L’état-major chinois confirme le déploiement d’avions furtifs Chengdu J-20 près de Taïwan

Début juillet, l’administration américaine a donné son feu vert à la vente de chars Abrams et de missiles sol-air Stinger aux forces taïwanaises pour plus de 2 milliards de dollars. Ce qui a suscité la colère de Pékin, qui a exhorté Washington à renoncer à livrer ces matériels à Taipeh…

Puis, le dixième Livre blanc chinois sur défense, publié la semaine passé, réaffirme que l’Armée populaire de libération [APL] « vaincra résolument quiconque tentera de séparer Taïwan de la Chine et sauvegardera à tout prix l’unité nationale », conformément à l’une de ses priorités, qui est de  » sauvegarder à tout prix l’unité nationale. »

Selon la Fondation pour la recherche stratégique [FRS], qui a analysé le contenu de ce nouveau Livre blanc, la « rhétorique sur Taïwan est encore plus offensive qu’avant », avec une vive critique contre le gouvernement de l’île, que Pékin considère comme une province rebelle. Ainsi, ce dernier y est présenté comme « se tenant obstinément à l’indépendance de Taiwan ». Et il y est accusé de redoubler « d’efforts pour rompre le lien avec le continent en faveur d’une indépendance progressive, poussant à l’indépendance de jure, intensifiant l’hostilité et la confrontation, et empruntant la force de l’influence étrangère. »

C’est donc dans ce contexte [également marqué par les troubles à Hong Kong] que, le 28 juillet, l’administration chinoise de la sécurité maritime a publié deux notices pour informer que des zones situées le long d’une partie des côtes des provinces du Zhejiang, du Fujian [est] et du Guangdong [sud] allaient être fermées les jours prochains pour des exercices militaires. Or, ces régions se situent respectivement au nord et au sud-ouest de Taïwan.

Or, les 29 et 30 juillet, les forces taïwanaises ont conduit un vaste exercice à tirs réels, au cours duquel elles ont tiré 117 missiles de 12 types différents. Ces manoeuvres ont « conçues sur la base du concept de défense globale, dans lequel des scénarios impliquant des missiles sol-air, anti-navires et air-sol », a seulement indiqué le général Li Chao-ming, le numéro deux des forces armées taïwanaises.

Ainsi, selon une agence de presse taïwanaise, des F-16 ont tiré deux missiles AGM-84 Harpoon contre des chalands de débarquement retirés du service. C’était « une mission d’entraînement de routine, en répondant à aucune menace spécifique », a commenté le général Li.

Cela étant, les forces taïwanaises vont devoir se préparer à contrer une nouvelle menace : celle incarnée par le Chengdu J-20, le premier avion de combat chinois de 5e génération.

En février 2018, l’APL avait annoncé que cet appareil était « apte au combat », un peu plus de 7 ans après son premier vol. Mais, à l’époque, elle s’était gardée de préciser les unités qui allaient en être dotées.

Cependant, en janvier, le site East Pendulum, spécialiste du monde militaire chinois, avait signalé que la 9e brigade d’aviation de chasse, venait de réceptionner ses deux premiers appareils. Or, cette unité est basée à Wuhu, c’est à dire dans la « zone de guerre Est » de l’APL… Et donc à deux pas de Taïwan [et, accessoirement, du Japon]. Pour autant, il n’y avait eu aucune confirmation officielle.

C’est désormais le cas, bien que cette confirmation ait été faite indirectement, via la diffusion, sur un réseau social chinois, d’une photographie montrant un J-20 portant le numéro « 62001 ».

Selon les habitudes de l’aviation militaire chinoise, un avion portant un numéro commençant par « 7 » signifie qu’il appartient à une unité d’essai. Ce qui était le cas des premiers J-20 de série étant donné qu’ils furent affectés à la base d’entraînement et d’essais en vol de Dingxin.

Et un numéro commençant par « 6 » indique que l’appareil en question a été affecté au « Théâtre d’opération de l’Est », soit celui qui est situé en face de Taïwan.

Cette unité « opérationnelle dotée de J-20 basée dans le Théâtre d’opération de l’Est vise précisément Taïwan et vise à contester aussi les activités militaire américaines dans le détroit [de Formose] », a estimé Collin Koh, de la S. Rajaratnam School of International Studies [Singapour], cité par le South China Morning Post.

Bien que la furtivité du J-20, c’est à dire sa capacité à échapper aux radars adverses, suscite du scepticisme [notamment en raison de ses plans canard], il n’en reste pas moins que cet avion a un atout de taille : les missiles air-air PL-15 de longue portée qu’il emporte en soute. De quoi mettre en danger les avions-ravitailleurs ainsi que les appareils de commandement et de contrôle… Et donc compromettre les missions des chasseurs bombardiers américains, voire taïwanais.

Carte : Institut de recherche stratégique de l’École militaire [IRSEM]

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