Les forces françaises aideront l’alliance arabo-kurde à « détruire » les cellules dormantes de l’EI en Syrie

Fin 2018, le président Trump avait annoncé le retrait des 2.000 militaires américains déployés aux côtés des Forces démocratiques syriennes [FDS, alliance arabo-kurde] pour combattre l’État islamique [EI ou Daesh]. Ce qui avait causé un certain émoi… dans la mesure où l’organisation jihadiste contrôlait encore des territoires sur la rive orientale de l’Euphrate et que la Turquie menaçait de lancer une opération militaire contre les milices kurdes syriennes.

Depuis, la décision de M. Trump a été amendée. Dans un premier temps, et alors que l’EI perdait Baghouz, la dernière localité qu’il contrôlait dans la province de Deir ez-Zor, il fut avancé que 400 soldats américains resteraient en Syrie… Mais le Pentagone a changé ses plans : cet objectif devrait être atteint à l’automne 2020, le retrait des forces américaines devant se faire progressivement [tous les six mois, ndlr], en fonction de la réalité du terrain.

Or, comme l’a expliqué la ministre française des Armées, Florence Parly, de sa visite au 4e Régiment d’hélicoptères de forces spéciales [RHFS] de Pau, le 13 juin, le menace qu’incarne l’EI n’a pas disparu avec la perte de son « califat ».

« Daesh est en quelque sorte déterritorialisé. Daesh est dispersé mais Daesh est réorganisé. Daesh est toujours menaçant, au moins autant qu’en 2012. En Irak, il s’est renforcé à Hawijah, dans les monts Hamrin, dans la plaine de Ninive, dans l’Anber. En Syrie, il harcèle les FDS à Deir ez-Zor, mais aussi à Raqqa et ailleurs. Il a réorganisé ses cellules, sa communication, ses structures internes. Il a aménagé sa clandestinité. Il a d’ailleurs théorisé cette période de repli offensif. Même lorsqu’elle croupit dans les prisons kurdes, ce n’est pas une armée qui se rend : c’est une armée qui attend son heure », a expliqué Mme Parly.

Aussi, a poursuivi la ministre, et comme « nous continuerons de mettre tous les moyens nécessaires dans la lutte contre ceux qui nous menacent », les forces françaises restent engagées au Levant. Cependant, et à l’instar de leurs homologues américaines, elles y ont réduit la voilure depuis la défaite de Daesh à Baghouz, avec notamment le retrait d’Irak de la Task Force Wagram. Restent engagés, dans le cadre de l’opération Chammal, des avions Rafale [depuis la Jordanie et les Émirats arabes unis], des instructeurs auprès des troupes irakiennes [TF Narvik et Monsabert], des moyens navals et des forces spéciales.

La présence de ces dernières, en particulier en Syrie, a été confirmée par Sylvie Goulard, qui avait brièvement occupé le poste de Mme Parly en 2017 ainsi que par James Mattis, l’ex-chef du Pentagone [qui fit d’ailleurs les frais, entre autres, de l’annonce de M. Trump au sujet du retrait américain de Syrie, ndlr].

Quoi qu’il en soit, à Pau, Mme Parly a rappelé que le président Macron avait « décidé que nous maintiendrons une présence robuste dans la coalition contre Daesh au Levant, et cela, malgré la réduction de la présence américaine ».

Et, a priori, le maintien de cette « présence robuste » ne vise pas seulement à continuer à former les soldats irakiens…

« Il faudra aider nos partenaires des FDS à passer au tamis l’Est de l’Euphrate, à détruire les cellules dormantes, et à empêcher tout regain », a en effet lâché Mme Parly. « Ce moment de stabilisation devra s’accompagner d’efforts accrus sur le volet politique », a-t-elle ensuite ajouté.

L’un des enjeux est d’éviter autant que possible la fuite des sympathisants de l’EI. « Certains des milliers de combattants piégés à l’Est de l’Euphrate se disperseront ailleurs, au gré de leurs origines : en Libye, en Afghanistan, en Asie du Sud-Est, dans les Balkans, mais peut-être demain aussi au Maghreb – de très nombreux combattants en étant originaires. Et en France aussi, que les combattants soient originaires de notre pays, ou d’un des pays du Maghreb avec lesquels nos destins sont liés », a prévenu la ministre.

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