Le président bulgare met son veto à l’achat de 8 avions américains F-16 « Viper »

Après le vote du Parlement bulgare, la semaine passée, l’affaire semblait entendue : Sofia allait acquérir 8 exemplaires de la dernière version de l’avion de combat F-16 [Block 70 « Viper »] produit par le constructeur américain Lockheed-Martin. Et cela, après des années de tergiversations et de rebondissements.

Pour financer cette commande, dont le montant s’élève à 1,256 milliard de dollars, la Bulgarie a dû se résoudre à creuser son déficit public, ce dernier devant passer de 0,5 à 2,1% cette année. D’où le vote du Parlement pour confirmer cette décision.

Et c’était la seule solution étant donné que la facture doit être honorée avant septembre, alors que les premiers avions seront livrés à la force aérienne bulgare en… 2024.

Difficile, donc, de parler de conditions avantageuses… D’autant plus que, et alors que la région de la mer Noire est stratégique à plus d’un titre, les actuels MiG-29 mis en oeuvre par la force aérienne bulgare sont à bout de souffle et que leur maintien en condition opérationnelle [MCO] devient de plus en plus compliqué.

Ce contrat, le plus important signé par la Bulgarie depuis 30 ans, est d’une « extrême importance pour la sécurité nationale, la défense collective de l’Otan et la politique de défense et de sécurité de l’UE », avait plaidé le gouvernement bulgare au Parlement.

Seulement, le 23 juillet, le président Roumen Radev, un ancien pilote de chasse qui n’est pas de la même couleur politique que le gouvernement de centre-droit, a mis son veto à l’achat de ces 8 F-16V, estimant le prix à payer trop élevé.

« La Bulgarie a besoin d’un avion multifonctionnel » avec « un paquet complet d’armements, d’équipements et de formation » des pilotes, a fait valoir M. Radev. « La prise de décisions stratégiques liées à la défense et à la sécurité nationale requiert des paramètres financiers acceptables et un large consensus », a-t-il ajouté, avant d’estimer que le débat au Parlement « n’a pas permis d’éclaircir des questions concernant les prix, les délais de livraison et les dédommagements en cas de retard. »

La question du coût de ces 8 F-16V se pose en effet… Car le constructeur suédois Saab avait fait une offre plus compétitive que Lockheed-Martin en proposant 10 avions JAS-39 Gripen pour un prix entrant dans l’enveloppe budgétaire initialement prévue par Sofia. D’ailleurs, cet appareil avait été retenu une première fois en 2017, avant d’être finalement écarté à l’issue d’un appel d’offres lancé l’an passé.

Pour justifier la mise à l’écart du Gripen, la commission mise en place pour évaluer les propositions reçues dans le cadre de cette procédure avait expliqué que l’avion suédois « ne disposait pas des équipements nécessaires », ce qui aurait contraint le gouvernement bulgare à « se fournir en licences et équipement auprès de pays tiers. » Le même argument fut avancé pour l’Eurofigter Typhoon Tranche 1, proposé par l’Italie.

Le veto du président Radev ne devrait a priori pas remettre en cause l’achat des 8 F-16V dans la mesure où il ne fait qu’obliger le Parlement à se prononcer une seconde fois sur ce contrat. Mais peut-être que le débat qu’il suscitera permettra d’obtenir des réponses aux questions qu’il soulève.

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