Son alliance avec Fincantieri étant sur les rails, Naval Group discute d’une alliance avec Leonardo pour les torpilles
Initialement, le rapprochement entre le français Naval Group et l’italien Fincantieri devait s’inspirer de l’alliance entre Renault et Nissan. Ainsi, les deux constructeurs navals auraient partagé une même base technologique, partagé leurs réseaux commerciaux et lancé des projets communs [sauf dans le domaine des sous-marins, ndlr]. Ce qui supposent des échanges d’actions entre les deux industriels.
Cependant, avec un contexte marqué par une dégradation des relations franco-italiennes, cette ambition a été abandonnée au profit d’une solution plus pragmatique. En octobre 2018, à l’occasion du salon Euronaval, Naval Group et Fincantieri ont effet annoncé leur intention de créer une co-entreprise qu’ils détiendraient à parts égales. Et il aura donc fallu attendre environ huit mois pour en régler les détails.
En effet, le 14 juin, à bord de la frégate multimissions Frederico Martinengo, amarrée à La Spezia [Italie], les Pdg des deux groupes, à savoir Hervé Guillou pour Naval Group et Giuseppe Bono pour Fincantieri, ont signé l' »Alliance Cooperation Agreement », c’est à dire l’accord qui « fixe les termes opérationnels » de leur futur co-entreprise.
« Nous sommes très satisfaits des résultats obtenus et, surtout, nous souhaitons remercier nos gouvernements qui ont travaillé main dans la main avec nous au cours de ces derniers mois et continuent à le faire aujourd’hui, afin de parvenir à un accord qui puisse assurer la protection des actifs souverains tout en promouvant la coopération entre nos deux équipes. Cet engagement nous permettra de mieux servir nos marines, de fournir le support adéquat aux opérations à l’export et établira de manière effective les fondations d’une industrie de défense Européenne renforcée », ont déclaré MM. Guillou et Bono, dans le communiqué commun aux deux groupe.
Pour le Pdg de Naval Group, qui s’est confié à l’AFP, cet accord est « l’aboutissement d’une ambition industrielle partagée, qui est le positionnement à long terme de l’industrie navale européenne dans un marché international qui s’est profondément transformé. » Et d’ajouter : « Nous sommes de très loin les deux plus gros acteurs européens du naval, mais qui sur leur seul marché domestique ne peuvent pas entretenir la totalité de leurs compétences et maintenir leur compétitivité. »
Concrètement, cet accord permettra aux deux constructeurs navals de « partager leurs bonnes pratiques, de »mener ensemble des projets de recherche et développement sélectionnés, d’optimiser les processus d’achat et de préparer conjointement les offres pour les programmes binationaux et les marchés à l’export ».
Cette co-entreprise aura son siège social à Gênes et une « filiale » [bureau d’études, ndlr] à Ollioules, dans le Var. Chacun des deux groupes nommera chacun trois membres de son conseil d’administration. Pour les trois prochaines années, son président et son directeur des opérations sera nommé par Fincantieri tandis que son directeur général exécutif et son directeur financier seront issus des rangs de Naval Group.
« En raison de l’importance stratégique accordée par Fincantieri et Naval Group à cette opération, les membres du conseil d’administration incluront Giuseppe Bono, nommé président de la JV [Joint Venture, ndlr]et Hervé Guillou », précise le communiqué.
Pour le Pdg de Naval Group, il s’agit de compléter le carnet de commande de son groupe « d’environ 40 à 50% d’export en plus des commandes du ministère des Armées ».
« Nous devons arriver à exécuter avec des tarifs 30% inférieurs à ceux de certains de nos homologues occidentaux, les navires pour la marine française, mais aussi à maintenir nos compétences entre les développements des programmes français », a encore expliqué M. Guillou à l’AFP. Selon lui, cela pourrait générer, en moyenne, un gain de « 400 millions d’euros » par an pour la Marine nationale. « Les Italiens ont un enjeu similaire », a-t-il dit.
Avec ce rapprochement entre Naval Group et Fincantieri, l’objectif est d’obtenir jusqu’à 4 à 5 milliards d’euros de prises de commandes supplémentaires à l’exportation d’ici les 10 prochaines années.
Les choses sérieuses vont vite commencer pour cette co-entreprise [dont le nom n’a pas été dévoilé]. Dès le mois de juillet, elle prépara une offre sur les études relatives à la modernisation des frégate de défense aérienne [FDA, classe Horizon]. Et « nous nous sommes déjà mis d’accord avec les États sur cinq projets de R&D pour effectuer des offres en commun et déposer aussi avec le soutien de Paris et Rome un dossier à Bruxelles pour l »European patrol corvette », a confié Hervé Guillou.
Mais le Pdg de Naval Group n’entend pas s’arrêter là . En effet, il a également évoqué des discussions avec un autre groupe italien, en l’occurrence Leonardo, dans le domaine des torpilles.
« Cela fait déjà une bonne année qu’on a des discussions actives sur le projet Marlin », a dit M. Guillou. « On a un peu la même problématique sur les torpilles que sur les navires : on est dans un marché très fragmenté, un marché de coups avec des concurrents plus nombreux qu’avant, pour lequel l’union fait la force », a-t-il expliqué, selon l’agence Reuters.
Pour rappel, Naval Group a déjà collaboré avec Leonardo [et Thales] pour mettre au point la torpille légère MU-90, dans le cadre du groupement européen d’intérêt économique (GEIE) Eurotorp.
Photo : FREMM proposée au Canada par Naval Group et Fincantieri
La JV est la meilleure collaboration possible.Chacun garde son identité et en cas de manquements aux accords signés,on peut se retirer du jour au lendemain de l’alliance.sans les remous habituels.
 »Des tarifs 30 % inférieurs a ceux de certains concurrents » S’ils se comparent a certains chantiers américains, ils peuvent augmenter leurs prix sans souci
Plus sérieusement, a quel projet Marlin fait on référence ici ? Je suis tombé sur celui-ci mais cela se passe en mer, cela n’a pas grand chose a voir avec une torpille :
https://www.pole-mer-bretagne-atlantique.com/fr/actualites-2/29-a-la-une/1557–marlin-developper-des-echangeurs-thermiques-et-conduite-deau-profonde-pour-lenergie-thermique-des-mers-etm
https://www.meretmarine.com/fr/content/torpilles-le-complexe-rapprochement-franco-italien
Si c’est pour faire pareil qu’avec la MU 90, je propose de conserver le même nom. Compte tenu des retards historiques accumulés par sa grande sÅ“ur, la suivante devrait être prête pour 2090, date optimiste…
Sinon le produit est comment relativement à la concurrence US/Uk ?
L’europe politique trainant des pieds.. je trouve plutôt intelligent de passer par l’europe des entreprises.
Ces dernières ont une politique à long termes, et ne sont donc pas gênées par une éventuelle réélection.
Entre parenthèse la FREMM proposée aux canadiens a plutôt une bonne gueule!
C’est là où vous vous trompez !
Les groupes cotés à la bourse ont malheureusement un fonctionnement très politique.
Les CEO (PDG) réfléchissent et appliquent des stratégies très proches aux politiques. Un PDG commençant son mandat se sent dans la plupart des cas obligé de faire des révolutions. Donc il va soit investir massivement, soit couper le nombre de postes en fonction du prédécesseur…
Souvent, le profit à court terme (bloquer la R&D et se concentrer sur la commercialisation immédiate) est le seul intérêt des PDG pour satisfaire aux attentes des actionnaires.
Les actionnaires attendent un dividende permettant un certain retour sur investissement. Et le but du PDG va être d’avoir la solution pour cela à court terme.
MAIS le risque c’est qu’à long terme la politique déterminée réduise les profits possibles. Et vous avez des PDG qui sont appréciés des actionnaires qui vont rester 3-4 ans dans une entreprise, et au moment où les choses deviennent compliquées, ils partent. Et les autres groupes s’y intéressent, car les actionnaires décident des PDG. Et comme les profits à court terme les intéresse, peu importe si la stratégie est mauvaise à long terme, tant que les dividendes sont bons maintenant.
…
Pour avoir travaillé dans de grosses entreprises familiales, et des multinationales cotées en bourse, la différence de fonctionnement est flagrante. Et le long terme est chose plutôt rare dans ces groupes. Et l’un des problèmes est la fixation des objectifs des employés. Les objectifs poussent souvent à n’avoir aucun bon sens et surtout aucune honnêteté. Réaliser l’objectif même si il est contraire à l’intérêt de l’entreprise est la situation générale.
Donc au final, je me suis rendu compte que ces entreprises fonctionnent comme les USA d’une certaine manière.
C’est l’alternance systématique, avec une politique de court terme, influencé par des intérêts autre que l’entreprise, et en laissant les problèmes pour les successeurs…