Londres dénonce les « actions inacceptables » de l’Iran, qui a saisi un pétrolier sous pavillon britannique

Le 16 juillet, l’ayatollah Ali Khamenei, le guide suprême de la révolution islamique, avait prévenu : l’Iran répondra « au moment et à l’endroit opportun » à la saisie du pétrolier iranien de type VLCC [Very Large Crude] Grace 1 par les autorités britanniques au large de Gibraltar, début juillet. Pour rappel, ce navire avait été intercepté car il était soupçonné d’acheminer du pétrole en Syrie, « en violation » des sanctions de l’Union européenne [UE] prises à l’égard de ce pays.

Cinq jours plus tôt, la force navale du Corps des Gardiens de la révolution [IRCG] avait déjà tenté de détourner le pétrolier britannique British Heritage, près du détroit d’Ormuz, avant d’en être dissuadée par l’intervention de la Royal Navy, via la frégate HMS Montrose.

Mais cette dernière n’a pu voler au secours du « Stena Impero » et du « M/V Mesdar », deux pétroliers arraisonnés par l’IRCG dans les eaux du détroit d’Ormuz, le 19 juillet.

Battant pavillon britannique, le « Stena Impero », construit en 2018, est la propriété du groupe suédois Stena Bulk AB. Ce dernier a expliqué que le pétrolier a été « approché par de petites embarcations non identifiées et un hélicoptère lors de son passage dans les eaux internationales du détroit d’Ormuz vers 16h00 », avant de « s’écarter soudainement de sa route vers Jubail pour se dirirger vers le nord, en direction de l’Iran. »

Le « Stena Impero » était en « pleine conformité avec toutes les réglementations internationales en matière de navigation », a fait valoir Stena Bulk AB, avant de préciser que le pétrolier était mis en oeuvre par un équipe de 23 marins de nationalité indienne, russe, lettone et philippine.

Quant au « MV Mesdar », immatriculé au Liberia, il appartient au groupe britannique Norbulk Shipping UK, basé à Glascow. Il a également été arraisonné par les Iraniens, avant d’être finalement autorisé à continuer sa route, après avoir reçu un avertissement à propos des « réglementations environnementales ».

Plus tard, les Gardiens de la révolution ont annoncé avoir « confisqué » le « Stena Impero » dans le détroit d’Ormuz pour « non respect du code maritime international » et « à la demande de l’Autorité portuaire et maritime de la province de l’Hormozgan ».

« La promesse du guide de la Révolution s’est réalisée aujourd’hui », s’est ensuite félicitée l’agence semi-officielle Isna, via Telegram.

Le gouvernement britannique a immédiatement réagi à l’annonce de l’arraisonnement des deux pétroliers en dénonçant une « saisie inacceptable » de ces navires.

« Nous restons profondément préoccupés par les actions inacceptables de l’Iran, qui représentent un défi manifeste pour la liberté de navigation internationale », a ainsi déclaré un porte-parole du 10 Downing Street.

« Nous réagirons fermement et nous sommes absolument convaincus que, si cette situation n’est pas résolue rapidement, les conséquences seront graves », a commenté ensuite Jeremy Hunt, le chef de la diplomatie britanniques, à l’issue d’une réunion « Cobra ».

« Nous n’examinons pas d’options militaires, nous recherchons un moyen diplomatique de résoudre la situation », a continué M. Hunt. « La liberté de navigation dans le Golfe est absolument essentielle. Si cette liberté de navigation est restreinte, l’Iran est le plus grand perdant et il est donc dans son intérêt de résoudre cette situation le plus rapidement possible et nous ferons tout notre possible pour le faire », a-t-il expliqué.

Ce 20 juillet, l’agence iranienne Fars a expliqué que le « Stena Impero » avait eu un accident avec un bateau de pêche iranien et ignoré l’appel de détresse lancé par ce dernier. Le navire est désormais à l’ancre au port de Bandar Abbas, avec son équipage consigné à bord jusqu’à « la fin de l’enquête ».

Les Gardiens de la révolution retiennent également un autre pétrolier, en l’occurence le MT Riah qui, basé aux Émirats arabes unis, a été arraisonné le 14 juillet dans le détroit d’Ormuz au motif qu’il se livrait à la contrebande de pétrole.

L’interception et le détournement du « Stena Impero » ont eu lieu 24 heures après que les forces américaines ont indiqué avoir neutralisé un drone iranien qui s’était approché du navire d’assaut amphibie USS Boxer. Ce que Téhéran conteste.

En outre, ces actions des Gardiens de la révolution font suite au sabotage de six pétroliers dans les environs du détroit d’Ormuz [4 en mai, 2 en juin]. Pour le moment, et si les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Arabie Saoudite ont accusé l’Iran d’en être responsable, aucune preuve tangible et incontestable d’une telle implication n’a été produite. Du moins publiquement.

Photo : (c) Stena Bulk

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