Des bombardiers américains B-52H ont donné du grain à moudre aux chasseurs russes Su-27 « Flanker »

Actuellement, deux exercices majeurs se déroulent dans la région de la Baltique et dans celle de la mer Noire, à savoir BALTOPS 2019 et Saber Guardian.

Ainsi, organisé sous l’égide de la 2e Flotte de l’US Navy, récemment réactivée pour faire face aux menaces dans l’Atlantique Nord, Baltops 2019 implique des moyens engagés par les forces maritimes, aériennes et terrestres de 18 pays, soit 8.600 militaires, une cinquantaine de navires et de sous-marins et une quarantaine d’aéronefs.

« La mer Baltique est en effet d’une importance stratégique vitale pour l’Alliance, et est bordée par six pays de l’Otan. ’exercice BALTOPS, qui en est à sa 47e édition, n’est dirigé contre personne – mais il est clair que l’environnement de sécurité dans la région s’est détérioré après l’annexion illégale de la Crimée par la Russie. Cet exercice permet de vérifier que nos forces travaillent efficacement ensemble, et il montre que l’Otan peut se défendre contre n’importe quel adversaire », a commenté Oana Lungescu, la porte-parole de l’Alliance atlantique.

Quant à l’exercice Saber Guardian, qui mobilise 13.500 soldats venus de 8 pays, vise à « souligner la cohésion, l’unité et la solidarité des États partenaires et alliés dans le but de se défendre contre tout type d’agression, notamment par une mobilisation et une concentration rapides des forces dans un court laps de temps, partout en Europe. »

Le 17 juin aura été un jour un peu particulier dans la mesure où trois bombardiers B-52H Stratofortress du 5th Bomb Wing de l’US Air Force ont été engagés dans ces deux exercices depuis Minot Air Force Base [Dakota du Nord].

« Les missions de bombardiers stratégiques améliorent la préparation et la formation nécessaires pour faire face à toute crise ou à tout défi potentiel dans le monde », a expliqué l’US Air Force, dans un communiqué annonçant l’engagement, en Europe, de ces trois B-52H, capables d’effectuer des frappes conventionnelles ou nucléaires. Ayant laissé leurs transpondeurs allumés [ce qui n’est pas le cas des avions russes quand ils viennent « tester » les défenses de l’Otan et celles du NORAD, ndlr], il a été possible de suivre leurs traces.

Ainsi, dans le détail, deux de ces bombardiers [indicatifs Hodor 51 et Hodor 52] ont rejoint la Roumanie pour participer à l’exercice Saber Guardian. L’un d’eux [Hodor 52] a quitté la formation pour survoler la mer Noire et se diriger vers la Crimée, annexée en mars 2014 par la Russie, qui y a installé des systèmes de défense aérienne S-400 et S-300 et déployé des avions de combat sur au moins quatre bases.

Ce B-52H a évolué jusqu’à 40 milles des côtes de la péninsule avant de faire demi-tour. Évidemment, les forces aériennes russes ont réagi en envoyant au moins un chasseur Su-27 « Flanker » à la rencontre du bombardier américain.

A priori, l’interception n’a pas donné lieu à des manoeuvres « dangereuses » et « non professionnelles », comme cela a été souvent dénoncé par le passé. Sauf erreur, c’est la première fois qu’un bombardiers de l’US Air Force a été intercepté par la chasse russe dans cette région, régulièrement « visitée » par des avions de renseignement ou de patrouille maritime américains [ou de l’Otan].

Cela étant, les vols d’avions militaires russes à proximité des espaces aériens des pays de l’Otan riverains de la mer Noire sont aussi monnaie courante. Comme cela est d’ailleurs aussi le cas dans la région de la Baltique.

Encore récemment, Helsinki [qui n’est pas membre de l’Otan, ndlr] a indiqué que deux avions russes – un An-72P [patrouille maritime] et un An-12 BK [renseignement électronique] avaient été interceptés par une patrouille de F/A-18 Hornet de ses forces aériennes au-dessus du golfe de Finlande.

Le 17 juin, la Royal Air Force a fait savoir que ses Eurofighter Typhoon engagés dans la mission Baltic Air Policing de l’Otan, avaient intercepté un chasseur russe Su-30 au nord de l’Estonie ainsi que, dans une séquence différente, un avion de transport IL-76 Candid escorté par un autre Su-30.

Quoi qu’il en soit, le troisième B-52 ayant décollé de Minot Air Force Base [Hodor 53] a survolé la Baltique dans le cadre de l’exercice Baltops. Comme Hodor 52 au large de la Crimée, le bombardier a aussi été intercepté par une patrouille russe de Su-27 « Flanker » alors qu’il évoluait dans l’espace aérien international.

Une telle « interaction » entre un B-52H et la chasse russe au-dessus de la mer Baltique n’est pas inédite : cela s’est déjà en effet produit à plusieurs reprises, comme en juin 2017 ou encore en mars dernier.

Par la suite, les trois bombardiers américains ont pris le chemin du retour, en passant par le Royaume-Uni [du moins pour Hodor 51 et 52]. Seulement, l’un d’eux – Hodor 51 – a eu un problème au niveau de deux de ses moteurs, ce qui l’a contraint à se poser, aux environ de 19 heures [locales] à Mildenhall.

Le ministère russe de la Défense a en outre précisé qu’à aucun moment les avions américains n’avaient violé l’espace aérien de la Russie. Et d’assurer que leur interception a été faite dans « le strict respect du droit aérien international », vidéo à l’appui.

Par ailleurs, un drone HALE [Haute Altitude Longue Endurance] RQ-4 Global Hawk a été signalé au-dessus de la mer Noire, non loin de la Crimée, environ 24 heures après l’interception du B-52H par la chasse russe.

Photo : archive

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