ONU : Son mandat prolongé, la MINUSMA va se concentrer sur le centre du Mali

Le renouvellement du mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unis pour la stabilisation du Mali [MINUSMA] n’était pas forcément acquis, les États-Unis ayant remis en cause son efficacité.

« Nous sommes déçus face à l’absence de progrès significatifs. […] Le moment est venu de voir si une opération de maintien de la paix est bien le meilleur moyen de régler la situation au nord du Mali », avait ainsi affirmé David Hale, le sous-secrétaire d’État américain aux Affaires politiques, en mars. Et il était prêté aux États-Unis l’intention de vouloir limiter les moyens de la MINUSMA.

Finalement, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guturres, a su être convaincant. « Une réduction significative de [la] présence ou le retrait de la Mission mettrait non seulement en péril le processus de paix, mais aurait également de graves conséquences pour la situation de sécurité générale au Mali et dans la sous-région », avait-il en effet souligné dans l’un de ses derniers rapports.

Ainsi, en adoptant à l’unanimité la résolution 2480, le Conseil de sécurité a prolongé juqu’au 30 juin 2020 le mandat de la MINUSMA et confirmé que ses effectifs resteront au même niveau qu’actuellement [soit 13.289 militaires et 1.920 policiers au maximum]. C’est « un message ferme » qui souligne la nécessité de progrès urgents dans la mise en oeuvre de l’Accord pour la paix [signé en 2015 par Bamako et les groupes armés indépendantistes du nord du Mali, ndlr] et la réconciliation au Mali », a commenté la diplomatie française.

L’application des accords de paix reste donc la première priorité « stratégique » de la MINUSMA. La seconde, définie par la résolution, concerne le centre du Mali où, selon les mots de M. Guterres, la « situation est explosive » en raison des violences récurrentes entre les Peuls et les Dogons, dont profite le groupe jihadiste « Katiba Macina », dirigée par Amadou Koufa.

En effet, ce dernier se présente comme le « protecteur » de la communauté peule, au sein de laquelle il recrute ses combattants.

« La région centrale du Mali – où, selon les estimations, vivent 30% des 20 millions d’habitants du pays – est restée celle où l’on a enregistré le plus grand nombre d’attaques contre des civils et de victimes civiles, en raison d’une nouvelle intensification des affrontements et de la violence intercommunautaires, ainsi que des attaques par des groupes terroristes et des milices d’autodéfense », a a par ailleurs souligné M. Guterres dans son dernier rapport relatif à la situation malienne.

Or, jusqu’à présent, la MINUSMA n’avait pas le mandat pour intervenir dans le centre du Mali, sa zone d’action se limitant au nord du pays. La résolution que vient d’adopter le Conseil de sécurité y remédie.

Ainsi, et selon un « plan d’urgence » dont les contours ont été récemment dévoilés, il est question de multiplier les patrouilles dans les zones sensibles pour que la présence de la MINUSMA « soit visible » pour qu’elle puisse « rassurer, dissuader et anticiper ». En outre, il s’agira également d’aider les autorités maliennnes à « combattre l’impunité » dont jouissent les auteurs des violences commises dans le centre du Mali et de faciliter l’aide humanitaire pour les « populations meurtries » dont les « villages et les greniers ont été brûlés ».

Cela étant, reste la question des moyens. Le secrétaire général de l’ONU avait demandé un effort en matière d’aéromobilité [c’est à dire plus d’hélicoptères. Or, la résolution demande seulement à la MINUSMA de « veiller à consacrer suffisamment de moyens à son mandat dans le centre du pays ».

En outre, elle affirme aussi qu’il « importe que la Mission dispose des moyens nécessaires pour promouvoir la sûreté et la sécurité des soldats de la paix des Nations Unies » et « prie le Secrétaire général de veiller à ce que les pays qui fournissent des contingents reçoivent des informations suffisantes au sujet de tactiques, de techniques et de procédures actualisées visant à réduire les pertes militaires dans un environnement asymétrique avant tout déploiement au Mali. »

Enfin, s’agissant de la force française Barkhane, la résolution l’autorise « à user de tous moyens nécessaires, dans la limite de ses moyens et dans ses zones de déploiement, jusqu’à la fin du mandat confié à la MINUSMA pour intervenir à l’appui d’éléments de la Mission en cas de menace grave et imminente. »

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