La Royal Navy serait préoccupée par les nouveaux sous-marins russes de la classe « Improved Kilo »

Outre-Manche, le récent arraisonnement par l’Iran d’un pétrolier battant pavillon britannique a relancé le débat sur les capacités actuelles de la Royal Navy, qui ne compte plus que 13 frégates de type 23 et 6 destroyers.

« Il ne fait aucun doute que la [réduction] de la taille de la Royal Navy depuis 2005 – passée de 31 frégates et destroyers à 19 aujourd’hui – a eu un impact sur notre capacité à protéger nos intérêts partout dans le monde », a lancé le contre-amiral [en retraite] Alex Burton sur les ondes de la BBC, résumant ainsi la pensée de nombreux anciens officiers de la marine britannique.

Seulement, à une époque où il est de bon ton de montrer ses muscles plutôt que de disserter sur ses faiblesses, il vaut mieux insister sur ce qui fonctionne… D’où, sans doute, la communication tout azimut sur les interventions de la Royal Navy.

Ainsi, cette dernière a publié un communiqué pour se féliciter de la surveillance du destroyer chinois Xi’an [qui fit une escale à Toulon il y a quelques semaines] par la frégate HMS Westminster au large de Douvres. Tout ça pour dire : « RAS » [Rien à signaler]. Cependant, les lignes modernes du navire de l’Armée populaire de libération [APL] ont tranché avec celles, anciennes, de la frégate de la Royal Navy… Il n’est donc pas certain que cela ait été productif en terme d’image… Sauf à convaincre de la nécessité impérative de moderniser la flotte de surface britannique…

Cela étant, et selon le quotidien « The Telegraph« , les destroyers chinois sont moins préoccupants pour la Royal Navy que les sous-marins russes… Et en particulier ceux de la classe « Improved Kilo » [projet 636.3 « Varshavyanka »]. Bien qu’à propulsion diésel-électrique, ces navires passent pour être très silencieux… Et donc très difficiles à détecter. En 2017, l’un d’eux – le B-265 Krasnodar – donna même du fil à retordre aux forces navales occidentales présentes en Méditerranée.

D’où l’inquiétude de la Royal Navy, qui redoute voir ces sous-marins russes opérer dans les eaux territoriales britanniques sans qu’elle ait les moyens de les détecter. Ce qui pourrait mettre en danger, par exemple, le porte-avions HMS Queen Elizabeth.

Pour rappel, les sous-marins de la classe « Improved Kilo » disposent d’une autonomie de 45 jours. Pouvant plonger à 300 mètres de profondeur, ils emportent 4 missiles de croisières Kalibr [code Otan : SS-N-27 Sizzler], 18 torpilles de 533 mm et 24 mines.

« On craint que les nouveaux sous-marins russes puissent menacer – [si ce n’est déjà le cas, ndlr] la sécurité du Royaume-Uni en traquant la flotte britannique dans l’Atlantique Nord sans être détectés ou en espionnant des câbles de communication sous-marins », écrit The Telegraph, en résumant des confidences faites par des sources militaires.

L’une d’elles a même estimé que la priorité du nouveau chef d’état-major de la Royal Navy [First Sea Lord], l’amiral Tony Radakin, sera « de remporter la bataille sous-marine ». Et d’ajouter : « Nous devons être meilleurs dans ce que nous faisons ».

« Les Russes bénéficient d’une forte augmentation des dépenses de recherche et développement depuis 15 à 20 ans, ce qui leur permet aujourd’hui de construire ces sous-marins extrêment discrets », a expliqué cette même source militaire au quotidien britannique.

La Royal Navy compte 7 sous-marins nucléaires d’attaque [en cours de renouvellement avec l’arrivé de la classe Astute] et de 4 sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE], qui seront remplacés, à terme, par ceux de la classe Dreadnought.

Alors que la dissusion nucléaire du Royaume-Uni est exclusivement océanique, le gouvernement britannique, alors dirigé par David Cameron, ne trouva rien de mieux à faire de retirer du service les avions de patrouille maritime Nimrod MR2 de la Royal Air Force, alors chargés de « faire le ménage » dans les environs de la base de Faslane [Écosse] et d’annuler le programme qui devait leur donner un successeur [le Nimrod MR4, en l’occurrence]. Bilan des courses : La Royal Navy dut faire appel aux alliés de l’Otan pour remédier à cette perte de capacité.

Depuis, avec le regain de l’activité sous-marine russe, notamment au large de l’Écosse, Londres a commandé 9 avions de patrouille maritime P-8 Poseidon auprès de Boeing… Plus généralement, il apparaît que le triangle situé entre l’Islande, le Groenland et le Royaume-Uni est en train de redevenir [si ce n’est pas déjà le cas], une « zone de confrontations secrètes », comme à l’époque de la Guerre Froide. C’est ce qu’avait en effet affirmé le Dr Andrew Foxall, le directeur du Centre d’études sur la Russie de la Henry Jackson Society, en janvier 2017.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]