Après 120.000 heures de plongée, le sous-marin nucléaire d’attaque Saphir sera retiré du service en juillet

Le 12 juillet, à Cherbourg, le sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] Suffren, premier exemplaire de la nouvelle classe Barracuda, sera officiellement lancé à Cherbourg. Ce qui veut dire que sa construction, assurée par Naval Group et TechnicAtome [ex-Areva TA] sous la maîtrise d’oeuvre de la Direction générale de l’armement [DGA] et du Commissariat à l’énergie atomique [CEA], sera terminée. Après une phase d’essais, ce bâtiment sera ensuite livré à la Marine nationale en 2020, soit avec trois ans de retard.

Mais sans attendre la livraison du Suffren, le SNA Saphir, deuxième exemplaire de la classe Rubis, sera retiré du service à la fin du mois de juillet. C’est en effet ce qu’a confirmé le ministère des Armées, ce 24 juin, via un communiqué.

Actuellement commandé par le capitaine de frégate Frenais de Coutard, le Saphir se dirige vers Cherbourg, où il sera désarmé et déconstruit sous la maîtrise d’ouvrage de la DGA.

« En quelques jours, un passage de flambeau historique va être réalisé, mais au-delà du symbole, c’est toute l’excellence française qui se démontre au cours de ces deux événements : d’abord un SNA qui pendant des décennies n’aura jamais failli à sa mission, ensuite l’arrivée d’un bijou technologique qui va permettre à la France de garder son statut et son rang de puissance militaire. Je félicite tous les sous-mariniers du Saphir, anciens et actuels, leur professionnalisme force l’admiration », a commenté Florence Parly, la ministre des Armées.

Mis en chantier en septembre 1979, le Saphir fut admis au service actif le 6 juillet 1984. Lors de ses 35 ans de carrière opérationnelle, ce SNA a parcouru 1.200.000 nautiques et passé plus de 120.000 heures en plongé, soit plus de 13 années…

Si les missions des sous-marins de la Force océanique stratégique [FOST] ne font pas l’objet d’une communication particulière, à la différence des bâtiments de surface, on sait toutefois que le Saphir a notamment participé aux opérations Balbuzard [au large de l’ex-Yougoslavie, en 1993], Kotor [1999] et Harmattan [Libye, 2011]. « Fidèle à la mémoire de ses glorieux homonymes des deux guerres mondiales, le Saphir a participé à de nombreuses missions de l’océan indien aux caraïbes et du grand nord aux côtes sud-américaines », rappelle le ministère des Armées.

Mais ce dernier n’évoque pas l’une des prouesses réalisées par le Saphir… Sans doute pour une raison « diplomatique ». En mars 2015, lors de manoeuvres avec l’US Navy au large de la Floride et jouant le rôle « d’agresseur », ce SNA avait fictivement coulé le porte-avions USS Theodore Roosevelt ainsi que la « majeure partie de son escorte. »

Le programme Barracuda ayant pris du retard, la Marine nationale a dû prolonger la vie opérationnelle du SNA Rubis et étudierait la possibilité d’en faire de même avec le Casabianca, ce dernier venant d’établir un « record » avec un déploiement de 137 jours et 2.678 heures de plongée [selon Mer&Marine, ndlr].

Quoi qu’il en soit, et s’agissant du Suffren, le « premier équipage, dont un noyau a suivi la phase de construction, sera créé le 12 juillet, pour se préparer à conduire les essais en vue des opérations futures », indique le ministère des Armées.

Plus imposants que ceux de la classe Rubis [99,5 mètres contre 73,6 m] et mis en oeuvre par un équipage de 60 sous-mariniers, les SNA de la classe Suffren [ou Barracuda] seront équipés d’un système de combat [SYCOBS] identique à celui utilisé par les sous-marins nucléaire lanceur d’engins [SNLE]. Si leurs missions seront identiques aux sous-marins qu’ils remplaceront [soutien à la dissuasion, protection du groupe aéronaval, recueil renseignement, lutte sous-marine, ndlr], ils seront aussi en mesure d’embarquer des nageurs de combat dotés du propulseur sous-marin [PSM] de troisième génération pour les opérations spéciales et effectuer des frappes contre terre avec leurs missiles de croisière [MdCN].

Pour rappel, cinq exemplaires ont été commandés, sur un programme devant en compter six, pour un coût total de 8 milliards d’euros.

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