Selon le général Bosser, les préoccupations liées au pouvoir d’achat « fragilisent » le moral au sein de l’armée de Terre

Dans sa dernière revue annuelle, publiée en décembre 2018, le Haut Conseil d’Évaluation de la Condition Militaire [HCECM], a dressé un constat identique aux années passées.

Ainsi, dans sa revue éditée en 2016, le HCEM écrivait : sur la période 2008-13, « comparé au niveau de vie annuel moyen des ménages, toutes catégories socioprofessionnelles confondues, celui du ménage dont la personne de référence est un militaire est inférieur de plus de 6 % alors que celui du ménage dont la personne de référence est un fonctionnaire civil de l’État est supérieur de 12 %. »

Deux ans plus tard, le HCECM aurait pu faire un copié-collé si l’écart qu’il décrivait en 2016 ne s’était pas aggravé. « Comparé au niveau de vie annuel moyen des ménages, toutes catégories socioprofessionnelles confondues, celui du ménage dont la personne de référence est un militaire est inférieur de 6,8 %,
alors que celui du ménage dont la personne de référence est un fonctionnaire civil de l’État est supérieur de 12,3 % », lit-on dans la revue 2018.

Alors qu’elles ont dominé l’actualité économique et sociale de ces derniers mois, les questions relatives au pouvoir d’achat et au niveau de vie constituent une source de fragilité du moral des militaires de l’armée de Terre. C’est, en tout cas, ce qu’a affirmé le chef d’état-major de cette dernière [CEMAT], le général Jean-Pierre Bosser, lors de sa dernière audition à l’Assemblée nationale avant de ses adieux aux armes.

Le moral au sein de l’armée de Terre est « bon, légèrement à la hausse », a dit le CEMAT. Seulement, a-t-il ajouté, « je considère qu’il demeure fragile ».

En effet, a-t-il expliqué, comme « l’armée de Terre est le reflet de la société, elle n’est pas immunisée contre ses fragilités et ses mots. Toutes les tables rondes auxquelles je participe me le confirment : […] il y a des préoccupations liées au pouvoir d’achat. »

« Les rémunérations et leur faible évolution sont problématiques, dans un contexte de pression fiscale et d’augmentation du coût du logement. Cette pression est renforcée par le coût de la mobilité », a enchaîné le général Bosser.

Par ailleurs, le CEMAT a renouvelé ses avertissements au sujet de la réforme des retraites à venir et au chantier de la « nouvelle politique de rémunération des militaires » [NPRM]. Ce sont des « enjeux majeurs pour l’armée de Terre » qui « doivent être envisagés de manière globale en respectant notre singularité et en prenant en compte leur impact sur le moral, sur l’attractivité du métier des armes et sur la condition du personnel », a-t-il dit.

Et le général Bosser d’insister : « Il faut conserver à l’esprit, dans ces travaux de réformes, que les équilibres sont d’autant plus fragiles que nous touchons à l’humain. »

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