Malgré un budget en forte hausse, les forces armées australiennes peinent à trouver des recrues

Le Livre blanc sur la défense publié par Canberra en 2016 [.pdf] prévoyait une hausse significative des dépenses militaires afin de financer un vaste programme visant à moderniser les capacités des forces australiennes ainsi qu’une modeste progression des effectifs de ces dernières.

Cet effort, était-il expliqué à l’époque, se justifiait par un contexte stratégique de plus en plus incertain pour l’Australie, marqué notamment par l’affirmation de la puissance chinoise et la remise en cause, par Pékin, des règles internationales, en particulier en mer de Chine méridionale. Et estimant qu’il serait de plus en plus compliqué de compter sur la seule puissance militaire américaine, le document plaidait pour des forces armées australiennes plus autonomes dans certains domaines.

Ainsi, ce Livre blanc sur la Défense préconisait de faire passer le budget militaire australien de 21 à plus de 58 milliards de dollards australiens en 2025-26, avec un pallier à 42,3 milliards [soit 2% du PIB] en 2020-21.

D’après une étude de l’Australian Strategic Policy Institute [ASPI], la politique budgétaire menée par le gouvernement australien depuis 2016 est globalement en phase avec cette trajectoire financière, même si la part du budget de la défense [porté à 38,7 milliards de dollars australiens] devrait passer de 1,94% à 1,93% du PIB en 2019-20 étant donné la progression plus rapide du PIB par rapport aux dépenses militaires.

Cela étant, et même si l’étude en question craint que les objectifs prévus ne soient pas tenus en raison des efforts financiers qu’ils supposent après 2021-22, la Forces de défense australiennes [ADF] ont un problème urgent à régler : celui de leurs effectifs.

Ainsi, le Livre blanc prévoyait de porter les effectifs des ADF de 58.000 à 62.400 personnels, ce qui « ne représentait qu’une augmentation de 8% pour couvrir les besoins créés par la complexité sans cesse croissante de l’organisation de la Défense et de ses composantes », souligne l’étude. Or, sur les 1.730 recrues supplémentaires espérées entre 2016 et 2018, seules 600 ont été au rendez-vous.

Ce problème de ressources humaines semble affecter particulièrement la Royal Australian Navy. En effet, le rapport de l’ASPI cite l’exemple de la frégate HMAS Perth, qui « restera à quai pendant deux ans après sa dernière mise à niveau, faute d’équipage. »

Ce déficit de personnel n’est pas nouveau. En 2011, la marine australienne espérait pouvoir recruter des spécialistes britanniques, victimes des coupes dans le budget de la Royal Navy pour trouver les spécialistes qui lui faisaient alors défaut. Et, a priori, les causes du problème sont quasiment les mêmes ajourd’hui qu’il y a 8 ans.

L’une est liée au vieillissement de la population australienne, ce qui fait que le « vivier » pour le recrutement se rétrécit inéluctablement. Une autre a trait à la situation économique, qui fait que les forces australiennes ont toujours du mal à s’aligner sur les salaires proposés par le secteur privé. Cela étant, l’Australie n’est pas le seul pays à faire face à ce type d’équation.

La solution, selon le rapport de l’ASPI, passerait par plus d’automatisation et de ressources dédiées aux systèmes autonomes [sous-marins sans pilote, drones, etc].

« L’un des avantages des systèmes autonomes est de réduire le nombre de personnes nécessaires, car ils peuvent effectuer eux-mêmes une grande partie du travail », fait valoir le rapport.

« Même la marine américaine, la plus grande du monde, semble avoir compris que c’est le seul moyen viable d’atteindre une plus grande masse. Et elle invetit considérablement dans des plateformes sans équipage qui compléteront les navires avec équipage. Les ADF doivent faire de même pour compenser leur manque de masse, pour se doter de nouvelles capacités plus rapidement et peut-être surtout pour éloigner les humains d’un espace de combat de plus en plus meurtrier », explique le document.

Pour rappel, dans le projet de budget adressé par le Pentagone au Congrès, l’US Navy demande une enveloppe de 400 millions de dollars pour financer deux « grands navires de surface sans équipage », affichant un déplacement de 2.000 tonnes. Et elle envisage un programme de 2,7 milliards pour construire 10 autres navires de ce type lors des cinq prochaines années.

« Le technologies dans des domaines tels que l’ intelligence artificielle peuvent être intégrés aux plates-formes existantes pour améliorer leur efficacité. L’industrie et le monde universitaire australiens sont bien placés pour y contribuer – peut-être même mieux que pour exporter des grandes plates-formes finies », insiste le rapport de l’ASPI.

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