Allemagne : Annegret Kramp-Karrenbauer a pris ses fonctions de ministre de la Défense

Étant donné que le Parlement européen a validé, de justesse, la nomination de l’Allemande Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne, il fallait lui trouver quelqu’un pour lui succéder au poste de ministre de Défense, fonction qu’elle occupait depuis décembre 2013. Ce qui a été fait rapidement, avec l’annonce de la nomination d’Annegret Kramp-Karrenbauer, la présidente des chrétiens-démocrates de la CDU, présentée comme étant la « dauphine » de la chancelière Angela Merkel. La passation de pouvoir a eu lieu ce 17 juillet.

La nomination « surprise » de Mme Kramp-Karrenbauer, qui n’a jusqu’ici manifesté que peu d’intérêt pour les questions de défense, est vue par la presse d’outre-Rhin comme étant une « promotion » visant à la relancer dans la course à la succession de Mme Merkel, après des élections européennes aux résultats en demi-teinte pour la CDU.

L’hebdomadaire Der Spiegel estime ainsi qu’assurer la conduite du ministère allemand de la Défense devrait permettre à Mme Kramp-Karrenbauer de « montrer enfin qu’elle est également capable d’évoluer en politique étrangère et de sécurité ».

Cela étant, le ministère allemand de la Défense est sans doute l’un des plus difficile à gérer, ce qui augmente le risque d’échec. En effet, celle que l’on surnomme AKK devra défendre son budget, dans un contexte marqué par un ralentissement de la croissance économique allemande et un bras de fer permanent avec le ministère des Finances.

Qui plus est, les insuffisances de la Bundeswehr sont dénoncées régulièrement dans des rapports parlementaires, avec des taux insuffisants de disponibilité des matériels des problèmes récurrents en matière d’approvisionnement.

Par ailleurs d’autres importants dossiers attendent AKK, dont celui des coopérations européennes dans le domaine de l’armement. La position officiellement restrictive de Berlin en matière d’exportation d’armes est d’ailleurs un point de friction avec Paris, à l’heure où sont menés plusieurs programmes majeurs franco-allemands, comme le Système de combat aérien du futur [SCAF] ou encore le char de combat du futur [MGCS – Main Ground Combat System].

Durant sa carrière politique, Mme Kramp-Karrenbauer s’est surtout occupée des affaires sociales et familiales. Ce qui lui fait un point commun avec Ursula von der Leyen. Mais la différence est que cette dernière avait été ministre fédérale avant d’être nommée à la Défense alors que la première n’a occupé que des fonctions au niveau régional [en Sarre, précisément].

Toutefois, malgré son inexpérience des affaire militaires, AKK a fait deux propositions en la matière à l’occasion des dernières élections européennes : faire en sorte que l’Union européenne obtienne un siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies et construire un porte-avions franco-allemand.

La première est impossible puisque seuls des États peuvent siéger au Conseil des Nations unies [et aussi parce que la France n’a nullement l’intention d’abandonner le sien]. Et la seconde serait difficilement réalisable pour des raisons industrielles et opérationnelles. « Quand on a des bras puissants, il est préférable d’avoir un seul cerveau : l’emploi de la force suppose en effet une volonté ferme et une certaine constance », avait souligné l’amiral Rolland, le commandant de la force d’action navale française [ALFAN], lors d’une audition parlementaire.

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