La disponibilité des avions de transport tactique de l’armée de l’Air peine toujours à décoller

Il est à espérer que la réforme du Maintien en condition opérationnelle aéronautique [MCO-Aéro], lancée en décembre 2017 par la ministre des Armées, Florence Parly, produise rapidement des effets positifs.

Faute de quoi, la « Maybe Airlines » [surnom donné à la flotte de tranport aérien tactique de l’armée de l’Air, ndlr] aura encore de beaux jours devant elle, de même que les marchés d’externalisation intra-théâtre passés pour les opérations extérieures [OPEX]. Et nul doute que celui qui succédera au général Jean-Pierre Bosser à la tête de l’état-major de l’armée de Terre [EMAT] déplorera encore le manque de capacités en aérolargage.

« Cette année, les chiffres en matière de capacités d’aérolargage seront sans doute les plus faibles des trois dernières années car nous sommes au point mort bas, entre la perte des Transall et l’attente de la montée en puissance de l’A400M », avait en effet souligné le général Bosser, lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale.

En attendant, les chiffres livrés par le ministère des Armées au député François Cornut-Gentille confirment le propos de l’actuel CEMAT.

Ainsi, en 2018, les taux de disponibilité des avions de transport tactique de l’armée de l’Air n’ont que très peu évolué par rapport à 2017, année où ils étaient déjà au creux de la vague.

Les 14 C-130H « Hercules » affichent un taux de disponibilité moyen de seulement 19,4%, contre 20,6% en 2017 et 22,50% en 2016. Il faut dire que, ces dernières années, leur maintien en condition opérationnelle avait été en partie confié à l’entreprise portugaise OGMA, laquelle n’a pas donné pleinement satisfaction à l’état-major de l’armée de l’Air et au Service Industriel de l’Aéronautique [SIAé]. D’où le choix, en juin 2018, d’un nouveau prestataire, en l’occurrence Sabena Technics.

Quant aux 16 Transall C-160 restants en service [trois autres exemplaires ont été retirés de l’inventaire en 2018, ndlr], le taux de disponibilité augmente légèrement, passant de 40,30% à 41%.

Mais la situation la plus inquiétante s’agissant de cette flotte est celle des 2 Transall C-160 « Gabriel », dédiés à la guerre électronique [leur nombre s’ajoute aux 16 autres, ndlr]. En 2016, leur taux de disponibilité moyen était de 46,70%. Deux ans plus tard, il est passé sous la barre des 40%, à 38,4%.

Les 27 Casa CN-235 ont un taux de disponibilité constant, voire en légère hausse : de 50,80% en 2016 et en 2017, il est passé à 53,7% l’an dernier. Et le tout avec un coût d’entretien inférieur de près de 5 millions d’euros [32,7 contre 37,45 millions].

Cela étant, selon un rapport parlementaire publié à l’automne dernier, « le nombre de comptes rendus de faits techniques a doublé s’agissant de la flotte CASA » entre 2016 et 2017. « On constate principalement une dégradation des performances moteurs et un décollement des revêtements externes du fuselage, qui s’explique notamment par les conditions météorologiques et climatiques en Afrique. Selon les informations recueillies […], il faut compter environ 18h30 de maintenance pour une heure de vol sur CASA, et jusqu’à 27 heures de maintenance pour une heure de vol de C130H », était-il expliqué dans ce document.

Avec un taux de disponibilité de 75,6%, les deux C-130J Hercules sont les appareils qui s’en sortent le mieux. Ce qui est normal étant donné qu’ils viennent juste d’entrer en service pour remédier retard pris dans le développement des capacités tactiques de l’A400M Atlas.

Justement, les 14 appareils de ce type en dotation en 2018 au sein de l’armée de l’Air n’ont pas connu une progression spectaculaire de leur taux de disponibilité, ce dernier étant passé de 25,6 à 27,5%. Certes, comparé en 2016, il y a un progrès notable puisque, à cette époque, il s’élevait, si l’on peut dire, à seulement 13%. À noter que le coût d’entretien de ces appareils a atteint 108,4 millions d’euros l’an passé.

« Sagissant […] de la mobilité des troupes, il est vrai que je ne suis pas très content de la transition entre le Transall, qui est en train de mourir, et l’A400M, pour une raison simple : si l’A400M est un avion exceptionnel en termes de transport logistique, il ne l’est pas du tout, à ce stade, en termes de transport tactique », avait par ailleurs souligné le général Bosser devant les députés.

Si l’armée de Terre déplore le manque de moyens en aérolargage, les faibles taux de disponibilité des avions de transport tactique pose aussi des problèmes à l’armée de l’Air. Cela pèse sur la formation et l’entraînement des équipages et les techniciens sont sous tension. Ce qui n’est pas sans conséquences sur la gestion des ressources humaines.

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