Pour le général Lecointre, « neutraliser » veut dire « tuer »

Dans sa communication, et quand il s’agit de donner le bilan d’une opération qui vient d’être conduite contre, par exemple, un groupe terroriste, l’État-major des Armées [EMA] parle d’ennemis « neutralisés ». Ce qui, parfois, donne lieu à quelques remarques, certains y voyant un euphémisme ou une volonté de ne pas « choquer » en disant les choses comme elles sont.

Invité de CNEWS, le 11 juillet, le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA] n’a pas utilisé le verbe « neutraliser » pour expliquer ce qui était attendu de l’armement des drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] MQ-9 Reaper de l’armée de l’Air.

Ainsi, a-t-il dit, il s’agira de pouvoir « détruire » une cible identifiée avec certitude « sans être obligé de prendre un délai supplémentaire » [c’est à dire sans attendre l’arrivée sur zone d’un Mirage 2000 ou d’un Rafale, ndlr].

Interpellé par Jean-Pierre Elkabbach sur l’usage du terme « détruire », qui tranche avec celui de « neutraliser » habituellement utilisé, le CEMA a pleinement assumé. « Neutralisation, c’est un terme élégant et la façon de dire qu’on les tue », a-t-il répondu.

Cela étant, a ensuite nuancé le général Lecointre, « la notion de neutraliser est intéressante parce qu’un soldat ne cherche pas à tuer pour tuer. Il cherche à éviter que l’ennemi continue à produire ses effets néfastes ou ses actions criminelles, en l’occurrence quand c’est des terroristes. Donc, si on peut le neutraliser effectivement sans avoir à le tuer [en le capturant ou en le blessant, ndlr], c’est aussi bien. »

Reste que, pour le CEMA, et il s’en est déjà expliqué, la réussite d’une opération ne se mesure pas au nombre d’ennemis « tués » ou « neutralisés ».

« Ce qui est extraordinaire, c’est que nous gênons aujourd’hui l’ennemi là où nous sommes. Encore une fois, cela ne se compte pas en nombre de morts. Cela se compte en présence, en suprématie que nous exerçons sur cet ennemi qui, par conséquent, ne peut plus terroriser les populations et qui n’a plus autant de liberté pour se mouvoir dans un espace et pour se substituer à l’État comme il le faisait auparavant. C’est ce rapport de force inversé qui est le gage du succès », avait en effet expliqué le général Lecointre, lors d’une audition parlementaire, en évoquant de récents succès obtenus par la force Barkhane.

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