L’armée de Terre se plaint de l’insuffisance des capacités d’aérolargage

Au Sahel, le ravitaillement des postes avancés de la force Barkhane se fait par deux moyens : le convoi terrestre « classique » et la livraison par air [LPA], c’est à dire les parachutages.

Pour l’armée de Terre, le second moyen est, de loin, le plus intéressant. En effet, un convoi terrestre mobilise beaucoup de ressources [camions, bien sûr, mais aussi éléments du génie, force de protection, etc] tout en étant susceptible d’être la cible d’attaques. En outre, étant donné les conditions de la BSS, les véhicules sont soumis à rude épreuve et il faut parfois compter jusqu’à 48 heures pour ne faire qu’une centaine de kilomètres seulement. Et les difficultés prennent de l’ampleur quand vient la saison des pluies.

Plus rapides et plus sûrs, les LPA, assurées par l’armée de l’Air et le 1er Régiment du train parachutiste [RTP], avait permis de livrer 258 tonnes de fret aux emprises isolées de Barkhane en 2016. Même chose en 2017. Qu’en est-il actuellement?

« Cette année, les chiffres en matière de capacités d’aérolargage seront sans doute les plus faibles des trois dernières années car nous sommes au point mort bas, entre la perte des Transall et l’attente de la montée en puissance de l’A400M », a indiqué le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], le général Jean-Pierre Bosser, lors d’une audition à l’Assemblée nationale. Et cela vaut aussi pour les opérations aéroportées [OAP].

« S’agissant […] de la mobilité des troupes, il est vrai que je ne suis pas très content de la transition entre le Transall, qui est en train de mourir, et l’A400M, pour une raison simple : si l’A400M est un avion exceptionnel en termes de transport logistique, il ne l’est pas du tout, à ce stade, en termes de transport tactique », a expliqué le CEMAT.

« Pour l’instant, on ne sait pas larguer de parachutistes autrement que par une seule porte – pour un avion qui devait quand même être un des meilleurs du monde! », s’est insurgé le CEMAT.

L’armée de l’Air a reçu son 15e avion A400M en avril dernier, soit le premier à être « livré directement dans un standard tactique incluant notamment un domaine d’emploi à partir de terrains sommaires élargi et une capacité d’approche autonome en tout temps des zones d’atterrissage. »

« Les capacités tactiques de ce 15e aéronef illustrent le chemin récemment parcouru vers le standard cible : aérolargage de parachutistes par une porte latérale, ravitaillement en vol d’un autre aéronef de transport en point central et amélioration des performances sur terrains sommaires », avait alors souligné la Direction générale de l’armement [DGA].

Deux nouvelles capacités tactiques sont attendues à l’automne prochain : l’éjection de charges lourdes jusqu’à 16 tonnes ainsi que le ravitaillement en vol par le point central au profit d’autres A400M et des Transall C-160. Le largage des parachutistes par les deux portes latérales attendra donc encore un peu.

« L’A400M étant sur trajectoire, nous pouvons tous espérer qu’en termes de largage de matériel ou de personnel, il remplisse la mission qu’on attend de lui, sachant que la France est un des rares pays au monde qui fasse encore de la mise à terre par la verticalité », veut croire le général Bosser. « On l’a bien vu pendant l’opération Serval : une opération visant à s’emparer d’un aéroport et à évacuer des populations peut commencer par une manœuvre d’assaut vertical », a-t-il conclu.

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