La Marine nationale devrait compter environ 1200 drones à l’horizon 2030

Publié durant l’été 2018 par la Marine nationale, le plan Mercator fait grand des engins aériens et navals piloté à distance et/ou autonomes. En effet, le document précise que chaque navire en sera doté selon la formule « petit drone, petit bateau ; gros drone, gros bateau ».

Actuellement, la Marine nationale dispose de deux drones S-100 Camcopter, dont un a récemment été affecté au porte-hélicoptères amphibie [PHA, ex-BPC] Dixmude. En outre, la Direction générale de l’armement [DGA] a confié à Airbus Helicopters et à Naval Group le programme « Système de Drone Aérien pour la Marine » [SDAM] qui vise à mettre au point un appareil tactique basé sur l’hélicoptère civil léger Cabri G2/VSR-700 de la PME française Guimbal.

Selon le plan Mercator, les 15 frégates dites de premier rang [8 FREMM, 5 FTI et 2 FDA] seront dotées d’un SDAM et d’un hélicoptère. Et d’expliquer que ce drone leur permettront « d’augmenter la présence de moyens ISR en vol et de tendre vers la permanence, au profit de la maîtrise de la situation de la zone d’intérêt tactique. »

Au total, et selon l’amiral Christophe Prazuck, son chef d’état-major [CEMM], la Marine nationale devrait compter environ 1.200 drones à l’horizon 2030.

« S’agissant des drones, j’ai aujourd’hui cinquante appareils, dont aucun n’est encore opérationnel. Ils sont tous en expérimentation, dont beaucoup au sein de la force maritime des fusiliers marins et commandos [FORFUSCO]. Mon objectif […], c’est de disposer d’un drone par bateau en 2030. J’estime donc qu’en 2030, dans la Marine, il y aura environ 1200 drones : 900 drones aériens pour équiper les bateaux, les bases à terre et les sémaphores ; une cinquantaine de drones de surface pour la surveillance et deux cents drones et gliders sous-marins pour la guerre des mines et la surveillance de l’environnement », a en effet déclaré l’amiral Prazuck, lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale.

« Parmi les drones aériens, il y aura des petits drones mais aussi des drones de moyenne altitude et longue endurance [MALE] qui peuvent voler plusieurs heures, pour compléter nos avions de patrouille et de surveillance maritime, ainsi que nos hélicoptères », a précisé le CEMM.

Quant aux « petits drones », ils équiperont les patrouilleurs. « J’espère multiplier par un chiffre compris entre six et dix la surface couverte annuellement par nos moyens », a dit l’amiral Prazuck, qui a aussi évoqué « plusieurs projets visant à exercer une surveillance satellitaire de nos zones économiques exclusives [ZEE] ».

Et d’estimer que ces programmes, « même s’ils n’augmentent pas le nombre de bateaux présents outre-mer, vont augmenter nos moyens de surveillance et d’action et seront à la hauteur des enjeux de la surveillance de nos ZEE. »

Cela étant, l’amiral Prazuck n’a pas parlé ni des drones stratosphériques [HAPS : Altitude Platform System], comme le Zephyr d’Airbus, ni des drones de combat… alors que ces appareils figurent dans le plan Mercator. En outre, il n’a pas non plus fait d’allusion aux drones HALE [Haute Altitude Longue Endurance]. L’Allemagne songe à s’en procurer quatre exemplaires [des MQ-4C Triton américains, ndlr], a priori pour la Deutsche Marine. Aux États-Unis, ces appareils sont utilisés en complément des avions de patrouille maritime P-8 Poseidon.

En tout cas, s’agissant toujours des drones aériens, l’amiral Prazuck estime que la Marine nationale n’ira pas s’en procurer auprès des États-Unis. « Il y a aujourd’hui une offre française ou européenne, que ce soit sur les petits drones ou sur les drones MALE, susceptible de répondre à nos besoins », a-t-il dit aux députés.

Quant aux drones navals, ils concerneront la lutte anti-sous-marine et la guerre des mines. Pour cette dernière, la France conduit, en coopération avec le Royaume-Uni, le programme MMCM [Mine Counter Measures].

« Nous doter d’une capacité autonome de lutte anti-mines constitue une absolue nécessité. Ce programme opère une véritable évolution conceptuelle : auparavant, le bateau qui parcourait un champ de mines, s’il n’explosait pas, était chargé de les détecter. Dorénavant, l’idée est d’envoyer des drones autonomes dans la zone minée pour détecter les mines puis les détruire », a expliqué le CEMM.

Cela étant, il reste encore quelques difficultés à surmonter. « À titre d’exemple, nous nous interrogeons sur la manière dont le drone peut transmettre les informations collectées : doit-il être doté de capacités d’intelligence artificielle et être capable d’évoluer de manière autonome? Lui faut-il ramener l’ensemble des données sur un bâtiment, ou à terre, où elles seraient analysées Une fois qu’une mine a été détectée, faut-il envoyer un autre drone pour la détruire? »; a résumé l’amiral Prazuck. « Nous devrons répondre à toutes ces questions, et nous le ferons dès lors que le prototype nous sera livré et que nous ouvrirons la phase de tests », a-t-il assuré.

Photo : SDAM (c) Naval Group et Airbus Helicopters

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