L’opposition vénézuélienne balise la voie pour une intervention militaire étrangère

En 2015, et pour la première fois depuis le début de la « révolution socialiste bolivarienne » lancée par le colonel Hugo Chavez, l’opposition vénézuélienne remporta les élections législatives. Le régime chaviste, incarné par le président Nicolas Maduro, payait dans les urnes ses dérives ainsi que les conséquences de sa politique économique.

Aussitôt installée, l’Assemblée nationale vénézuélienne engagea un bras de fer avec le président Maduro, au point d’entamer une procédure contre lui pour « manquements au devoir de sa charge ». Pour retirer ce caillou dans sa chaussure, ce dernier fit élire une « assemblée constituante » entièrement à sa main et accentua la répression d’une contestation toujours plus puissante.

Alors que l’état de l’économie du pays continua de se dégrader fortement, avec, à la clé, une émigration massive ayant mis les pays voisins en difficulté, Nicolas Maduro remporta l’élection présidentielle organisée en mai 2018. Mais il avait pris la précaution d’écarter de ce scrutin les principales figures de l’opposition… D’où la faible participation alors constatée.

En janvier, un jour après l’investiture de M. Maduro pour un nouveau mandat [par ailleurs non reconnu par le Groupe de Lima], le chef de file de l’opposition à l’Assemblée nationale, Jaime Guaido, s’autoproclama « président par interim » en invoquant la Constitution. Et il fut reconnu par une cinquantaine de pays, dont les États-Unis.

Depuis, plusieurs tentatives pour renverser le régime chaviste, par ailleurs soutenu par la Chine, la Russie et l’Iran, ont échoué. D’où la dernière initiative prise par l’Assemblée nationale vénézuélienne, qui reste légitime aux yeux d’une grande partie de la communauté internationale.

Ainsi, le 23 juillet, cette Assemblée a approuvé la réintégration du Venezuela dans le Traité interaméricain d’assistance réciproque [TIAR], c’est à dire un texte élaboré à l’instigation des États-Unis  en 1947 et signé par la plupart des pays du continent américains afin de contrer les menées soviétiques. Il stipule que « toute attaque armée non-provoquée contre un des États impliqués serait également interprétée comme une agression contre tous les signataires du traité. »

En clair, le vote de l’Assemblée nationale vénézuélienne ouvre la voie à une possible intervention militaire étrangère au Venezuela…

Le TIAR « n’a rien de magique. Ce n’est pas un bouton sur lequel on appuie et qui résout tout du jour au lendemain », a cependant relativisé M. Guaido. D’autant plus que ce vote n’implique pas un retour automatique du Venezuela dans ce traité dans la mesure où la Cour suprême vénézuélienne considère comme nulles les décisions prises par l’Assemblée nationale.

Ces derniers mois, le président Trump a agité, à plusieurs reprises, la menace d’une intervention militaire contre le régime de Nicolas Maduro. Et, devant la crise migratoire provoquée par le marasme de l’économie vénézuélienne, le secrétaire général de l’Organisation des États d’Amérique, l’Urugayen Luis Almagro, a également évoqué une telle éventualité. « En ce qui concerne une intervention militaire visant à renverser le régime de Nicolas Maduro, je pense que nous ne devons exclure aucune option », avait-il en effet affirmé, en septembre 2018.

Le vote des députés vénézuéliens au sujet du TIAR a coïncidé avec l’avertissement lancé par le Groupe de Lima, créé en 2017 pour trouver des réponses à la crise vénézuéliennes. Composée d’une douzaine de pays latino-américains [et du Canada], cette organisation a en effet mis en garde contre une « menace sur la sécurité internartionale ».

« Tandis qu’une dictature s’exerce au Venezuela, toutes nos démocraties se trouvent fragilisées d’une certaine manière. La situation que traverse le Venezuela menace la paix et la sécurité régionale et compromet également la sécurité internationale », a ainsi déclaré Jorge Faurie, le ministre argentin des Affaires étrangères, en ouverture d’une réunion du Groupe de Lima à Buenos Aires. « Un grand effort est nécessaire pour rétablir l’ordre démocratique au Venezuela à travers la convocation d’élections », a-t-il ajouté.

Photo : Jaime Guaido au milieu de ses partisans (c) Voice of America

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