L’Otan promet des « réponses » si Moscou ne se conforme pas au traité sur les forces nucléaires intermédiaires

Cela fait maintenant plus de cinq ans que Washington accuse Moscou d’avoir violé les obligations du traité sur les Forces nucléaires intermédiaires [FNI] en développant le missile Novator « 9M729 ». Ce qu’a régulièrement démenti le Kremlin. Pour autant, les demandes adressées par l’Otan au sujet de ce nouvel engin sont, à ce jour, restées lettre-morte.

Pour rappel, signé en 1988 par les États-Unis et la Russie, le traité FNI avait un terme à la crise des Euromissiles en interdisant les missiles à capacité nucléaire ayant une portée comprise entre 500 et 5.500 km. Sa remise en cause porterait un coup à l’architecture de sécurité européenne.

Or, cela paraît inéluctuable, étant donné que les États-Unis ont annoncé leur intention de se désengager de cet accord si la Russie ne retirait pas de son arsenal un missile dont elle assure qu’il est conforme aux engagements qu’elle a pris voici plus de trente ans… Et l’horloge tourne : le 2 août prochain, le traité FNI fera partie du passé.

Selon les évaluations du renseignement américain, validées par les membres de l’Alliance atlantique, le missile Novator « 9M729 » aurait été conçu pour « cibler les infrastructures militaires et économiques européennes critiques et être ainsi en mesure de contraindre les alliés de l’Otan. » Et l’objectif de la Russie serait ainsi de « maintenir les États-Unis sous contrainte tout en construisant et en déployant discrètement une force de missiles illégaux menaçant l’Europe. »

À la veille d’une réunion des ministres de la Défense des pays membres [ce 26 juin, ndlr], le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg a indiqué que des « réponses » à apporter à la Russie [en cas de sortie du FNI] allaient être discutées.

« Nous ne voulons pas déployer de nouveaux missiles basés au sol en Europe. Mais il faut veiller à une dissuasion et à une défense crédible et efficace », a ajouté M. Stoltenberg. En effet, pour les pays européens, il n’est pas question de revivre la crise des Euromissiles des années 1980, qui débuta quand l’Union soviétique déploya des missiles SS-20, ce qui incita les États-Unis à en faire de même en envoyant sur le Vieux Continent des missiles Pershing II.

Cependant, le secrétaire général de l’Otan n’a pas précisé la nature des réponses qu’il a évoquées. Et comme il n’est pas question de déployer de « nouveaux missiles basés au sol », le champ des possibles s’en trouve réduit. En outre, les tensions entre la Turquie et les États-Unis risquent de compliquer la donne.

Mais pour M. Stoltenberg, la hausse des dépenses militaires consenties par la plupart des Alliés est déjà une réponse en soi. Ce qui n’est pas suffisant puisque cela ne répond totalement pas au défi capacitaire présumé que pose la Russie.

Aussi, il est possible que la défense antimissile de l’Otan soit renforcée. Actuellement, cette dernière repose sur deux sites AEGIS Ashore [dont un seul est opérationnel en Roumanie, même s’il est actuellement en maintenace], un radar l’alerte avancée en Turquie, des destroyers américains AEGIS et des moyens mis à la disposition de l’Alliance par certains États membres [système SAMP/T et Patriot].

Une autre option passerait par l’allongement de la portée des systèmes d’artillerie. En tout cas, c’est une possibilité avancée par le magazine spécialisé Jane’s, avec le developpement du programme PrSM [Precision Strile Missile].

Ce dernier vise à développer un missile d’une portée pouvant aller jusqu’à 500 km afin de remplacer les munitions  de type ATACMS utilisés par les systèmes américains M142 HIMARS [High Mobility Artillery Rocket System], dont certains pays européens [Roumanie, Pologne] songent à se doter.

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