Pour avoir une armée « digne de ce nom », la Belgique doit augmenter son budget militaire de 2,4 milliards d’ici 2024

Après des années de sous-investissement, de coupes budgétaires et de suractivité opérationnelle, la Défense belge est « à l’os ». Certes, le plan stratégique approuvé en 2016 doit permettre une modernisation de ses capacités… laquelle se fera au prix d’une nouvelle réduction de ses effectifs.

Pourtant, ces derniers mois, les militaires belges ont de quoi se réjouir, avec l’annonce du remplacement des avions F-16 par des F-35A américains, le lancement du programme « CaMo », qui prévoit l’acquisition de 382 véhicules blindés multi-rôles [VBMR] Griffon et de 60 engins blindés de reconnaissance et de combat [EBRC] ainsi qu’une coopération accrue avec la France, l’achat de drones MALE ou encore le renouvellement des capacités en matière de guerre des mines, avec un contrat confié à Naval Group et ECA Group, dans le cadre d’un parteneriat avec les Pays-Bas.

« On a réalisé à peu près environ 80% de ces investissements pour remplacer du matériel arrivant en fin de vie », a relévé le général Marc Compernol, le chef de la Défense belge [CHOD]. Mais cela est encore loin d’être suffisant…

« Il y a encore pas mal d’investissements qui sont moins visibles mais aussi importants pour rester dans la ‘vision stratégique' », a souligné le général Compernol auprès de l’agence Belga.

« Et tout doucement, on commence à regarder plus loin que la vision stratégique et il y aura d’autres investissements qui seront nécessaires si l’on veut continuer à répondre aux critères de l’Otan », a-t-il poursuivi. Tel est le cas, par exemple, de la création d’une second brigade terrestre [3.000 hommes].

En outre, et au-delà des équipements, la Défense belge doit aussi s’attaquer à son problème en matière de ressources humaines. Et l’équation à résoudre n’est pas simple puisque 41% de ses militaires partiront à la retraite d’ici 2025… alors qu’elle peine non seulement à recruter mais aussi à retenir ses nouvelles recrues. Ce qui se traduira, à terme, par une perte d’expérience.

Pour être attractive, la Défense belge aura à améliorer la condition de ses militaires… Ce qui passe, par exemple, par une remise en état des casernes, qui, selon le général Compernol, sont parfois dans un état « abominable ».

Sur ce point, le CHOD est radical : pour lui, il faudrait construire de nouvelles casernes dans des zones « où de la main d’oeuvre est disponible » afin de favoriser le recrutement régional ainsi que les synergies entre les écoles et l’industrie.

Reste que les moyens financiers ne sont toujours à la hauteur des besoins… D’après le général Compernol, le budget belge de la Défense devrait être équivalent à 1,27% du PIB d’ici 2024, contre seulement 0,93% cette année [pensions comprises]. Ce qui correspond à un effort de 2,4 milliards d’euros supplémentaires.

« Je réalise qu’il s’agit de beaucoup d’argent mais c’est un héritage du passé », a fait valoir le CHOD. « S’il n’y a pas de hausse du budget, cela aura un impact sur l’output de la Défense, principalement en terme de participation aux opérations à l’étranger », a-t-il prévenu.

Et encore, cette hausse qu’il appelle de ses voeux n’est qu’un minimum. « À terme, la norme doit atteindre 1,5 ou 1,6% [du PIB] si l’on veut arriver à un appareil militaire digne de ce nom » pour la Belgique, dont l’économie est l’une des dix plus dynamiques de l’UE, a estimé le général Compernol, qui ne fait cependant pas sien l’objectif de 2% du PIB fixé par l’Otan d’ici 2024. « C’est irréaliste pour la Belgique », a-t-il conclu.

Photo : Défense belge

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