Drone américain abattu par l’Iran : Le président Trump brandit le bâton avant de se raviser

Pour le Pentagone, le drone HALE [Haute Altitude Longue Endurance] de type BASM-D [version navale du RQ-4 Global Hawk], abattu par l’Iran le 19 juin, volait dans l’espace aérien international, précisément à 34 km des côtes iraniennes. Ce que conteste Téhéran, qui a produit des « preuves » de ses affirmations.

Ainsi, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a indiqué la position du drone au moment où il a été frappé par un missile surface-air : 25°59’43 » [de latitude Nord et] 57°02’25 » [de longitude Est] ». C’est à dire que l’appareil américain ne survolait pas l’Iran mais les eaux territoriales iraniennes.

« Nous avons retrouvé des morceaux du drone militaire américain dans NOS eaux territoriales à l’endroit où il a été abattu », a d’ailleurs précisé le ministre iranien.

En outre, les autorités iraniennes ont diffusé une animation montrant le parcours suivi par le drone américain jusqu’à sa chute. Mais elles ne précisent les moyens utilisés pour déterminer la trajectoire de l’appareil.

Une vidéo montrant le tir – de nuit – d’un missile 3rd Khordad du système de défense aérienne iranien Raad a également été diffusée. Seulement, il est bien difficile de préciser l’appareil que cet engin a touché. L’agence iranienne Tasnim a ensuite publié une photographie [prise de jour] censée montrer la chute du drone américain.

Enfin, la télévision iranienne a montré des images de débris présentés comme provenant de l’épave du Global Hawk. Sur les clichés qui en ont été tirés pour être publiés sur les réseaux sociaux, on ne voit aucun numéro de série, ce qui rend compliqué toute identification. Cela étant, ces documents ne donnent pas d’indication sur l’endroit exact où le drone se trouvait avant d’être abattu.

De son côté, l’US Centcom, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale, a aussi produit des documents. Dont la carte de la trajectoire suivi par le drone et une photographie du drone en feu. Ainsi, l’appareil aurait été abattu à 25°57’42 » de latitude Nord et 56°58’22 » de longitude Est [voir ici]. Autre différence avec les « preuves » données par l’Iran : l’horaire. Il y a en effet un écart de 4 minutes entre entre les deux versions.

Quoi qu’il en soit, et selon le New York Times, le président Trump était à deux doigts de donner son feu vert à une riposte des forces américaines contre des positions tenues par le Corps des gardiens de la révolution [IRCG], dont des radars et des batteries de missiles. Alors que le dispositif se mettait en place, le chef de la Maison Blanche se serait ravisé.

Étant donné le contexte, de telles affirmations sont à prendre avec précaution. Toutefois, des sources gouvernementales iraniennes ont confié à l’agence Reuters que le président Trump avait envoyé un message à Téhéran.

« Dans son message, Trump dit qu’il est contre une guerre avec l’Iran et qu’il veut discuter avec Téhéran de plusieurs sujets. […] Il a donné un court délai pour qu’une réponse lui soit donnée, mais dans l’immédiat, notre réponse, c’est qu’il revient à notre guide suprême de se prononcer », a affirmé un des interlocuteurs de l’agence de presse.

« Nous avons clairement indiqué que le guide est contre toute discussion mais le message lui sera transmis pour qu’il prenne une décision. […] Nous avons toutefois prévenu le responsable d’Oman [qui a relayé le message américain] que toute attaque contre l’Iran aurait des conséquences régionales et internationales », a ajouté ce responsable iranien.

Par ailleurs, le commandant Amirali Hajizadeh, qui dirige la division aérospatiale de l’IRCG, a remis une pièce dans la machine en affirmant que ses hommes s’étaient abstenus d’abattre un avion de patrouille américain P-8 Poseidon qui accompagnait le drone HALE, assurant que cet appareil s’était aussi aventuré dans l’espace aérien iranien. « Nous aurions pu l’abattre, nous ne l’avons pas fait », a-t-il dit, selon l’agence Tasnim.

En attendant, cet incident à proximité du détroit d’Ormuz a des conséquences sur le trafic aérien civil, plusieurs compagnies aériennes ayant ont indiqué avoir suspendu tout survil de cette région.

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