La Corée du Nord a transformé un vieux sous-marin de type Roméo pour lui permettre de lancer des missiles balistiques

Alors que les discussions avec les États-Unis sont au point mort, malgré une rencontre impromptue, entre le président Trump et Kim Jong-Un, le mois dernier, dans la zone démilitarisée qui sépare les deux Corées, Pyongyang a diffusé des photographies montrant un « nouveau type de sous-marin » susceptible d’emporter des missiles balistiques stratégiques mer-sol.

Ainsi, publiés le 23 juillet, ces clichés montrent Kim Jong-Un en train d’inspecter un chantier naval où un sous-marin a été mis sur cale. D’après l’agence officielle nord-coréenne KCNA, il s’agirait d’un bâtiment « nouvellement construit », appelé à être déployé en mer de l’Est [ou mer du Japon, ndlr].

« Le sous-marin a été construit sous la direction méticuleuse et l’attention particulière du guide suprême du Parti, de l’État et des forces armées, Kim Jong Un. Et il s’acquittera de sa tâche dans les eaux opérationnelles de la mer de Corée [Mer du Japon, ndlr]. Son déploiement opérationnel est proche », a en effet expliqué KCNA.

« Dans un pays dont les frontières Est et Ouest sont entourées par la mer, la capacité opérationnelle des sous-marins est une composante importante de la défense nationale », a fait valoir Kim Jong-Un, cité par KCNA.

Cette dernière a également affirmé que, lors de cette visite, « le Leader Suprême a appris tous les détails sur ses données opérationnelles et tactiques et système d’armes de combat » et qu’il a également exprimé « sa grande satisfaction sur le fait que ce sous-marin a été conçu et construit pour être en mesure de répondre pleinement aux buts militaires stratégiques » du régime nord-coréen.

L’emploi du terme « stratégique » suggère que ce sous-marin aura effectivement la capacité de lancer des missiles balistiques mer-sol. Une hyppthèse d’ailleurs renforcée par la présence, aux côtés de Kim Jong-Un, selon l’agence Reuters, de Kim Jong-sik, l’un des principaux responsables du programme balistique nord-coréen.

En 2016, il fut rapporté que la Corée du Nord avait construit un tel bâtiment, alors connu sous le nom de « Gorae« . Son existence ayant été révélée 2014, ce navire passait pour être expérimental aux yeux des analystes.

Mais d’après les détails révélés par un examen attentif des photographies publiées par Pyongyang, le sous-marin qui y figure n’est pas un déclinaison du Gorae, qui était lui-même dérivé, a priori, d’un sous-marin d’attaque d’origine soviétique appartenant à la classe Golf II [la Corée du Nord en avait récupéré quelques exemplaires au début des années 1990, ndlr].

En effet, il s’agirait d’un sous-marin de la classe Romeo profondément modifié pour justement lui permettre d’embarquer au moins un missile balistique de type Pukkuksong-1 [ou KN-11].

Cela étant, il n’est pas impossible non plus que le profil de ce submersible ait été inspiré par celui d’un Romeo. Mise en service à la fin des années 1950 par l’Union soviétique, ce sous-marin fut rapidement déclassé par l’arrivée de la propulsion nucléaire, d’autant plus que ses moteurs diesel étaient beaucoup trop bruyants. Cependant, la Chine s’en procura plusieurs dizaines d’exemplaires [classe Ming], dont 22 unités furent ensuite cédées à la Corée du Nord.

Selon l’expert H. I. Sutton, les tubes lance-missiles « semblent être logés dans ce qui était un second compartiment de batteries. Cela peut signifier qu’il ne peut pas plonger longtemps ». En clair, la transformation de ce Romeo en sous-marin lance-missile s’est faite aux dépens de ses performances générales. Toutefois, qu’il puisse emporter éventuellement des armes nucléaires fait qu’il faudra quand même le prendre au sérieux, même si sa détection ne devrait pas poser de problème aux forces navales de la région.

En outre, il est à noter que ce sous-marin a été tranformé ou construit malgré les sanctions économiques imposées à Pyongyang par la communauté internationale…

Quoi qu’il en soit, la diffusion de ces photographies, prises très vraisemblablement au chantier naval de Sinpo, est survenue alors que John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale du président Trump, était attendu à Séoul pur évoquer le dossier nord-coréen.

En agissant de la sorte, la Corée du Nord montre qu’elle continuera à faire preuve de fermeté dans ses négociations avec les États-Unis tout en faisant incitant ces derniers à conclure rapidement un accord.

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