L’armée de Terre veut être un « acteur » du domaine spatial

Outre-Atlantique, même si l’astronaute américaine Anne McClain, qui vient de revenir sur terre après six mois passés dans la station spatiale internationale, est, à l’origine, une pilote d’hélicoptère de l’US Army, l’espace a surtout concerné des membres de l’US Air Force, de l’US Navy, voire de l’aviation de l’US Marine Corps.

Et cela pour une raison simple : la « voie royale » pour espérer être sélectionné en vue d’une mission spatiale passe généralement par un diplôme de pilote d’essais. Diplôme qu’a d’ailleurs obtenu Anne McClain à l’US Naval Test Pilot School avant d’intégrer la Nasa.

Aussi, l’espace n’est pas le milieu que l’on associe naturellement aux forces terrestres, même si ces dernières sont concernées par les applications qu’il autorise, que ce soit dans les domaines du renseignement, de la géolocalisation ou bien encore des télécommunications.

Alors que la France peaufine sa stratégie sur l’espace [elle sera bientôt dévoilée par le président Macron, ndlr], le chef d’état-major de l’armée de l’Air [CEMAA], le général Philippe Lavigne, tient à ce que les aviateurs tiennent un rôle prépondérant.

Lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale, le CEMAA a laissé entendre que l’armée de l’Air pour changer de nom pour devenir « armée de l’Air et de l’Espace ». Et d’assurer même que c’était son « rêve ».

« L’espace est pour l’aviateur la prolongation évidente du milieu aérien », fit valoir le général Lavigne, à une autre occasion. Et pour cause : les officiers de l’armée de l’Air sont « formés » à l’espace dès l’École de l’Air et deux tiers des militaires spécialistes du domaine spatial sont des aviateurs…

En outre, c’est à l’armée de l’Air qu’il revient d’assurer la surveillance de l’espace, via le Centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiaux [COSMOS].

Cela étant, le général Jean-Pierre Bosser, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT] a visiblement une autre lecture. Et on comprend, à la lecture des propos qu’il a tenu lors de sa dernière audition parlementaire, qu’une « armée de l’Air et de l’espace » ne serait pas forcément sa tasse de thé.

« S’agissant de l’espace, on pourrait penser de prime abord que c’est un cadre relevant exclusivement de l’armée de l’Air », a commencé par admettre le CEMAT. Mais, « en réalité, comme la Marine, l’armée de Terre est pleinement concernée » par l’espace car ce milieu « conditionne les liaisons GPS, les liaisons radio, le renseignement et la lutte informatique, offensive comme défensive », a-t-il assuré.

Aussi, a poursuivi le général Bosser, « l’espace deviendra demain le relais de nos yeux et de nos oreilles sur le terrain » et « l’armée de Terre tient à être un des acteurs de ce domaine. »

Cela étant, dans un webdocumentaire du ministère des Armées dédié aux questions spatiales, le général [air] Michel Friedling, qui dirige le Commandement interarmées de l’espace [CIE], a rappelle qu’il s’agit avant toute chose de « répondre aux enjeux qui se pose ». Et ces enjeux sont les « mêmes pour les Américains [qui s’apprêtent à créer une « Space Force », ndlr] et pour nous : chacun y apporte les réponses qu’il estime les plus appropriées en fonction du contexte national », a-t-il ajouté.

« Dans les deux cas, la réponse passe par une organisation adaptée à ces enjeux, c’est-à-dire une organisation agile, flexible, cohérente, lisible qui prenne en compte l’ensemble des aspects de la question », a conclu le général Friedling.

Infographie : Ministère des Armées

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