Centrafrique : Le général français Éric Peltier prend le commandement de la mission européenne EUTM RCA

En obtenant une exemption à l’embargo sur les armes décidé par les Nations unies au sujet de la Centrafrique, la Russie a accru son influence dans ce pays en proie aux affrontements réguliers entre différents groupes armés, engagés dans une lutte pour s’en approprier les ressources, comme les diamants.

Ainsi, en 2018, Valeri Zakharov, que l’on dit proche des « services » russes, est devenu le conseiller en matière de sécurité du président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra. Et la garde de ce dernier est assurée par des « conseillers » russes, lesquels ont pris la place des Casques bleus rwandais de la MINUSCA [Mission multidimentionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation de la République centrafricaine, ndlr].

En outre, sous couvert de former les soldats centrafricains aux armes livrées par Moscou, des « instructeurs militaires civils » [pour reprendre l’expression de la porte-parole de la diplomatie russe] ont débarqué dans le pays. En réalité, il s’agit d’employés de la société militaire privée [SMP] Wagner, fondée par Dmitri Outkine, un ancien du GRU, le renseignement militaire russe et financée par Evguéni Prigojine, un proche du Kremlin. Et des groupes russes ont pris des intérêts dans des sociétés minières et forestières.

Signe de l’intérêt que la Russie porte à la Centrafrique, le président Poutine y a nommé le très expérimenté Vladimir Titorenko [passé par l’Irak, l’Algérie et le Qatar, ndlr] au poste d’ambassadeur. Et un accord de coopération en matière de défense a été conclu entre Moscou et Bangui en août 2018. Et le tout, sur fond de propagande anti-française dans les médias locaux.

Par ailleurs, la Russie a lancé sa propre médiation avec les groupes armés centrafricains, court-circuitant ainsi celle menée sous l’égide de l’Union africaine. Cependant, cette dernière a finalement donné lieu à énième accord, entré en vigueur en février 2019. Mais, pour autant, les principaux groupes armés [FRPC, UPC, 3R] n’ont toujours pas rendu les armes et continuent de contrôler des territoires et les axes routiers.

L’activité russe en Centrafrique a fait réagir la France, l’ancienne puissance coloniale, dont l’intervention militaire, en décembre 2013 [opération Sangaris] avait permis d’éviter un bain de sang à Bangui et de permettre la montée en puissance de la MINUSCA et de la mission de l’Union européenne visant à former les forces armées centrafricaines [EUTM RCA].

« La Centrafrique n’est pas un terrain de jeu. Ce n’est pas un terrain de compétition. Le seul sujet qui doit préoccuper ceux qui veulent s’occuper de Centrafrique, c’est […] la sécurité de ce pays et son développement, et non pas utiliser potentiellement les difficultés de ce peuple et de ce pays pour s’implanter dans un continent où il y aurait des ambitions voilées », avait ainsi affirmé Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères, avant de rappeler qu’il n’y avait pas grand monde, en 2013, pour tenter d’enrayer la spirale de violences dans laquelle sombrait ce pays.

Dans un premier temps, et après avoir obtenu, elle aussi, une dérogation, la France a livré 1.400 fusils aux forces centrafricaines [FACa]. Puis, elle a entamé les démarches pour assouplir l’embargo sur les armes concernant la Centrafrique. Auparavant, et alors que l’influence russe était de plus en plus palpable, Paris avait envoyé à Bangui Éric Gérard, un saint-cyrien et ancien du GIGN.

Mais c’est sur le terrain militaire que la France entend reprendre la main. Un général français étant déjà à la tête de l’état-major de la MINUSCA, un autre va commander la mission européenne EUTM RCA, dont l’objectif est « rendre les forces armées centrafricaines  modernes, efficaces, inclusives et démocratiquement responsables. »

En effet, le 8 juillet, lors d’une prise d’armes organisée au camp Ucatex de Bangui, en présence des autorités centrafricaines et de Florence Parly, la ministre des Armées, le général Éric Peltier, ex-chef de corps du 1er Régiment de Hussards Parachutistes [RHP] et passé par la Direction du renseignement militaire [DRM] a pris la succession du général portugais Herminio Maio, qui était à la tête de l’EUTM Mali depuis 18 mois.

« Lorsqu’on parle de l’EUTM, on parle souvent de statistiques. Du nombre de soldats recrutés, formés, en formation, déployés sur le territoire centrafricain. C’est vrai, c’est important. Ces chiffres témoignent de toute notre volonté commune de rétablir pleinement la paix en République centrafricaine : depuis 2016, près de 2.600 hommes ont été formés par nos soldats européens, les 1.400 soldats centrafricains actuellement déployés aux quatre coins du pays sont issus de l’EUTM et plus de 1.000 nouvelles recrues à Bouar sont en passe d’être formées sous le commandement du général Peltier, qui bénéficie de toute notre confiance dans cette tâche fondamentale et si nécessaire à la sécurité du pays », a rappelé Mme Parly.

Actuellement, l’EUTM RCA compte 187 instructeurs de 12 nationalités différentes, dont 90 Français. Cet effectif devrait s’étoffer après l’ouverture d’un centre d’entraînement à Bouar, où 1.000 recrues des FACa vont être formées. Pour rappel, le mandat de cette mission a été prolongé jusqu’en septembre 2020.

Par ailleurs, la France devrait revoir à la hausse son aide au développement, via l’AFD [Agence française de développement]. Entre 2008 et 2016, le budget s’est élevé à 89 millions d’euros, ce qui permis de financer 46 projets.

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