Coalition anti-jihadiste : Berlin refuse d’envoyer des troupes en Syrie, comme le lui demande Washington

S’il a fait beaucoup de bruit de par les réactions, parfois vives, qu’il a suscité au moment de son annonce par le président Trump, en décembre 2018, le retrait des militaires du nord-est et du sud de la Syrie n’est plus à la une. Cela étant, il n’est pas question pour autant pour la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis de retirer son soutien aux Forces démocratiques syriennes [FDS, alliance arabo-kurde], ni de permettre à un retour de l’État islamique [EI ou Daesh] après sa défaite à Baghouz, en mars dernier.

Lors d’une réunion, à Bruxelles, le 27 juin, les ministres de la Défense des pays membres de la coalition ont confirmé que l’effort doit encore se porter sur la poursuite du combat contre Daesh, le soutien aux « partenaires locaux » [donc aux FDS en Syrie et aux forces de sécurité irakienne] pour stabiliser les territoires repris à l’organisation jihadiste.

Cela étant, depuis l’annonce de M. Trump, le calendrier le départ des troupes américaines de Syrie a été amendé. S’il est toujours question d’y maintenir un contingent limité à 400 militaires [200 dans le sud, 200 dans le nord-est, ndlr], le Pentagone prévoit d’atteindre cet objectif à l’automne 2020… Et cela, en fonction de la situation sur le terrain. En outre, Washington espère que les pays européens prendront leur part du fardeau.

L’influent sénateur Lindsey Graham, qui a été à la manoeuvre pour adoucir la décision de M. Trump, avait ainsi estimé, en mars dernier que, comme l’Europe avait été durement frappée par l’EI, il lui incombait de faire l’essentiel de l’effort en Syrie. « 80% de l’opération devrait être européenne et peut-être 20% pour nous », avait-il estimé.

La France y est prête. Du moins, c’est ce qu’a sous-entendu la ministre des Armées, Florence Parly, lors d’une visite au 4e Régiment d’Hélicoptères de forces spéciales [RHFS], le 13 juin. « Nous maintiendrons une présence robuste dans la coalition contre Daesh au Levant, et cela, malgré la réduction de la présence américaine » car « il faudra aider nos partenaires des FDS à passer au tamis l’Est de l’Euphrate, à détruire les cellules dormantes, et à empêcher tout regain », a-t-elle souligné.

Le Royaume-Uni serait, a priori, sur la même longueur d’onde. Cependant, les États-Unis souhaiteraient une plus forte implication de l’Allemagne dans le combat contre Daesh. Actuellement, la participation allemande à la coalition internatinale se limite à 6 chasseurs-bombardiers Tornado ECR pour assurer uniquement des missions de reconnaissance, à un avion ravitailleur ainsi qu’à la présence d’instructeurs en Irak.

« Nous voulons de la part de l’Allemagne des troupes au sol, afin de remplacer en partie nos soldats » dans cette région, a en effet déclaré James Jeffrey, le représentant spécial américain pour la Syrie James Jeffrey dans les colonnes du quotidien Die Welt, alors qu’il se trouvait à Berlin pour s’entretenir de ce sujet avec des responsables allemands.

« Nous cherchons ici [en Allemagne] et parmi les autres partenaires de la coalition » antijihadiste « des volontaires prêts à s’investir », a continué M. Jeffrey. « Nous pensons que nous y arriverons », a-t-il assuré.

Seulement, outre-Rhin, l’engagement de la Bundeswehr dans des opérations extérieures donne toujours matière à débat… Et le contexte politique ne s’y prête pas forcément, étant donné que les conservateurs de la CDU/CSU et les sociaux-démocrates du SPD qui forment actuellement la [fragile] coalition gouvernementale sont régulièrement en désaccord sur les questions militaires.

Aussi, la réponse de Berlin à la requête américaine n’a pas tardé. « Quand je dis que le gouvernement allemand a l’intention de maintenir son dispositif au sein de la coalition contre le groupe État islamique, comme nous le savons cela n’inclut pas de troupes terrestres », a affirmé Steffen Seibert, le porte-parole du gouvernement, lors d’un point-presse, ce 8 juillet.

« Depuis plusieurs années, l’Allemagne apporte une contribution importante et reconnue sur le plan international à la coalition anti-EI » et « nous sommes à présent en discussion avec nos alliés américains sur la manière dont doit se poursuivre l’engagement dans la région », a expliqué M. Seibert.

Photo : commandos allemands [Kommando spezialkräfte] (c) Deutsches Heer

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