L’Iran dit avoir porté assistance à un pétrolier « en difficulté » dans le détroit d’Ormuz

Après les attaques de six pétroliers [4 en mai et 2 en juin] et, la semaine passée, le « harcèlement » par des embarcations iraniennes d’un septième, le British Heritage, chaque anomalie constatée à proximité du détroit d’Ormuz peut être considérée comme suspecte.

Ainsi en est-il pour le pétrolier MT Riah, battant pavillon panaméen. Habitué à faire la navette entre les côtes ouest et est des Émirats arabes unis [plus précisément entre Sharjah et Fujairah], ce navire passe régulièrement par le [très stratégique] détroit d’Ormuz.

Or, peu avant le 14 juillet, le MT Riah a cessé de communiquer sa position via son système d’identification automatique [AIS – Automatic Identification System], alors qu’il traversait justement le détroit, au large de l’île de Qeshm, où est implantée une base du Corps des gardiens de la révolution iraniens [IRCG]. En outre, et d’après les Émirats arabes unis, aucun appel de détresse n’aurait été émis par le pétrolier.

Interrogé par l’Associated Press, un reponsable du Pentagone a précisé que ce pétrolier se trouvait dans les eaux territoriales iraniennes. « Aurait-il pu tomber en panne ou être remorqué pour obtenir de l’aide? C’est une possibilité », a-t-il dit. Cependant, « plus la période sans contact dure, plus les soupçons qu’il ait été arraisonné par les Iraniens se renforce », a-t-il laissé entendre.

Par ailleurs, dans le monde opaque des armateurs, il est compliqué de savoir à qui appartient vraiment le MT Riah. Le propriétaire serait la compagnie Prime Tanker LLC, basée à Dubaï. Mais cette dernière a indiqué à l’AP ainsi qu’à l’agence Reuters qu’elle l’avait revendu à la société Mouj-al-Bahar General Trading qui… l’a ensuite transmis à KRB Petrochem.

Quoi qu’il en soit, et histoire d’ajouter un peu plus d’opacité à cette affaire, un responsable des Émirats arabes unis a affirmé, sous le couvert de l’anonymat, que le MT Riah n’est « pas propriété émiratie et n’est pas sous opération émiratie » qu’il « n’a pas de personnel émirati à bord » et qu’il « n’a pas émis de message de détresse. »

Finalement, il aura fallu attendre quelques heures de plus pour en savoir un peu plus. En effet, dans la journée du 16 juillet, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Abbas Moussavi, a donné des nouvelles du pétrolier disparu en expliquant que l’Iran avait porté assistance à ce dernier, « après avoir reçu un message de détresse ».

« Selon les lois internationales […] les forces iraniennes se sont rapprochées » du pétrolier « et, à l’aide d’un remorqueur, l’ont amené dans les eaux iraniennes pour y mener les réparations nécessaires », a expliqué M. Moussavi, avant d’annoncer que d’autres détails seraient communiqués ultérieurement.

Cela étant, et au regard des tensions dans la région du détroit d’Ormuz, la Royal Navy a indiqué, le 16 juillet, qu’elle y enverrait un autre navire, en l’occurrence la frégate de type 23 HMS Kent. Ce bâtiment rejoindra ainsi le destroyer de type 45 HMS Duncan, dont le déploiement dans le golfe arabo-persique [GAP] a été annoncé il y a quelques jours.

Ces navires vont, à terme, relever sur zone la frégate HMS Montrose, qui fit cesser le harcélement du pétrolier British Heritage par les forces navales iraniennes, le 10 juillet dernier. Cependant, il n’est pas clair si les trois navires britanniques patrouilleront ensemble pendant un certain temps.

La Royal Navy « révise régulièrement le nombre de ses vaisseaux dans la région. […] Si les rotations se chevauchent parfois, ce n’est pas inhabituel. Ces mouvements prévus de longue date ne reflètent pas une escalade dans la position du Royaume-Uni dans la région et font partie des déploiements de routine de l’opération KIPION », a explique le ministère britannique de la Défense [MoD].

Ces mouvements sont annoncés alors que l’Iran a de nouveau promis qu’il réagira « en temps et en heure » à l’arraisonnement de son pétrolier Grace 1 par les autorités britanniques, au large de Gibraltar. Pour rappel, au moment de son interception, ce VLCC [Very Large Crude Carrier – très grand pétrolier transporteur de brut] était soupçonné d’acheminer deux millions de barils de pétrole brut iranien vers la raffinerie syrienne de Banyas.

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