Le Sénat américain a confirmé Mark Esper à la tête du Pentagone

Désigné pour remplacer le chef du Pentagone par intérim, Patrick Shanahan, qui avait succédé au général James Mattis, qui remit sa démission en décembre, Mark Esper a dû temporairement laisser ses fonctions à Richard Spencer et se résoudre à retrouver son poste de secrétaire à l’US Army. Et cela en raison d’une disposition législative.

En effet, annoncée en juin par le président Trump, la candidature de M. Esper aux fonctions de secrétaire à la Défense ne fut notifiée au Sénat que le 15 juillet alors que, entre-temps, l’intéressé avait participé à une réunion des ministres de la Défense des pays membres de l’Otan…

« En vertu de la loi [et selon un texte en vigueur depuis 2010], M. Esper ne peut continuer à exercer les fonctions de secrétaire [à la Défense] par intérim pendant que sa candidature à un poste permanent est à l’étude. Il retrouve son poste de secrétaire à l’US Army », avaot alors expliqué le Pentagone, le 16 juillet.

Il ne tenait qu’au Sénat de mettre rapidement un terme à cette situation un tantinet ubuesque, un secrétaire à la Défense par intérim ayant succédé à un secrétaire à la Défense par intérim, lui même remplacé au pied levé par un autre secrétaire à la Défense par intérim.

La Sénat a « la prérogative de prendre le temps qu’il jugera nécessaire pour examiner et confirmer la candidature » de M. Esper, avait en effet souligné le Pentagone.

Finalement, les sénateurs ont fait preuve de célérité. Après avoir été entendu par le comité sénatorial des Forces armées, Mark Esper a été confirmé au poste de secrétaire à la Défense par 90 voix contre 8, le 23 juillet.

Pour beaucoup d’élus démocrates, l’essentiel était de faire cesser cette période d’incertitude à la tête du Pentagone. « Il a la responsabilité particulière de conseiller un président qui n’a pas d’expérience en matière de sécurité nationale. Je pense que M. Esper sera à la hauteur », a ainsi résumé le sénateur démocrate Dick Durbin.

Cependant, ceux qui ont voté contre la nomination de Mark Esper ont mis en avant ses liens avec le groupe Raytheon, qui doit fusionner avec United Technologies. Tel a été notamment le cas d’Elizabeth Warren, par ailleurs candidate à la primaire du Parti démocrate pour l’élection présidentielle de 2020. Au point d’avoir été à l’origine d’un échange houleux lors de l’audition de M. Esper.

« À l’âge de 18 ans, je suis allé à West Point et j’ai prêté le serment de défendre la Constitution, j’ai embrassé des valeurs appelées devoir, honneur et patrie. Et depuis, j’ai toujours vécu ma vie en respectant ces valeurs. J’ai fait la guerre pour ce pays », s’était alors défendu l’ancien « lobbyiste » de Raytheon.

Pour rappel, M. Esper a servi en tant qu’officier au sein de la 101e Division aéroportée, au sein de laquelle il a pris part à la première guerre du Golfe. Puis, ce lieutenant-colonel de réserve de l’US Army a ensuite entamé une carrière civile, après un doctorat en politique publique de l’Université George Washington.

Lors de son audition devant le comité sénatorial des forces armées, M. Esper a donné des réponses convenues, affirmant qu’il serait prêt à prendre des « décisions difficiles » pour faire face à la Chine et à la Russie tout en maintenant l’équilibre entre la préparation des forces et leur modernisation. « L’objectif est de dissuader la guerre. Nos adversaires doivent considérer la diplomatie comme leur meilleure option, car la guerre avec les États-Unis les forcerait à supporter des coûts énormes », a-t-il déclaré.

Pour M. Esper, la Russie est pour le moment un « concurrent stratégique » pouvant devenir un « adversaire », notamment « en Europe de l’Est et centrale ». Mais c’est surtout la Chine qui focalise son attention.

Ainsi, M. Esper a estimé que de nouvelles bases militaires étaient nécessaires « dans tout la région indo-pacifique », estimant que la « Chine a fait d’importants progrès technologiques dans des systèmes d’armes conçus pour neutraliser ou réduire considérablement l’efficacité des forces américaines, y compris en ce qui concerne la portée et la précision de ses missiles », a-t-il fait valoir.

« Nous avons finalement gagné la Guerre Froide par la Russie [soviétique, ndlr] n’avait pas la force économique pour vaincre. […] La Chine a un grand pouvoir économique […] et elle l’utilise pour influencer les autres. Ouvertement ou secrétement. Elle profite des pays qui ont besoin de capitaux et les endette de manière à mettre la main sur des ports stratégiques et des ressources minières. L’une des plus grandes préoccupations est donc que la Chine utilise sa puissance économique, qui ne fait que grandir. C’est juste une question de temps pour qu’ils nous égalent, voire nous surpassent », a expliqué M. Esper aux sénateurs.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]