Pour l’amiral commandant la FOST, la discrétion des sous-marins français ne sera pas remise en cause de sitôt

Lancé le 12 juillet à Cherboug, le sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] Suffren, le premier d’une série de six exemplaires, sera aussi bruyant qu’un banc de crevettes, malgré ses 5.300 tonnes en plongée. Autrement dit, il sera dix fois plus silencieux que les SNA de la classe Rubis, actuellement en service. De quoi donner du fil à retordre à ceux qui tenteront de le repérer… grâce à leurs sonars et autres bouées acoustiques.

Cependant, il n’est pas exclu que d’autres techniques de détection soit utilisées à l’avenir. Ainsi, par exemple, la Chine a lancé le projet « Guanlan » [« observer les grandes vagues »], qui vise à mettre au point un satellite doté d’un LIDAR [Laser Imaging Detection And Ranging] et d’un radar micro-ondes afin de pouvoir détecter des objets sous-marins jusqu’à 500 mètres de profondeur.

Cette solution va-t-elle fonctionner? Quand il tenait son blog avant de prendre les rênes de l’Agence de l’innovation de Défense [AID], Emmanuel Chiva avait émis des doutes. « Les LIDAR peuvent être diffractés, notamment lorsqu’ils traversent des milieux de températures ou de salinité différents – les expérimentations réalisés par les États-Unis ou la Russie n’ont pas été concluants au-delà de 200 m de fond », avait-il expliqué.

En tout cas, l’amiral Bernard-Antoine Morio de l’Isle, commandant des forces sous-marines et de la force océanique stratégique [ALFOST] n’est visiblement pas inquiet. Pour le moment, du moins.

« La mer est un milieu opaque. À partir du moment où vous avez atteint une centaine de mètres de profondeur, on ne vous voit plus à partir de la surface. Pour ne pas être vu, il suffit donc de descendre en immersion. Ensuite, il reste le bruit rayonné, dont la propagation est directement liée aux règles immuables de la propagation des rayons sonores dans l’eau. Ces règles ne changeront pas », a expliqué ALFOST, lors d’une récente audition parlementaire.

« Par exemple, pour une frégate multimissions qui se trouve en hiver en Méditerranée, où l’eau est à 13 degrés de la surface au fond, c’est-à-dire dans un milieu très homogène, elle pourra détecter jusqu’à des distances de 150 kilomètres. Si elle fait la même opération en septembre, l’eau est très chaude en surface et toujours à 13 degrés au fond, elle n’aura alors plus que quelques milliers mètres de détection en portée directe. Les profondeurs sous-marines vont donc encore rester vraiment très opaques », a ajouté l’officier.

Cependant, en multipliant les moyens d’écoute et, surtout, la qualité des sonars, la probabilité d’une détection augmente… « Mais sur les échelles de distances dont on parle – trois jours pour se diluer sur l’équivalent de la surface de la France, sept jours sur la surface de l’Europe – l’invulnérabilité est assurée », a assuré le commandant de la FOST.

Cela étant, et le programme Guanlan en est un exemple, les techniques de détection ne reposeront pas forcément, à l’avenir, sur des systèmes acoustiques. Mais, « bien entendu, des études sont menées sur de nouvelles techniques de détection non acoustiques. Nous les faisons systématiquement évaluer par la DGA [Direction générale de l’armement, ndlr] qui réalise des prototypes et regarde comment ça marche », a indiqué l’amiral Morio de l’Isle.

« Vous avez probablement entendu parler de l’ionisation des particules ou encore de la hauteur des vagues liées au passage des sous-marins en immersion. Ces systèmes ne fonctionnent, lorsqu’ils fonctionnent, que sur des zones très restreintes. Pour résumer : ‘dis-moi où tu es et je te trouverai’. Ces systèmes doivent être focalisés, c’est-à-dire orientés, au préalable », a relativisé ALFOST devant les députés. « Tous les systèmes un peu ‘exotiques’ ont vraiment besoin d’être dirigés pour identifier. Mais nous les étudions car il ne faut rien négliger dans ce domaine », a-t-il cependant conclu.

Photo : Marine nationale

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