Sahel : À son tour, le Niger demande la formation d’une coalition internationale pour lutter contre le terrorisme

Le Niger est le pays du Sahel le plus exposé à la menace terroriste. L’extrême-Nord est le point de passage des groupes jihadistes qui vont et viennent entre le Mali et la Libye. D’où, d’ailleurs, l’implantation d’une base avancée de la force française Barkhane à Madama.

Au sud, précisément dans la région du lac Tchad, il doit faire face aux incursions, fréquentes, du groupe jihadiste nigérian Boko Haram, dont une faction a rejoint l’État islamique sous le nom de « Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique » [ISWAP].

Enfin, dans la zone de Liptako, à la frontière malienne, l’État islamique dans le grand Sahara [EIGS], qui a semble avoir des liens de plus en plus étroits avec l’ISWAP, mène régulièrement des attaques meutrières, comme l’a encore montré celle du camp militaire d’I-n-Ates, la semaine passée [revendiquée par l’ISWAP, ndlr].

En outre, le mois dernier, plusieurs projets d’attentats devant viser des ambassades occidentales ont été déjoués à Niamey. Et, quelques jours plus tard, un poste de police a été attaqué aux portes de la ville. Un fait inédit.

Alors que le Niger peut compter sur la présences des forces françaises et américaines [ces dernières ont installé une base aérienne à Agadez], le président nigérien, Mahamadou Issoufou, a dit souhaiter la création d’une coalition internationale pour combattre ces organisations terroristes, lors d’entretiens donnés à l’AFP, à RFI et à France24, à l’occasion du sommet de l’Union africaine, qui se tient à Niamey, cette année.

« J’ai proposé la mise en place d’une coalition internationale de lutte contre le terrorisme au Sahel et au lac Tchad à l’image de la coalition mise en place pour lutter contre Daesh au Moyen-Orient » car « si demain, le terrorisme arrive à vaincre nos États [du Sahel], il ira en Europe et aux États-Unis », a en effet déclaré M. Issoufou à l’AFP.

« En Irak et en Syrie, quand il a fallu lutter contre Daesh, il y a eu les armées les plus puissantes du monde. Ces armées ont mis trois ans avant de défaire Daesh. C’est pour ça que je suis étonné quand on nous critique […] ou on nous reproche de ne pas pouvoir vaincre cette menace-là avec les moyens qui sont les nôtres. Ce n’est pas juste », a ensuite fait valoir le président nigérien.

Interrogé sur les mouvements d’humeur d’une certaine partie de l’opinion nigérienne à l’égard de la présence de forces étrangères au Niger, M. Issoufou a mis les choses au point. « L’immense majorité des Nigériens, Maliens, Burkinabè se félicitent de [la présence] de ces forces amies, je ne dis pas ‘étrangères’. Les mêmes qui dénoncent les forces là, ne dénoncent pas la présence des terroristes […] Pourquoi dénoncent-ils les forces alliées qui nous aident à faire face à ces menaces qui peuvent faire exploser nos Etats?, a-t-il dit, avant de souligner que la France « apporte un soutin inestimable » au Niger « à travers Barkhane ». Cette dernière « obtient des résultats remarquables », a-t-il insisté.

Le président Issoufou n’est pas le premier à demander la création d’une coalition internationale pour combattre les organisations jihadistes, qui se déplacent dans un territoire grand comme l’Europe. En mai, le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Alpha Barry, avait réclamé la même chose lors d’une intervention devant le Conseil de sécurité des Nations unies, faite au nom des pays du G5 Sahel.

La lutte contre le terrorisme et la criminalité est « une responsabilité collective » et « il est temps que la communauté internationale envisage la création d’une coalition internationale » car ces « fléaux doivent être traités avec la même détermination que celle qui a prévalu en Irak et en Afghanistan », avait en effet plaidé M. Barry.

photo : Ministère des Armées

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