Les « effecteurs connectés » devraient tenir une place essentielle dans le Système de combat aérien futur

Actuellement, il y a deux projets d’avions de combat de nouvelle génération en Europe occidentale : le Sytème de combat aérien du futur [SCAF], conduit par Dassault Aviation et Airbus DS dans le cadre d’une coopération association la France, l’Allemagne et l’Espagne ainsi que le programme Tempest, lancé en juillet 2018 par le Royaume-Uni, avec BAE Systems et l’italien Leonardo.

Implanté des deux côtés de la Manche, le missilier MBDA pourrait être la passerelle entre ces deux projets. D’ailleurs, c’est ce qu’il a sous-entendu dans son communiqué diffusé à l’occasion du salon de l’aéronautique et de l’espace du Bourget pour présenter sa « vision sa vision des capacités qui seront au cœur des systèmes de combat aérien de nouvelle génération européens. »

Le SCAF comme le Tempest auront évidemment besoin de missiles et d’engins d’un genre nouveau appelés « remote-carriers » ou, en français, « effecteurs déportés », c’est à dire des systèmes qui sont à la fois des drones et des missiles.

Selon MBDA, ces engins aideront à « pénétration des dispositifs adverses » grâce aux effets multiples « létaux et non létaux » qu’ils seront susceptibles de provoquer ainsi que par les « services nouveaux [renseignement, ciblage, confusion des senseurs de l’ennemi] qu’ils apporteront.

En clair, ces effecteurs déportés [ou connectés] seront en mesure de désigner les cibles pour d’autres avions, réaliser des missions de reconnaissance et/ou de guerre électronique ou encore saturer les défenses adverses.

Au Bourget, le missilier a présenté deux types d’effecteurs déportés : le RC-100 et le RC-200. Ils « sont compacts, discrets, collaboratifs avec les armements et les plateformes et mis en œuvre depuis des avions de combat, des gros porteurs ou des navires. Ils constituent pour les plateformes et les armements qu’ils soutiennent ou accompagnent, des extenseurs de capacités », précise-t-il.

En outre, pour MBDA, les effecteurs connectés « auront une place essentielle au sein du réseau de combat, en échangeant en temps réel avec les plateformes et les autres nœuds du réseau, les informations tactiques et les coordonnées d’objectifs pour apporter les effets opérationnels désirés. Ils devront aussi pouvoir déployer des stratégies de survivabilité robustes face à des menaces fortement évolutives. »

Aussi, ces « remote-carriers » seront incontournables selon la « vision » de MBDA sur les systèmes de combat aérien de nouvelle génération, lesquels devront faire face « à des menaces en constante évolution et aux stratégies de déni d’accès de l’adversaire qui se complexifient, multiplient les effets et combinent à grande échelle les moyens sol-air et air-air. »

Dans ces conditions l’enjeu, pour MBDA, est de pouvoir disposer « de capacités visant à « recréer la supériorité aérienne localement et temporairement pour assurer le passage des raids d’avions et d’effecteurs aériens. »

Outre ces « remote-carriers », le missiliers a d’autres concepts sous le coude pour répondre aux besoins des opérations aériennes futures. Ainsi, en est-il pour les missiles de croisière, qui auront des capacités de pénétration supérieures à ceux actuellement en service. Et MBDA propose deux projets : un missile polyvalent supersonique pour viser les cibles de haute valeur et un missile subsonique furtif pour réaliser des frappes dans la profondeur.

Pour les frappes tactiques, l’industriel développe des bombes planantes non propulsés appelées « SmartGlider ». Deux variantes sont à l’étude, dont une lourdre [1.200 kg] et une légère [120 kg]. Ces « armements compacts, stand-off et connectés, apportant précision, maîtrise des effets mais aussi des capacités de saturation des défenses adverses grâce à des comportements de meutes ou d’essaims », explique MBDA. L’intelligence artificielle y tiendra un rôle prépondérant.

S’agissant des missiles air-air, l’industriel n’a pas de nouveauté dans sa besace : « le Meteor qui est sans rival aujourd’hui, maintiendra son avance pour être un atout pour les avions de combat de la nouvelle génération », assure-t-il.

Enfin, l’autoprotection est aussi une capacité primordiale. D’où le système Hard Kill antimissile que propose MBDA. Ce dispositif est destiné « à contrer les missiles intercepteurs et à apporter une protection essentielle dans le combat ‘stand-in’ au cœur du dispositif adverse, quand les contremesures et le leurrage ne suffisent plus. Un tel système est à même de contrer les défenses saturantes et de changer les rapports de force  » Et d’ajouter : « C’est également un système essentiel pour protéger les avions de mission dans les environnements les plus hostiles. »

Quoi qu’il en soit, l’industriel se pose en acteur incontournable des futurs systèmes de combat aérien européens. « Maîtrisant les technologies essentielles ainsi que les étapes de la boucle d’engagement OODA [Observation, Orientation, Décision, Action], qui va de la détection-localisation de l’objectif jusqu’à l’évaluation des dommages, MBDA se positionne comme architecte de cette chaîne de décision-action, qui va connaître des ruptures conceptuelles et doctrinales significatives », fait-il en effet valoir.

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