié au début du mois, ndlr].

« Concernant le Flyboard Air de Franky Zapata, au-delà des démonstrations […], je n’ai pas encore reçu d’expressions de besoins opérationnels de la part des armées qui pourraient donner lieu à une mise en place contractuelle de la part de la DGA », a en effet indiqué M. Barre.

Depuis, Franky Zapata a de nouveau fait parler de lui en réussissant à traverser la Manche en 25 minutes, avec son Flyboard Air, après avoir, il est vrai, subi un échec le 25 juillet [date anniversaire de la traversée de Louis Blériot, en 1909, ndlr]. Signe de l’intérêt que suscite cette invention, cet « exploit » a été salué par Florence Parly, la ministre des Armées.

Cela étant, pour le moment, le Flyboard Air n’est pas encore prêt pour avoir une utilité opérationnelle, même si le financement accord à Zapata Industries doit permettre d’y remédier. Outre le bruit, un point pose problème : sa consommation excessive de carburant, laquelle serait de 200 litres de kérosène aux 100 km [58 fois la consommation moyenne par passager d’un avion de ligne, souligne Libération]… ou environ 40 litres pour 10 minutes de vol effectif. Pour traverser la Manche, Franky Zapata a porté un sac à dos contenant 37 kg de carburant. Ce qui n’est pas envisageable pour un combattant car cela le rendrait vulnérable.

Quoi qu’il en soit, l’AID croit fermement au potentiel du Flyboard Air, lequel, explique-t-elle, « pourrait être utilisé sous différents usages militaires : plateforme logistique volante, soutien ou évacuation médicale, engin volant d’assaut. »

Le Flyboard Air permettrait, par exemple, à des troupes à bord d’un navire de débarquer plus rapidement sur un littoral. Ou encore de réduire le temps d’intervention d’une patrouille en cas d’incident, de mener des missions de reconnaissance ou encore de mener des missions d’infiltration/exfiltration. À condition, bien sûr, de régler quelques détails…

Cela étant, les capacités offertes par le Flyboard Air intéressent les armées depuis longtemps. Dans les années 1950, l’US Army avait lancer des programmes visant à mettre au point des « hélicoptères individuels » pour ses fantassins. Mais aucun d’entre-eux ne put aboutir. Au Royaume-Uni, la Royal Navy s’intéresse de près au projet Daedalus, qui est une sorte de combinaison volante inspirée par « Iron Man » et mise au point par l’un de ses réservistes, Richard Browning, fondateur de Gravity Industries.

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