Pour faire face à une « menace accrue », la Suède renforce la défense aérienne de l’île de Gotland

Au début des années 1990, l’hypothèse d’un nouveau coup d’État en Russie, après celui, mis en échec, d’août 1991, ne pouvait pas être exclue étant donné la situation compliquée dans laquelle se trouvait ce pays, marquée par les derniers soubresauts du système communiste.

Aussi, il n’était alors pas question pour la Suède de baisser la garde dans la mesure où sa position géographique – notamment avec l’île de Gotland – en faisait une cible de choix pour quiconque voulait verrouiller l’accès à la mer Baltique. Dans ce contexte, le gouvernement suédois mit l’accent sur le développement de nouvelles capacités de défense aérienne étant donné qu’il était alors considéré que perdre la supériorité aérienne était synonyme de défaite assurée.

D’où le lancement du programme BAMSE SRSAM [Bofors Advanced Missile System Evaluation – Short Range Surface to Air Missiles], confié à Bofors et Ericsson Microwav Systems, qui seront intégrés par la suite à Saab. Il faudra attendre l’an 2000 pour la signature du contrat de production de ce nouveau système… Et huit ans de plus pour voir le premier exemplaire de série être livré aux forces armées suédoises.

Entre-temps, estimant que la Russie ne présentait plus une menace potentielle, le gouvernement suédois baissa drastiquement son effort de défense. Ce qui se traduisit par la démilitarisation de l’île de Gotland, la fin de la conscription ou encore une réduction significative des capacités militaires du pays.

Seulement, l’annexion de la Crimée par la Russie, en mars 2014 et l’intensification de l’activité militaire russe dans la région de la Baltique, avec plusieurs incidents aériens et navals, changèrent à nouveau la donne.

Et, depuis, Stokholm a revu sa politique militaire en revenant aux fondamentaux, c’est à dire en remettant au goût du jour le concept de « défense totale », en rétablissant en partie la conscription, en reprenant en main son industrie de l’armement [notamment la construction navale], en renouant avec les grandes manoeuvres ou encore en réactivant le « Gotlands regemente ».

Pays neutre appartenant à l’Union européenne, la Suède a renforcé ses liens avec l’Otan [et la question d’une évenutelle adhésion est posée] ainsi que sa coopération militaire avec la Finlande, qui partage ses préoccupations concernant la Russie étant donné que l’archipel d’Åland constitue l’autre point stratégique de la région [D’ailleurs, l’intrigue du film « Le Chant du loup« , qui met en scène la Force océanique stratégique française, repose sur crise provoquée par l’invasion de ces îles finlandaises par la Russie].

Quoi qu’il en soit, pour la Suède, il importe de renforcer les défenses de l’île de Gotland. D’où le déploiement, annoncé le 1er juillet, du système de défense aérienne BAMSE SRSAM [RBS 23].

« De par sa situation géographique, l’île [de Gotland] offre des avantages militaires essentiels concernant la protection et le contrôle de la navigation maritime, le contrôle aérien sur la mer Baltique et la capacité de placer des unités militaires et des systèmes d’armes », a fait valoir le général Micael Bydén, le chef d’état-major des forces suédoises. Et « la sécurité et la stabilité des environs de Gotland sont essentielles pour tous les pays de la région de la mer Baltique », a-t-il insisté.

Le système BAMSE SRSAM repose sur un radar 3D Giraffe AMB [Agile Multi Beam pour multifaisceaux à agilité de fréquences] utilisant une réseau à commande de phase active, un module de conduite et de contrôle de tir et des missiles intercepteurs d’une portée pouvant aller jusqu’à 20 km. Son déploiement apportera une augmentaion « significative » des capacités de défense aérienne du Gotlands regemente, font valoir les autorités suédoises.

Cela étant, a souligné le général Bydén, le déploiement de batteries RBS-23 sur l’île de Gotland n’est qu’une « solution rapide » pour faire face à une « menace accrue ». En clair, elle « ne remplace pas le besoin de nouveaux systèmes de défense aérienne », a-t-il insisté. C’est à dire que ces moyens devront être renforcés par des systèmes de défense aérienne plus puissants, comme le système antimissile Patriot PAC-3 dont Stockholm entend se procurer.

Photo : SAAB

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